"Love Actually", comédie romantique à la crème anglaise

Grand Format Cinéma

AFP - Archives du 7eme Art

Introduction

Film choral de chassés-croisés amoureux sorti en 2003, "Love Actually" de Richard Curtis accueille la fine fleur du cinéma britannique et américain, Hugh Grant, Liam Neeson, Emma Thompson et Rowan Atkinson en tête. Ce long métrage culte à l'ambiance de Noël est projeté le 1er décembre à la Cinémathèque suisse dans le cadre d'une soirée spéciale.

Chapitre 1
Un film culte de Noël

AFP - Working Title Films / DNA Film

Construit autour de dix histoires distinctes avec pléthore de personnages, "Love Actually" parle au cœur. A tous les cœurs: les très amoureux, les engagés, les amicaux, les familiaux. L’amour qu'on prodigue aux enfants, aux frères qui prennent trop de place, aux amoureux de trop longue date, à ceux dont la sexualité opère un retour de flamme. Et il y a aussi l’absence d’amour, dûe à la mort ou à trop d’habitudes.

Cette comédie romantique a le mérite de faire rêver, sourire, rire, ou pleurer, tout à la fois. Bien reçu à sa sortie, le film se crée, par la force des diffusions et rediffusions, un groupe de fervents admirateurs et admiratrices. Familial, il regroupe tout le monde devant l’écran et on le montre avec plaisir à ses enfants et ses petits-enfants.

"Love Actually", c’est une recette miracle: quelques grammes d’amour dans un monde d’humour. Mais d'humour britannique: et c’est cela qui fait toute la différence.

Affiche du film "Love Actually", sorti en 2003. [AFP - Working Title Films / DNA Film]
Affiche du film "Love Actually", sorti en 2003. [AFP - Working Title Films / DNA Film]

Chapitre 2
La bande originale

AFP - Working Title Films / DNA Film

La bande originale de "Love Actually" pioche dans les classiques de Noël et dans les chansons d’amour. On y trouve Joni Mitchell, Dido, les Sugababes, Justin Timberlake, Norah Jones ou encore les Beach Boys.

Arrangeur de la B.O, Craig Armstrong travaille sur la chanson qui sert non pas de fil rouge mais de point de repère: "Christmas Is All Around", interprété par Bill Nighy.

Il s'agit de la reprise par le vétéran du rock Billy Mack, interprété par le comédien Bill Nighy, d’une chanson de Wet Wet Wet, "Love Is All Around", qu’on entendait dans un autre film écrit par Richard Curtis, "Quatre mariages et un enterrement".

Dans "Love Actually", la chanson est mise à la sauce Noël, avec un clip kitsch et sexiste, mais very british. Bill Nighy est une star ringarde qui espère toujours un come-back. Heureusement pour lui, Joe, son complice et manager historique, œuvre pour son retour au sommet des charts avec "Christmas Is All Around".

"Cette histoire de Billy diffère des histoires d’amour classiques et s’attache à une relation affective qui n’est pas amoureuse, explique le réalisateur de "Love Actually", Richard Curtis. Il m’est venu à l’esprit que lorsque l'on travaille avec quelqu’un, on peut, sans même s'en apercevoir, finir par passer sa vie avec lui. Je voulais me pencher sur ces étonnantes relations, ces complicités qui sont aussi fortes que tous les couples que l'on peut imaginer. Souvent, on passe plus de temps avec ses collègues qu’avec sa famille".

Chapitre 3
Le pape de la comédie romantique

Keystone - NEIL HALL

"Love Actually" est la première réalisation de Richard Curtis, un Anglais romantique jusqu’au trognon. L’auteur-réalisateur, alors âgé de 47 ans, a beau être un débutant derrière la caméra, il est loin d’être un inconnu. On doit à ce grand scénariste "Quatre mariages et un enterrement", "Coup de foudre à Notting Hill" et "Le journal de Bridget Jones". C’est bien simple, Richard Curtis est le pape de la comédie romantique anglaise.

