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A Cannes, une Palme d'or coréenne pour la première fois

Bong Joon-ho et Catherine Deneuve au Festival de Cannes. [Keystone - Vianney Le Caer]
"Parasite" du Sud-Coréen Bong Joon-ho remporte la Palme d'or / Le Journal de 22h30 / 1 min. / le 25 mai 2019
Lors du 72e Festival de Cannes, le jury présidé par Alejandro Iñarritu a décerné sa très convoitée Palme d'or à Bong Joon-ho pour son film "Parasite". Les Dardenne ou encore l'acteur Antonio Banderas sont également récompensés.

Ce n'est pas une surprise. Avec les films de Terrence Malick ou Pedro Almodovar, "Parasite" faisait partie du lot des quatre ou cinq palmes possibles de cette très brillante 72e édition.

Plébiscité par la critique autant que par le jury, le film raconte l'histoire d'une famille de miséreux qui s'infiltre chez des très riches. C'est une fable cinglante, à suspense, dont les trouvailles de mise en scène ne cessent de surprendre.

Après le Japonais Hirokazu Kore-eda l'an dernier, Cannes récompense donc à nouveau un grand auteur asiatique, et ce prix donne la tonalité générale d'un palmarès hanté par les injustices de classes. 

De nombreux prix décernés

Face à une pléthore de bons films, le nombre de prix décernés trahit peut-être une mésentente ou des débats nourris. Exemple, les deux Prix du jury ex aequo. Le premier revient aux "Misérables", du Français Ladj Ly, qui pend le pouls d'une banlieue dévastée avec un souffle et une énergie rares, le second à "Bacurau", des Brésiliens Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles, dystopie fantastico-politique d'un ennui abyssal – et seule véritable faute de goût du palmarès.

Le jury a aussi inventé un nouveau prix, une mention spéciale en fait, créée spécialement pour le Palestinien Elia Suleiman, dont le conte burlesque et poétique "It Must Be Heaven" se retrouve comme un invité de dernière minute, sur un discret strapontin. Parce que tout de même, il eût été indécent de l'ignorer.

Quatre femmes en compétition, trois prix

Les femmes, elles, était quatre en compétition. Trois sont primées, dont un Grand Prix pour "Atlantique", de la Franco-Sénégalaise Mati Diop, remarquable premier film. Céline Sciamma remporte un petit Prix du scénario pour son incandescent "Portrait de la jeune fille en feu" qu'on aurait souhaité voir hissé plus haut.

Quant à l'Anglaise Emily Beecham, elle rafle l'interprétation féminine pour le brillant mais anecdotique "Little Joe", de Jessica Hausner, au nez et à la barbe de nombreuses prétendantes, Virginie Efira en tête, inoubliable en psy névrosée dans "Sibyl", de Justine Triet.

Des habitués de marque absents du palmarès

Pour le reste, on notera l'absence d'habitués de marque, comme Terrence Malick, Abdellatif Kechiche, Quentin Tarantino, Ken Loach ou Xavier Dolan. Les Dardenne, eux, qui ont déjà eu tous les prix et même deux Palmes d'or, sont venus chercher le Prix de la mise en scène qui leur manquait pour un film qui n'en méritait peut-être pas tant, "Le Jeune Ahmed".

Un pincement au cœur, enfin. Pedro Almodovar, qui repart bredouille et n'aura sans doute jamais la Palme qu'il mériterait. Antonio Banderas, son acteur fétiche, est primé quasiment à sa place pour son rôle dans le bouleversant et virtuose "Douleur et Gloire".

Il y interprète le double du cinéaste et, sur la scène du Grand Théâtre Lumière, n'a d'ailleurs pas manqué de lui dédier son prix. On ne peut contenter tout le monde. C'est la règle du jeu d'un palmarès. Mais parfois, elle est d'une cruelle ironie.

Raphaële Bouchet

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