Théo Grosjean, le bédéaste flippé le plus drôle du monde

A la fin de l'année 2018, âgé de 24 ans, Théo Grosjean était déjà l'auteur de "L'Empire du pire" et de "Un gentil orc sauvage", un ouvrage qui lui a valu de remporter le prix Pépite BD au Salon du livre de la presse jeunesse et le Prix de la meilleure bande dessinée de science-fiction au festival Utopiales à Nantes.

Il décide alors de raconter son quotidien fait d'angoisses de tous genres à travers la publication de strips sur Instagram. Le projet de "L'homme le plus flippé du monde" venait de voir le jour.

Trouble d'anxiété généralisé

Au programme, des situations du quotidien que l'on a toutes et tous vécues. Sauf que le héros, alter ego de Théo Grosjean, souffre d'un trouble d'anxiété généralisée. Une maladie qui toucherait 10 à 20 % de la population.

Dans le cas du bédéaste français, cela se caractérise par ce que l'on nomme en anglais l'"overthinking", c'est-à-dire le fait d'être constamment envahi par des pensées qui le handicapent dans la vie de tous les jours. Des pensées le plus souvent négatives et sous forme de remises en question permanentes.

Face au succès rencontré, plus 140'000 abonnés sur Instagram à ce jour, une première BD est publiée chez Delcourt en juin 2020 et une seconde vient de voir le jour. Si dans le premier volume Théo Grosjean s'est attelé à décrire ses angoisses et phobies, il s'attaque au coeur du problème et à ses solutions dans son deuxième opus. Musiques stimulantes, kinésithérapie, révélations sur son histoire familiale, le jeune homme est prêt à tout, mais pour quel résultat?

Raconter l'angoisse par l'humour

Avec sa série "L'homme le plus flippé du monde", Théo Grosjean a réussi le pari de faire rire sur un sujet qui ne l'est pas de prime abord. "Je ne voulais pas en faire un truc trop premier degré, trop larmoyant", explique-t-il à la RTS.

A travers de courtes histoires scénarisées en quelques cases, il raconte des situations somme toute banales qui lui sont réellement arrivées. Comme cette fois où, peu après les attentats de Paris, alors qu'il est assis dans un train, un homme à l'air stressé lui demande s'il peut garder son sac quelques minutes. Théo Grosjean se met alors à imaginer un terroriste et un sac rempli d'explosifs jusqu'au moment où son voisin de compartiment revient avec un billet de transport qu'il avait oublié de prendre.

"J'écris tout ce que je ressens lors d'un événement stressant. Ensuite, je resserre pour ne garder que l'essence de ce sentiment". Une manière d'aller à l'essentiel sans tomber dans la caricature.

Un travail en forme de catharsis

Exposer dans un premier temps ses peurs et ses angoisses sur Instagram a été un choix mûrement réfléchi. "Instagram m'angoisse beaucoup. C'est le réseau social où l'on essaie le plus de se montrer sous son meilleur jour. Je trouvais intéressant de prendre le contrepied et de ne montrer que les côtés négatifs de ma vie", s'amuse le bédéaste.

Un travail en forme de catharsis pour son auteur, mais aussi pour ses lectrices et lecteurs qui peuvent évaluer et comparer leur degré d'anxiété à celui de Théo Grosjean dans des situations similaires. Et tout cela à travers le rire, le plus puissant antistress qui soit.

Interview: Pierre Philippe Cadert

Réalisation web: Andréanne Quartier-la-Tente

Théo Grosjean, "L'homme le plus flippé du monde. Vol 2: Tentatives d'adaptation", Editions Delcourt.