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"Les évadés du Spitzberg", comme une BD radiophonique

Les évades du Spitzberg
JONAS POOL
RTS [RTS - Jonas Pool]
Les évades du Spitzberg / Le labo / 56 min. / le 29 octobre 2017
Quatre artistes romands embarquent en résidence sur un voilier qui les mène au coeur de l'Océan Arctique. Tout se passe bien jusqu'à ce que leur capitaine se révèle fou et sadique. Un vrai-faux reportage produit par "Le Labo" sur Espace 2.

Que peut la radio? Elle peut tout. Ou presque. C'est le pari de "Le Labo" qui explore toutes les formes de l'art radiophonique. Documentaire ou fiction. Mais aussi, plus original, documentaire et fiction.

Résidence flottante d'artistes

C'est le cas des "Evadés de Spitzberg" qui part d'une réalité existante: les résidences d'artistes au coeur de l'océan Arctique que propose l'Association MaréMotrice. L'idée est d'embarquer sur un voilier, le Knut, trois ou quatre créateurs pour qu'ils puissent documenter artistiquement le milieu polaire, en complément de l'approche scientifique.

La durée d'un résidence varie entre trois et quatre semaines. Et comme le bateau, 15 mètres seulement, n'a pas d'atelier, les artistes voyagent léger et mettent en forme leur travail plus tard.

Cinquante nuances de noir

Quelles sont les vraies couleurs d'une aurore boréale? Quels sons produisent les glaçons qui s'entrechoquent? Comment graver les 50 nuances de noir de l'océan de nuit? Que faire avec du bois flotté? Voilà quelques-unes des questions que se posent les résidents face à cette nature dont la majesté rend humble.

Emmener des artistes en mer, sur des îles ou autour des icebergs comporte une particularité: c’est leur métier de sentir le lieu et ce qui s’y passe, c’est leur métier de transmettre ce qu’ils voient et vivent, au niveau sensitif, émotionnel

Benjamin Ruffieux, navigateur et organisateur de résidences d'artistes

L'intérêt est de répéter ces résidences chaque année, avec d'autres artistes, pour témoigner des changements survenus chaque année.

Les artistes embarqués

Le dernière expédition a été organisée à mi-chemin entre la Norvège et le Pôle Nord, autour de lʹîle du Spitzberg, haut lieu de la chasse à la baleine au XIXe siècle. La graveuse Marylaure Décurnex, la plasticienne et dessinatrice Laure Akkash et le guitariste Steve Fragnières en faisaient partie, ainsi que Jonas Pool, auteur de documentaires sonores, de reportages et de fictions radiophoniques.

Un capitaine sadique

C'est son travail, avec la complicité des trois autres artistes et de Benjamin Ruffieux qui jouent leur propre rôle, que l'on entend dans "Les évadés de Spitzberg", pièce radiophonique et vrai-faux documentaire qui commence tout doux pour finir en mutinerie.

Il faut dire que le capitaine devient de plus en plus sadique au fil des jours, mettant les artistes dans des situations dangereuses ou cruelles, pour faire sortir les artistes de leur zone de confort.

La mer, c'est comme une grand scène de théâtre mais sans public. Ici, les artistes doivent produire du vrai et de l'authentique. Si tu penses au public, tu fais un produit de consommation

Benjamin Ruffieux, capitaine du Knut, qui joue le rôle d'un capitaine qui devient fou

Pour capter l'attention

A l'arrivée, "Les évadés du Spitzberg" ressemble à une sorte de film d'horreur ou de BD sans images mais avec sons: on visualise les dangers, on entend la plainte des artistes, on sursaute à des bruits effrayants et on est scandalisé par le comportement tyrannique du capitaine. La démarche est un peu confuse mais révèle son potentiel: au lieu de diminuer, notre attention monte en crescendo de minute en minute.

Marie-Claude Martin

"Les évadés du Spitzberg" - écriture, reportage et prise de son: Jonas Pool / Une production Le labo sur Espace 2.

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