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"Guibord s’en va-t-en guerre" de Philippe Falardeau sort dans les salles

"Guibord s’en va-t-en guerre" est à la fois comédie politique et une comédie sur la politique. [Happiness Distribuion]
"Guibord s’en va-t-en guerre", de Philippe Falardeau / Les matinales d'Espace 2 / 6 min. / le 29 juin 2016
Présentée l'an dernier à Locarno, la comédie du Québécois Philippe Falardeau "Guibord s'en va-t-en guerre" sort dans les salles. Le film est à la fois une comédie politique et une comédie sur la politique.

Quand on parle du cinéma québécois, un nom généralement vient à l'esprit: celui de Xavier Dolan, jeune surdoué régulièrement primé à Cannes. Mais le Québec peut réserver d'autres bonnes surprises, à l'exemple de "Guibord s’en va-t-en guerre", une comédie de Philippe Falardeau, présentée l'an dernier au Festival de Locarno et qui sort ce mercredi dans les salles.

Un stagiaire improbable

Dans un style plus classique et moins tape-à-l'œil que celui de son confrère Xavier Dolan, "Guibord s'en va-t-en guerre" est à la fois comédie politique et une comédie sur la politique. On y suit Steve Guibord, député indépendant d'un immense comté situé au nord du Québec, qui va bien malgré lui devenir une personnalité politique de premier plan.

Quand le Parlement canadien doit voter pour ou contre l'envoi de l'armée au Moyen-Orient, il ne manque que le vote de Guibord pour faire pencher la balance en faveur d'un camp ou de l'autre. Steve Guibord est un politicien indécis et sans envergure, mais il a la bonne idée d'embaucher un stagiaire improbable, tout juste débarqué de Haïti, un jeune garçon prénommé Souverain qui lit Montesquieu et cite Rousseau dans le texte. Souverain s’avère d’excellent conseil quand il s’agit de stratégie politique.

Le sérieux traité avec humour

"Guibord s'en va-t-en guerre" tient son rythme de bout en bout, et pose un regard bienveillant sur le politicien et son stagiaire, duo masculin, parfois à côté de la plaque, mais jamais ridicule. Le film fait de la politique un spectacle assez trivial, mais haletant, tout en abordant des questions très sérieuses sous couvert de l'humour - le sort des Indiens par exemple.

Philippe Falardeau se permet surtout un habile renversement des normes, pas seulement en faisant d'un Noir un personnage principal: quand tout Haïti se passionne pour le sort de Guibord, que Souverain raconte via Skype, ce n'est plus nous, Occidentaux, qui regardons un pays pauvre avec condescendance, c'est le pays pauvre qui regarde le Canada avec circonspection et le voit comme une contrée étrange et même tout à fait exotique. Un pays dont la démocratie directe s'enlise parfois dans le fédéralisme. Toute ressemblance avec la Suisse est purement fortuite!

Xavier Dolan nous a tous dépassés

Philippe Falardeau

Au casting, aux côtés de Patrick Huard qui interprète Steve Guibord et de Irdens Exantus qui tient le rôle de Souverain, on retrouve l'actrice Suzanne Clément, qui joue l’épouse de Steve Guibord. Elle était à l’affiche de "Mommy", de Xavier Dolan, Prix du jury à Cannes en 2014. L'occasion pour Philippe Falardeau d'évoquer ce cinéaste de vingt et un ans son cadet, à qui il a demandé de réaliser la bande annonce de son film. L'interview est à voir ici:

Philippe Falardeau
Philippe Falardeau / RTSculture / 2 min. / le 26 juin 2016

Raphaële Bouchet/hof

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