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Dans l'exposition "Instinct Animal" au Locle, les animaux font leur art

John Drysdale, Boxing Kangaroo Hitting a Paparazzi for Trying to Photograph Him, 1967. [MBAL - ©John Drysdale Voller Ernstour-planet, Berlin.]
Animalia / Vertigo / 5 min. / le 5 février 2024
Drôle, triste ou surprenante, "Anima Instinct/Instinct Animal", nouvelle exposition du Musée des Beaux-Arts du Locle (NE), propose au public de regarder le monde par la perspective animale. A voir jusqu’au 25 février.

Imaginez une salle dans laquelle sont alignés de somptueux tableaux du XIXe siècle, représentant des pâturages avec vaches. Une vision idyllique de la campagne interrompue par un écran montrant une scène cocasse filmée par l’artiste néerlandais Erik Kessels. Le public découvre un photographe bovin tentant de faire tenir la pose à une vache rebelle. Il demande de l’aide à d’autres personnes pour raisonner l’animal, qui résiste.

Le ton de l’exposition "Animal Instinct/Instinct Animal" au Musée des Beaux-Arts du Locle jusqu'au 25 février est donné. Au travers d’œuvres contemporaines, d’installations et de vidéos, le public découvre les différentes facettes du rapport entre les humains et le monde animal.

Les animaux s'expriment

Parmi les artistes exposés, l’Italien Emilio Vavarella collecte des vidéos d’animaux filmés par des caméras perdues ou oubliées dans son court métrage "Animal Cinema". "Dans ce cas-là, ce sont des animaux qui ont soit volé, soit se sont retrouvés à proximité d’une caméra perdue. D’une façon ou d’une autre, ils ont décidé de l’activer, explique Federica Chiocchetti, directrice du musée, dans l'émission Vertigo du 5 février. Nous nous rapprochons ainsi de la perspective des animaux à travers un outil très technologique qui ne fait pourtant pas partie de leur vie. Ce qui est drôle, c’est que la caméra perdue était encore connectée à l’ordinateur de son propriétaire. Il recevait donc automatiquement les images! Il les a publiées sur YouTube et l’artiste les a découvertes. Il a ensuite décidé d’en faire un film."

D’autres œuvres de l’exposition sont réalisées par les animaux eux-mêmes. "Muzoo", le zoo et musée basé à La Chaux-de-Fonds, propose, dans le cadre de cette exposition au Locle, un projet dans lequel le public peut admirer des peintures réalisées par des serpents, des oiseaux, un sanglier fougueux et des loutres.

Une des photos exposées dans "Animal Instinct/Instinct Animal", Musée des Beaux-Arts du Locle. [Courtesy - Emilio Vavarella / Galleriapiu]
Une des photos exposées dans "Animal Instinct/Instinct Animal", Musée des Beaux-Arts du Locle. [Courtesy - Emilio Vavarella / Galleriapiu]

Les animaux et la guerre

Une autre artiste, la Polonaise Marta Bogdanska, s’intéresse à l’usage des animaux par l’armée durant les guerres dans son projet baptisé "Shifters". Ainsi, des portraits de nazis avec leur chien flaireur se mélangent aux tableaux animaliers. "C’est une autre façon de raconter les guerres à travers le filtre des animaux exploités. Par exemple, les images des pigeons photographes ne se trouvent pas dans les livres d’histoire, mais elles sont très importantes. Nous avons invité Marta Bogdanska à s’immerger dans nos collections et à choisir des œuvres qui lui parlaient pour créer une installation inédite", précise Federica Chiocchetti.

Toujours dans le thème de la guerre, mais aussi de l’actualité, l’artiste et vidéaste basé à Zurich Roman Selim Khereddine s’intéresse au sombre sort des animaux des zoos bombardés de Gaza.

Sujet radio: Florence Grivel

Adaptation web: Myriam Semaani

"Animal Instinct/Instinct Animal", Musée des Beaux-Arts du Locle, jusqu’au 25 février 2024.

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