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Mort de Roger Borniche, flic à l'ancienne et auteur de polars

Roger Borniche, flic, détective puis auteur de polars à succès. [Roger-Viollet via AFP - Jacques Cuinières]
Mort de Roger Borniche, flic à l'ancienne et auteur de polars / Le Journal horaire / 18 sec. / le 17 juin 2020
Roger Borniche, policier de l'après-guerre qui s'était reconverti dans l'écriture, est décédé mardi à Cannes à l'âge de 101 ans, a-t-on appris auprès de sa femme Michèle. Certains de ses polars avaient inspiré le cinéma.

Roger Borniche s'était illustré comme policier dans les années 1950, quand il fut l'ennemi numéro un des ennemis publics. Il a raconté dans ses livres la guerre impitoyable qu'il mena à Pierrot le fou, Jo Attia, Emile Buisson ou René la Canne. Il assurait avoir arrêté 567 truands en treize ans de carrière. 

J'ai l'instinct du chasseur et le flair du gibier

Roger Borniche, flic à l'ancienne

Il s'était ensuite reconverti dans l'écriture de romans policiers. Plusieurs d'entre eux ont été adaptés au cinéma, notamment par Alphonse Boudard: "Flic story" (de Jacques Deray, avec son ami Alain Delon, 1975), "Le gang" (de Jacques Deray, avec Alain Delon, 1976), "René la Canne" (de Francis Girod, avec Gérard Depardieu, 1977) ou "L'indic" (de Serge Leroy, avec Daniel Auteuil, 1983).

Ecrire comme on parle

Ses livres, traduits en une vingtaine de langues, étaient écrits rapidement, efficacement: "Je suis un primaire, j'écris comme je parle", disait-il. On lui doit "Le privé", "Le gang", "Le Ricain", "Le gringo", "L'archange", "Le Maltais", "Le boss", "Vol d'un nid de bijoux" (ceux de la Bégum en 1949 à Cannes), "Frenchie: un Français au coeur de la filière californienne". Il a raconté sa vie peu banale dans "Borniche Story" et dans "L'indic".

Ses ouvrages ont connu un immense succès populaire parce que ses héros étaient crédibles, au prix parfois de quelques accommodements avec la vérité historique. Mais on ne s'ennuyait jamais dans ses histoires de bas-fonds, de drogue, de prostitution, de malfrats d'un temps qui semble très lointain aujourd'hui.

Du comique troupier à la police

Roger Borniche était né à Vineuil-Saint-Firmin, dans l'Oise, le 7 juin 1919. Son père, rescapé de Verdun, est peintre en bâtiment. Titi parisien, Roger est d'abord comique troupier en 1937 puis chansonnier au Caveau de la République. Entrant dans la police pour échapper au Service du travail obligatoire (STO), il en démissionne pour ne pas servir Vichy et est réintégré en 1944. Il devient inspecteur de la Sûreté nationale. Il quittera la police en 1956 et deviendra détective privé avant de se lancer dans les romans policiers.

En 1973, il affirmait au terme de cinq entretiens accordés à Pierre Desgraupes dans le magazine Le Point: "De nos jours, il y a la politique qui s'en mêle, les truands soi-disant convertis qu'on recrute pour poser des affiches. C'est devenu une partie terrible et c'est pour ça que je suis content finalement de ne plus être flic".

Sans arme

Parmi ses regrets, figure celui de n'avoir pas arrêté Jacques Mesrine, connu pour des braquages médiatisés et pour ses évasions: "On en a fait un homme à abattre, je considère que cela a été un assassinat (ndr: en 1979, à Paris, la brigade antigang le mitraille de 21 balles. 18 l'atteignent)".

J'ai toujours pensé qu'il fallait prendre les truands vivants et je n'ai jamais porté d'armes. Parce qu'après, ces gens parlent et qu'on apprend des choses.

Roger Borniche, ancien flic devenu auteur de polars

Ce flic à l'ancienne a longtemps habité à Los Angeles, dans une superbe maison où, quand il n'était pas dans sa piscine, il aimait suivre de son salon les arrestations en direct dont sont friands les Américains. Depuis cinq ans, il vivait dans le quartier de la Californie, à Cannes.

ats/mcm

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