L'écrivain Alain Robbe-Grillet n'est plus
L'écrivain français Alain Robbe-Grillet, considéré comme "le pape du nouveau roman", est décédé lundi à l'âge de 85 ans, a-t-on appris auprès de l'Académie française.
L'écrivain avait été hospitalisé pour un problème cardiaque.
Alain Robbe-Grillet est décédé au Centre hospitalier universitaire
de Caen, dans l'ouest de la France, où il avait été admis durant le
week-end.
Né le 18 août 1922 à Brest, Alain Robbe-Grillet est l'auteur de
plusieurs dizaines de livres, dont "Les gommes" (1953). Ecrivain et
cinéaste, enseignant aux Etats-Unis, il fut dans les années
1950-1960 une des figures de proue du "nouveau roman" autour des
Editions de Minuit.
Elu le 17 mars 2005 à l'Académie française, il n'avait pas
prononcé son discours de réception et n'avait jamais siégé sous la
Coupole.
Vingtaine d'oeuvres littéraires
Il a signé une vingtaine de romans, essais, nouvelles et
fictions à caractère biographiques, dont «Le Voyeur» en 1955,
«Djinn en 1981 et «La Reprise» en 2001.
Il a aussi travaillé pour le cinéma, d'abord sur le scénario de
«L'Année dernière à Marienbad» réalisé par Alain Resnais en 1961.
Il a réalisé une demi-douzaine de films dont «Trans-Europ-Express»
en 1966, «Glissements progressif du plaisir» en 1974 et «C'est
Gradiva qui vous appelle» en 2006.
Deux chefs-d'oeuvre
Chefs-d'oeuvre de Robbe-Grillet, «Les Gommes» (1953) et «Le
Voyeur» (1955) illustrent de façon virtuose le mouvement de travail
sur l'écriture du nouveau roman. Ils confrontent le lecteur à un
récit qui lui échappe.
Le premier présente une intrigue policière dans laquelle la
psychologie est bannie. Dans le second, les descriptions sont
infiniment reprises afin de révéler une réalité énigmatique et
troublante.
Pour Alain Robbe-Grillet, l'auteur doit «voir le monde qui
l'entoure avec des yeux libres». Il présente la thématique de la
violence (érotisme et sadisme) comme «le matériau mythologique» de
l'existence quotidienne.
Inlassable provocateur, l'écrivain a encore agité le monde des
lettres avec son dernier livre, «Un roman sentimental» paru à
l'automne 2007. L'ouvrage était protégé d'un plastique empêchant de
le feuilleter en librairie. Dans ce récit qu'il présente comme «une
sorte de conte de fée pour adultes», Alain Robbe-Grillet dévoile
des fantasmes pédophiles et criminels.
agences/kot/cer
Publié
Le nouveau roman, conscient de lui-même
Le nouveau roman est un mouvement littéraire des années 1950-1970, regroupant quelques écrivains appartenant principalement aux Éditions de Minuit.
Le terme fut créé, avec un sens négatif, par le critique Émile Henriot, pour critiquer le roman "La Jalousie" d'Alain Robbe-Grillet.
Repoussant les conventions du roman traditionnel, tel qu'il s'était imposé depuis le XVIIIe siècle et épanoui avec des auteurs comme Honoré de Balzac ou Émile Zola, le nouveau roman se veut un art conscient de lui-même.
La position du narrateur y est notamment interrogée : quelle est sa place dans l'intrigue, pourquoi raconte-t-il ou écrit-il?
L'intrigue et le personnage, qui étaient vus auparavant comme la base de toute fiction, s'estompent au second plan, avec des orientations différentes pour chaque auteur, voire pour chaque livre.
source: Wikipédia.
Hommage de Jacques Chessex
Réagissant à ce décès, le Prix Goncourt suisse Jacques Chessex s'est dit très attristé.
«Ce qui lui plaisait dans le cinéma c'était de pouvoir réaliser ses fantasme de femmes esclaves et torturées», a-t il dit.
«Il y a un sadisme assez évident dans sa littérature comme dans ses films.»
Pour le romancier vaudois «c'était un homme très brillant, il débordait de drôlerie. C'était un écrivain inventif et passionné de cinéma.»