Les magistrales mégapoles de Willem van Genk à la Collection de l'art brut

L'artiste d'art brut hollandais Willem van Genk (1927-2005) a dessiné Tokyo, Rome, Paris, Madrid, Copenhague et bien d’autres villes encore comme vous ne les avez encore jamais vues. Agitées et animées de détails, elles sont représentées dans des perspectives spectaculaires. On y découvre la vie dans la ville, la vie sous la ville, métropolitaine, les villes exprimant la modernité, l’envahissement des technologies, les enseignes lumineuses, le bruit électrique, les moyens de transport qu’affectionne l’artiste néerlandais, bus, métro ou encore zeppelin.

Ses panoramas urbains virtuoses, en particulier, sont captivants. Il y a du dessin, du collage, du dessin dans le collage, et plus on regarde, plus on est saisi par la quantité de détails. Abyssal et prodigieux!

A partir de déchets

L'artiste campe une double position. Ses oeuvres expriment à la fois la fascination pour ce monde en mouvement et en même temps la frénésie de la consommation de masse et de la société de consommation. Ses sculptures ou collages, comme ses maquettes de bus par exemple, sont réalisés à partir de déchets, emballages de médicaments, cannettes de coca, ampoules électriques ou encore morceaux de plastique.

Un parcours chaotique

Willem van Genk est né en 1927 aux Pays-Bas et a vécu une enfance traumatique, comme souvent les auteurs d’art brut. Seul garçon d’une famille de dix enfants, il perd sa mère à l’âge de quatre ans. Très tôt, il présente des troubles du comportement et commence à dessiner pour s’échapper de sa condition difficile.

À la suite de perquisitions de la Gestapo au domicile familial, il développera une fascination secrète pour le pouvoir. Placé dans un orphelinat jusqu'à l'âge de treize ans, il s’installe ensuite à La Haye où il suit des cours de dessin technique. Il ira même travailler dans une agence de publicité qui le renverra parce qu'il ne parvient pas à s’adapter. Un itinéraire chaotique alors même que toute personne qui le voit dessiner est subjugué par ce qu’il sait faire. Finalement, Willem van Genk sera accueilli dans un atelier pour handicapés mentaux à la Haye.

>> A regarder, le reportage du 19h30 sur cette exposition magistrale :

Cet artiste hors du commun se savait talentueux. "Willem van Genk était totalement incapable de se dessaisir de ses oeuvres, ce qui va lui jouer des tours puisque la vente de ses créations sera compliquée. Il se sent faire partie d'univers artistique, néanmoins on le catalogue très vite, dès sa première exposition monographique en 1961, comme un artiste en marge, avec un handicap. Cette étiquette lui collera à la peau toute sa vie", explique Pascale Jeanneret, commissaire de l'exposition.

Sujet radio: Florence Grivel

Adaptation web: mh

Willem van Genk, "Mégalopolis", Collection de l’art brut à Lausanne jusqu’au 27 juin.