Jean Ziegler sur grand écran dans un documentaire signé Nicolas Wadimoff

On aime ou on déteste Jean Ziegler. En Suisse à tout le moins, chacun a un avis tranché sur le célèbre sociologue, révolutionnaire chevronné qui a connu le Che, et dont l'engagement politique reste immuable depuis des décennies. Avec son documentaire, le cinéaste genevois Nicolas Wadimoff réussit la gageure de ne livrer ni un portrait à charge ni une hagiographie.

Jean Ziegler y apparaît sincère, attachant, très cohérent, mais aveugle et parfois ivre de lui-même. "Il m'énerve, parfois, mais je le respecte beaucoup, explique Nicolas Wadimoff, qui a été son étudiant durant quelques mois à l'Université de Genève. Je voulais faire tomber le masque de cet homme qui est constamment en représentation."

Un portrait entre ironie et empathie

Nicolas Wadimoff a filmé l'infatigable intellectuel (82 ans aujourd'hui) dans sa maison genevoise, aux Nations Unies, à Munich et surtout à Cuba, l'île révolutionnaire que Ziegler affectionne particulièrement. Il y tient parfois des propos très drôles et tout à fait contestables, lorsqu'il dit qu'il approuve la propagande ou qu'il se fout de la liberté de la presse.

>> A écouter l'interview de Nicolas Wadimoff dans "Vertigo" :

Keystone - Christian Beutler

C'est avec sa monteuse Karine Sudan que le cinéaste a travaillé le savant dosage entre l'ironie et l'empathie.

Il fallait que le public s'interroge sur ses propos, sur son aveuglement, mais que le reste de sa pensée reste audible. Mais je ne crois pas que Jean Ziegler soit complètement dupe de la révolution cubaine. Il a cette vision romantique. Il veut y croire, et il y croit parce que c'est beau.

Raphaele Bouchet/ld