"Mythes et meufs", la BD qui rend hommage aux héroïnes de fictions

Diffusé uniquement sur Instagram, "Mâtin, quel journal!" rappelle de bons souvenirs à une certaine génération. Celle qui a connu les grandes heures de "Pilote", le premier magazine BD "pour adultes" publié de 1959 en 1989, sous la houlette de son rédacteur en chef René Goscinny et d'Albert Uderzo, un des initiateurs.

C'est cette publication numérique des éditions Dargaud qui diffusait jusqu'à présent les strips de l'autrice de BD et activiste féministe Blanche Sabbah. Depuis quelques jours, ils sont également publiés en format papier sous le titre "Mythes et meufs", une bande dessinée qui déconstruit la vision stéréotypée des icônes féminines de notre culture.

>> A écouter également, "Mâtin, quel journal! Le journal dessiné de Dargaud sur Instagram :

Des collages contre les féminicides

Avant de collaborer à des BD, l'illustratrice a fait connaître ses dessins humoristiques

sur son compte Instagram "La nuit remue Paris", qui connaît une certaine notoriété en 2020. Le compte de Blanche Sabbah dénombre aujourd'hui plus de 77'000 abonnées et abonnés, un chiffre important que la jeune femme doit notamment à ses collages de textes contre les féminicides dans les rues de Paris.

Sa fibre féministe est aussi présente dans sa BD "Mythes et meufs" dans laquelle elle rend hommage, sous forme de réhabilitation, aux héroïnes de fictions. Blanche Sabbah propose une relecture féministe de ces figures de contes, de textes bibliques ou de dessins animés qui ont nourri notre imaginaire durant l'enfance et qui ont alimenté une image stéréotypée: la marâtre jalouse, la pécheresse dangereuse, l'ingénue...

Une vraie relecture de ces mythes et légendes qui ont souvent été pensés, écrits et véhiculés par les hommes, avec une vision souvent patriarcale de la société. On y retrouve des personnages que nous connaissons toutes et tous comme Blanche Neige, la Petite sirène ou encore Lilith, la reine de Saba.

Déconstruire les mythes

L'autrice déconstruit ces mythes dans des dessins souvent bavards. Le personnage de la Reine des neiges devient une figure qui prône la sororité plutôt que la compétition entre les femmes. Le personnage de Lilith, souvent associé au diable et à une sexualité débridée, devient un symbole de l'insoumission et de l'émancipation.

Le Petit chaperon rouge est imaginé dans la peau de la princesse Mononoké qui chevauche le loup et la marâtre de Blanche Neige essaie de faire un selfie: en se voyant sur l'écran du téléphone, elle se dit "Oh la la, la tronche que ça me fait"...Et la princesse de lui répondre: "Mets un filtre maman!"

Chaque mythe est ensuite complété par un texte explicatif plus développé avec des idées de lectures. Au centre de l'ouvrage, cette question: et si les mythes étaient, enfin, racontés par les femmes?

Sujet radio: Miruna Coca-Cozma

Adaptation web: mh

Blanche Sabbah, "Mythes et meufs", éditions Dargaud