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Le film "Foxtrot" porte un regard critique sur l'armée israélienne

Affiche du film "Foxtrot" de Samuel Maoz. [DR]
Le film israélien "Foxtrot", récompensé à Venise, porte un regard critique sur l'armée / Tout un monde / 5 min. / le 24 avril 2018
Récompensé par de nombreux prix, "Foxtrot" de Samuel Maoz, qui sort ce mercredi sur les écrans romands, est un film de guerre qui a créé la polémique en Israël.

Le sujet du dernier film de Samuel Maoz est un drame familial. Celui d'un père dont le fils a été tué durant son service militaire. Avec une photographie extrêmement soignée et une performance d'acteurs extraordinaire, le cinéaste israélien réussit à emporter totalement le spectateur dans cet univers dur et absolument absurde de la guerre.

Colère de la ministre de la Culture

Lauréat de nombreux prix dont le Lion d'Argent au festival de Venise en 2017 et de huit récompenses lors des Ophirs, équivalents des Oscars en Israël, "Foxtrot" a pourtant choqué dans son pays.

En septembre dernier, la ministre de la Culture Miri Regev a même affirmé "avoir honte" que l’académie israélienne loue les mérites d’une œuvre qui "salit l’image de l’armée" de son pays. C'est en particulier une scène qui montre des soldats israéliens tuant des civils palestiniens dans un moment de panique puis cherchant à dissimuler cette bavure qui a provoqué la colère de la ministre.

Une insulte à l'armée?

Interrogé par la RTS lors du dernier Festival International du film de Fribourg, le cinéaste explique: "Je suis un traître parce que ma ministre de la Culture a annoncé, sans l'avoir vu, que le film insultait l'armée. Ça a excité un large public qui n'avait pas vu le film non plus et ils m'ont traité de traître. Personnellement je n'ai pas aimé cette publicité, car je suis sûr que le film aurait fonctionné sans cela. Mais je dois admettre qu'elle a certainement contribué à stimuler le débat public que le film voulait évoquer".

Le fait que je touche à l'armée qui symbolise la libération de nos traumatismes antérieurs a fait de moi un traître pour une grande partie de la société israélienne.

Samuel Maoz, réalisateur israélien

Il faut dire que Samuel Maoz avait déjà créé la polémique en Israël il y a bientôt dix ans, avec son premier film sur la guerre du Liban. Inspiré de sa propre expérience, "Lebanon" décrivait l'expérience de la guerre d'un jeune homme qui n'a jamais été impliqué dans aucun acte de violence que ce soit et qui se retrouve un matin à tuer des gens.

Menaces de coupes de subventions

Malgré le succès du film "Foxtrot" à l'échelle internationale, les pressions ont été relativement fortes depuis sa sortie avec des menaces de coupes dans les subventions pour les oeuvres jugées "anti-israéliennes".

Samuel Moaz craint désormais que les jeunes cinéastes cèdent à l'intimidation du gouvernement et que la liberté d'expression se rétrécisse peu à peu dans son pays.

Sujet radio: Sophie Iselin

Adaptation web: Andréanne Quartier-la-Tente

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