>> A écouter: l'émission Travelling consacrée à "Love Actually" :

Love Actually, film 2003. [AFP - ©Working Title Films / Archives du 7eme Art / Photo12]AFP - ©Working Title Films / Archives du 7eme Art / Photo12
Travelling - Publié le 26 novembre 2023

"J’ai beaucoup écrit sur l’amour, explique-t-il dans les notes d'intention du film. J’ai exploré ses rouages, ce qui le contrarie, ce qui le menace ou le fait naître. J’en ai acquis une sorte d’expérience, une certaine approche de la vie. Lorsque je regarde autour de moi, je vois d’abord des gens qui se cherchent, s’espèrent, se courent après, se déchirent et parfois, s’aiment. C’est à mon sens le principal moteur de la vie, le plus émouvant, le plus puissant, le plus humain aussi. Pouvoir l’observer, en rire et finalement se rendre compte qu’aucune place n’est idéale, aide les gens à se sentir moins seuls, moins fragiles et beaucoup plus joyeux".

C’est peut-être là le secret de Richard Curtis: s’attacher au réel. Car toutes ces histoires d’amour ont leur pendant de tristesse, de peur, d’incertitudes, d’habitudes, de mesquineries.

Pour "Love Actually", il fait le choix de dix histoires en patchwork dans un temps donné, quelques semaines avant Noël. Le principe de simultanéité prend ici une dimension inouïe et parfois frustrante car tous les personnages sont attachants.

Pour le nouveau premier ministre britannique David (Hugh Grant), l'amour prend la forme d’une jolie collaboratrice, Natalie (Martine McCutcheon). Mais il est difficile d’être amoureux quand on est à la tête d’un pays.

Hugh Grant et Martine McCutcheon dans "Love Actually" de Richard Curtis en 2003. [AFP - Working Title Films / DNA Film]
Hugh Grant et Martine McCutcheon dans "Love Actually" de Richard Curtis en 2003. [AFP - Working Title Films / DNA Film]

Pour Jamie (Colin Firth), écrivain au cœur brisé parti se réfugier dans le Sud de la France, il surgira après un plongeon dans une mare. Et peu importe si ni lui ni elle ne parle la langue de l’autre.

L’amour éloigne Karen (Emma Thompson), femme installée dans la vie, quand son mari Harry (Alan Rickman) songe à une autre, d’autant que la maîtresse, Mia, se fait très entreprenante.

L’amour se cache derrière de faux-semblants quand ce meilleur ami (Andrew Lincoln) aurait préféré être autre chose que le témoin du mariage de Juliet (Keira Knightley), celle qu’il aime.

Andrew Lincoln face à Keira Knightley dans "Love Actually" en 2003. [AFP - Working Title Films / DNA Film]
Andrew Lincoln face à Keira Knightley dans "Love Actually" en 2003. [AFP - Working Title Films / DNA Film]

Pour le veuf Daniel (Liam Neeson) et son beau-fils, l’amour se fait complice et musical pour séduire une petite camarade de classe et oublier la mort.

Thomas Sangster et Liam Neeson dans "Love Actually". [AFP - Archives du 7eme Art / Photo12]
Dans "Love Actually", Daniel (Liam Neeson) vient de perdre sa femme Joanna d'une longue maladie, le laissant seul avec son beau-fils Sam (Thomas Sangster). [AFP - Archives du 7eme Art / Photo12]

Quant à cette femme qui adore son collègue, elle est tiraillée par l’amour pour son frère schizophrène qui prend beaucoup trop de place.

Reste encore ce jeune Anglais fringuant qui part séduire aux Etats-Unis ou ce couple de doublure de cinéma porno qui, pendant qu’il garde la pose, nu devant les caméras, se parle d’amour et la rock-star sur le retour et son manager, amis de toujours qui passent Noël ensemble.

Colin Frissell (Kris Marshall) part pour les États-Unis trouver l'amour à Milwaukee, dans le Wisconsin. [AFP - Archives du 7eme Art / Photo12]
Colin Frissell (Kris Marshall) part pour les États-Unis trouver l'amour à Milwaukee, dans le Wisconsin. [AFP - Archives du 7eme Art / Photo12]

L’amour est l’enjeu, mais aussi la source d’innombrables complications. En cette veille de Noël à Londres, ces vies et ces amours vont se croiser, se frôler, se confronter.

Chapitre 4
Casting cinq étoiles

AFP - Working Title Films / DNA Film

C’est la fine fleur du cinéma britannique et américain qui est conviée sur le film dans des chassés-croisés amoureux où sont même mêlés le Premier ministre anglais et le président des Etats-Unis.

Le casting est comme une évidence pour Richard Curtis. Certains sont des collaborateurs de longue date de l’équipe de production, notamment Hugh Grant, Emma Thompson et Rowan Atkinson. Mais il y a en tout vingt-deux personnages à incarner avec pour chacun et chacune, une histoire assez conséquente.

