"La montagne", une fable du silence et du fantastique

Pierre, un ingénieur parisien, se rend dans les Alpes pour présenter son projet de "bras robotisé". Irrésistiblement attiré par les montagnes, il installe un bivouac en altitude et décide de ne plus redescendre. Juché dans les hauteurs, il rencontre Léa, incarnée par l'actrice Louise Bourgoin, et fait la découverte de mystérieuses "lueurs": des organismes vivants qui vont faire glisser le film dans le registre du fantastique.

A travers des plans intimes et visuellement magnifiques, le spectateur découvre une montagne brute et puissante. Les "pierres lumineuses" représentent de manière métaphorique la matière vivante qui a vécu bien avant l'arrivée de Pierre et qui continuera de vivre après son départ.

Entre réalisme et merveilleux

Après "Vincent n'a pas d'écailles" en 2015, le réalisateur français Thomas Salvador revient avec un long métrage qui fait preuve d'un équilibre habile entre réalisme et merveilleux. "Je fais des films très intimes, pudiques, dans lesquels il y a peu de dialogues. Le fantastique permet des créer des raccourcis avec les sensations et de parler du rapport de l'homme à la nature sans devoir le souligner par la parole", a-t-il confié à la RTS.

Une histoire d'amour prosaïque

A plus de 3'000 mètres d'altitude, Pierre s'accorde au monde différemment et la temporalité de l'univers d'en bas n'est plus la sienne. Avec la découverte de l'espace de la montagne, du silence et de la nature, il devient alors maître de son temps.

Un phénomène qui lui permet de réapprendre à vivre, à regarder ce qui l'entoure avec un regard neuf, à être curieux, mais aussi à tomber amoureux.

Le personnage de Léa, incarné par Louise Bourgoin est en avance sur Pierre, car elle a déjà réappris à vivre dans les hauteurs. D'une certaine manière, elle est donc la seule à le comprendre.

Loin des clichés et des idées reçues, le couple vit une histoire d'amour simple, profonde et prosaïque. Une romance qui naît grâce au mouvement d'éloignement singulier, pour ne pas dire "fuite", de Pierre du monde dit "civilisé".

Propos recueillis par Rafael Wolf

Adaptation web: Layla Shlonsky

"La montagne" de Thomas Salvador, à voir actuellement dans les salles romandes.