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Après plus de 20 ans d'attente, les Pixies sortent un cinquième album

Black Francis (au premier plan) et Joey Santiago lors du Coachella Festival le 12 avril 2014. [Chris Pizzello/Invision/AP]
Black Francis (au premier plan) et Joey Santiago lors du Coachella Festival le 12 avril 2014. - [Chris Pizzello/Invision/AP]
Vingt-trois ans après "Trompe le Monde", les mythiques Pixies sont de retour avec "Indie Cindy". En vieux loup de mer, Miossec évoque quant à lui l'amour et la mort dans "Ici-bas, ici même".

23 ans! Les fans des Pixies auront en effet dû attendre 23 ans pour découvrir la suite de "Trompe le Monde", quatrième album du groupe américain. Le nom de ce nouvel opus tant espéré? "Indie Cindy".

Cette galette - en réalité une compilation de trois EP enregistrés en 2012 et sortis récemment - bénéficie d'un lancement parfaitement orchestré. Concert très médiatisé au Coachella Festival, tournée mondiale, presse spécialisée inondée d'articles et d'interviews: commercialement, le coup est parfait!

Une légende intacte malgré des ratés

Dès les premières secondes du premier morceau de l'album, "What Goes Boom", on reconnaît le style caractéristique de Pixies, dont la voix emblématique de Charles "Black Francis" Thompson.

Accompagnés d'une nouvelle bassiste, Paz Lenchantin (qui remplace Kim Shattuck, qui elle-même avait pris la place de Kim Deal), les trois membres fondateurs restants, au crâne désormais bien dégarnis, déroulent 12 titres souvent bien sentis, mais sans fantaisie. Mention spéciale pour "Green and Blues", taillé pour la scène, et pour les très pixiesques "Bagboy", "Magdalena 318" et "Silver Snail".

Le clip de "Magdalena 318":

"Indie Cindy" comporte néanmoins quelques ratés, notamment dans sa deuxième partie, et ne contient aucun tube incontournable, aucune chanson qui ne semble indispensable dans la carrière du quatuor de Boston.

Artistiquement, "Indie Cindy" est un album en demi-teinte, qui n'arrive pas à rivaliser avec son efficacité commerciale. Relativisons toutefois: plus grande est la légende, plus forte est l'attente. Et à cette aune, les Pixies réussissent malgré tout à confirmer leur statut de groupe mythique.

Miossec de retour en vieux loup de mer

A bientôt 50 printemps, dont près de 20 ans de carrière, Christophe Miossec a le visage buriné par le temps. Une gueule de vieux loup de mer, en somme. La faute à une vie d'excès, de boisson. A un "mauvais virus" aussi, comme il le mentionne dans plusieurs interviews.

Le Breton a bien changé depuis "Boire". A l'époque trentenaire en pleine crise d'adolescence, Miossec - sobre depuis quatre ans - a peu à peu mis sa verve de côté, mais a conservé sa nostalgie et le goût pour la poésie et les beaux textes. Cette évolution trouve son accomplissement dans "Ici-bas, ici même", le neuvième album du musicien français.

Le clip de "On vient à peine de commencer":

De "qui nous aime?" à "tout baigne"

"Qui nous aime? Ici-bas, ici même", susurre Miossec. Comme auparavant, le parolier évoque toujours l'amour. Mais, marqué par plusieurs décès dans son entourage, il parle aussi beaucoup de la mort et du temps qui passe.

Les 11 titres du disque font une large place à la musique. Piano et cordes accompagnent parfaitement la voix grave de Miossec, servent les textes parfois graves, parfois légers, souvent drôles.

Du début à la fin, la galette s'écoute avec plaisir. Miossec réussit à captiver sans tomber dans le pathos ni l'esbroufe. Et de clôturer l'album sur une note optimiste: "tout baigne!"

John Frusciante se perd dans l'électro

Guitariste de génie à l'esprit torturé, John Frusciante a connu la gloire avec les Red Hot Chili Peppers, de 1989 à 1992 puis de 1998 à 2009. A côté de cela, il a participé à nombre de projets et a signé pas moins de 14 albums solos.

Son univers habituel varie entre folk et rock psychédélique. Depuis quelques années, John Frusciante s'est toutefois aventuré - fourvoyé, serait-on tenté de dire - dans le domaine de la musique électro.

Dernier accident faisant suite à ce fâcheux détour, "Enclosure" est un album brouillon, dénué d'intérêt. Les percussions masquent tout, la guitare, la voix, l'émotion. On se prend à rêver d’un nouveau virage à 180 degrés.

Didier Kottelat

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Ben Harper, Ellen Harper, "Childhood Home" (2 mai)

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50 Cent, "Animal Ambition" (30 mai)

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Uriah Heep, "Outsider" (6 juin)

L'info musicale de la semaine

La légende vivante du rock Chuck Berry et le metteur en scène Peter Sellars, tous deux américains, ont remporté mercredi le prix suédois Polar Music Prize.

À 87 ans, l'auteur-compositeur et guitariste peut se targuer d'avoir influencé les plus grands groupes pop et rock des années de 60, des Beatles aux Beach Boys en passant par les Rolling Stones.

Son colauréat, Peter Sellars, est "l'incarnation vivante de tout ce que représente le Polar Music Prize", "en mettant en avant la musique et en la présentant dans un nouveau contexte".

Âgé de 56 ans, le metteur en scène est célèbre pour ses interprétations avant-gardistes et parfois provocantes des chefs-d'oeuvre classiques.

Les vainqueurs gagnent la somme d'un million de couronnes (111'000 euros) et recevront le prix des mains du roi de Suède, Carl XVI Gustaf, à l'occasion d'une cérémonie officielle qui se tiendra le 26 août à Stockholm.

Le Polar Music Prize a été fondé en 1989 par Stig Anderson, aujourd'hui décédé. Celui-ci était l'éditeur, le parolier et le directeur du groupe pop mythique ABBA.

Remis chaque année depuis 1992, le prix a aussi été remporté par des personnalités comme Paul McCartney, Elton John, Peter Gabriel, Patti Smith, Ennio Morricone, Pierre Boulez ou Youssou Ndour.