Richard Curtis et Emma Thompson sur le tournage de "Love Actually" en 2003. [AFP - Archives du 7eme Art / Photo12]
Richard Curtis et Emma Thompson sur le tournage de "Love Actually" en 2003. [AFP - Archives du 7eme Art / Photo12]

Cela n’effraie pas le réalisateur: "Une fois que vous avez eu Julia Roberts dans un de vos films, tous les acteurs vous font confiance. D’autant que la plupart de ceux de 'Love Actually' sont de vieux amis. En ce qui concerne Hugh Grant, nous nous sommes disputés. Ça remonte à notre première rencontre. Il ne veut jouer que des mufles et moi je ne lui propose que des rôles de princes charmants".

Au générique, il y a donc Hugh Grant, Liam Neeson, Emma Thompson,  Laura Linney, Alan Rickman, Martine McCutcheon, Bill Nighy, Colin Firth, Andrew Lincoln, Keira Knightley, Billy Bob Thornton et même Claudia Schiffer.

Chapitre 5
Un tournage londonien

AFP - Archives du 7eme Art / Photo12

Le tournage débute le 2 septembre 2002 et se poursuit pendant treize semaines, en studios et en extérieurs dans Londres et ses environs.

On aperçoit ainsi des résidences privées, différents bâtiments d’affaires, une église, une chapelle, le grand magasin Selfridge, une école, une base nautique, le quartier de South Bank et même un champ de courses qui a figuré un aéroport américain. Les scènes d’ouvertures et de fin sont tournées dans le hall d’arrivée de l’aéroport d’Heathrow.

Un endroit que le réalisateur adore: "Je me suis retrouvé un jour dans un aéroport à attendre mes bagages pendant une heure. C’était extraordinaire de voir tous ces visages sombres et ternes qui s’illuminaient soudain quand un proche leur revenait de loin. On pouvait lire la force de leurs relations sur le visage de ces gens. C’est ce genre de vérité que je m’efforce de montrer".

Chapitre 6
La scène de danse

AFP - Archives du 7eme Art / Photo12

Un des moments les plus culte de "Love Actually" est la scène dans laquelle Hugh Grant se trémousse sur "Jump" des Pointer Sisters.

Le comédien, pourtant ami de Richard Curtis refuse de la tourner. "En lisant le script, je me suis dit: 'Ça va être atroce. Ça risque d’être l’une des scènes les plus horribles de l’histoire du cinéma', confie Hugh Grant à ABC News. J’appréhendais le tournage et Richard n’arrêtait pas de dire qu’on ferait mieux de la répéter. Je lui répondais: 'Euh oui, je dois juste apprendre quelques répliques... Ma cheville me fait mal aujourd’hui'. Imaginez, vous êtes un Anglais grincheux de 40 ans, il est huit heures du matin, vous êtes complètement sobre et on vous dit: 'Allez, Hugh, danse comme un fou maintenant'. C’était un véritable enfer".

La force de Richard Curtis: avoir reporté cette scène au dernier jour de tournage. Hugh Grant, coincé par contrat, s’est entraîné chez lui et a même préparé deux ou trois vannes. "Il s’est avéré être un bon danseur, se souvient le réalisateur, sans doute grâce à ses nombreuses virées dans les boîtes de nuit londoniennes".

Chapitre 7
La sortie du film

AFP - GABRIEL BOUYS

"Love Actually" sort juste avant Noël 2003 et le public adore. C’est un vrai succès commercial. La critique aime un peu moins. "Overdose de guimauve", lit-on dans la presse.

La Grande-Bretagne y est fantasmée: il y neige toujours à Noël, les Anglais sont millionnaires et travaillent rarement, leurs amis sont tous diplômés de Cambridge. Quant aux Américains, ils y sont grands, minces et beaux et parlent l’anglais d’Oxford poivré d’accent texan.

Le film devient rapidement un classique des films de Noël, des comédies romantiques qui font chaud partout, qu’on regarde et qu’on regarde encore.

La Cinémathèque suisse le programme le 1er décembre 2023 à 20h30 à la Salle Paderewski de Lausanne. L'occasion d'apprécier une fois encore ce film dont il est difficile de se lasser, tant il trouve la juste mesure entre le rire et les larmes.

Emma Thompson dans "Love Actually" en 2003. [AFP - Archives du 7eme Art / Photo12]
Emma Thompson dans "Love Actually" en 2003. [AFP - Archives du 7eme Art / Photo12]