La ballade "exubérante et colorée" avec la mort pour les Moriarty

Sorcière, diable, vengeance ou amitié dans l'au-delà ("Diamonds never die") parsèment "Epitaph", le nouvel album de la bande de Moriarty.                                       

Le groupe, qui reconnaît souvent aborder la mort, a tenu à un résultat lumineux plutôt que funèbre. Pour éviter l'ambiance d'outre-tombe, le collectif a puisé du côté du maloya, la musique réunionnaise, pour pimenter son folk.

Nommé Moriarty en référence à Dean Moriarty, un des protagonistes de "Sur la route" de Jack Kerouac, le groupe constitué de 6 compères aux origines française, américaine, suisse et vietnamienne multiplie les références littéraires tout au long des titres.

Une épitaphe "exubérante et colorée" 

Le roman de Mikhaïl Boulgakov "Le Maître et Marguerite" a inspiré directement quatre chansons à Moriarty, dont le très entraînant "When I Ride", une histoire de vengeance au-delà de la mort.           

On retrouve également un hommage à l'amante de Kafka morte dans les camps de concentration ("Milena") ainsi qu'à la poétesse autrichienne Ingeborg Bachmann, qui a péri dans l'incendie de sa chambre d'hôtel en 1973.

Le groupe voulait parler du trépas de manière exubérante et colorée, avait indiqué le guitariste Stephan Zimmerli sur la RTS fin 2014. Romantique, littéraire, énergique et déjanté, cet "Epitaph" réveillerait un mort.

La renaissance de Beth Hart     

La vie de Beth Hart n'a pas été un long fleuve tranquille. Alors quand la chanteuse aux accents blues-rock sort "Better than Home", on peut se réjouir.  

Révélée par le hit "LA Song (Out of this Town)" en 1999, la Californienne a bien failli disparaître des radars au début des années 2000 en raison de ses problèmes de drogue. Celle qui avait déjà perdu sa soeur aînée, malade du sida, à 20 ans avait ensuite dû se faire traiter pour troubles bipolaires.

Hart s'était rappelée au souvenir du public européen en 2011 avec "Don't Explain", un album de reprises avec le guitariste Joe Bonamassa.

Beth Hart un peu plus optimiste

Beth Hart a voulu faire un album plus optimiste que ses précédents opus. "Je n'ai pas peur et je ne suis pas seule, je ne chasse pas le fantôme du passé",  explique-t-elle sur la chanson titre.                                      

Le tout sonne déjà comme un classique bien huilé, porté par la voix habitée de la Californienne. Bémol, l'excès de vibrato rend l'écoute lassante.      

La musique peut ressembler à une jolie fille avec laquelle vous passez la nuit, mais si elle n'a rien à dire, vous ne la rappelez pas, image Hart dans Rolling Stone. On ne lui fera pas cet affront, mais peut-être restera-t-on simplement bons amis...

Sinsemilia rêve toujours d'"Un autre monde"   

Sinsemilia joue des cuivres et de la guitare reggae depuis 24 ans. L'occasion pour les Grenoblois de faire un "Flashback" un brin nostalgique en ouverture de leur huitième album "Un autre monde est possible".           

Groupe engagé (réécouter "Bienvenue en Chiraquie"), Sinsemilia récidive avec "Tu n'es qu'une m..." (inspiré de l'attitude de Gérard Depardieu). Parlant d'environnement, des droits des femme et des abus de pouvoir, le groupe assume son statut d'"Illuminé". L'album se clôt sur un sobre "Respire", entre  espoir et désillusion, comme autrefois "Tout le bonheur du monde".

Caryl Bussy