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François Schuiten, jeune retraité de la BD, en vedette à la Maison d'Ailleurs

L'invité de La Matinale (vidéo) - François Schuiten, dessinateur et architecte belge co-créateur des ‘’Cités obscures’’
L'invité de La Matinale (vidéo) - François Schuiten, dessinateur et architecte belge co-créateur des ‘’Cités obscures’’ / La Matinale / 11 min. / le 13 novembre 2019
Créateur de la série de bande dessinée Les Cités obscures avec Benoît Peeters, le dessinateur François Schuiten est la vedette d'une exposition qui s'ouvre dimanche à la Maison d’Ailleurs d'Yverdon. Jeune retraité, il n'exclut pas totalement un retour à la BD.
L'affiche de l'exposition Mondes (im)parfaits à la Maison d'Ailleurs [Maison d'Ailleurs - DR François Schuiten]
L'affiche de l'exposition Mondes (im)parfaits à la Maison d'Ailleurs [Maison d'Ailleurs - DR François Schuiten]

Invité dans La Matinale de la RTS mercredi, le dessinateur, architecte et scénographe belge François Schuiten est le créateur, avec Benoît Peeters, de l'univers mystérieux de la BD Les Cités obscures, qui brille de l'éclat du succès depuis les années 80. Lui au dessin, Peeters au scénario.

Avec le directeur de la Maison d'Ailleurs Marc Attalah, il est le co-concepteur de l'exposition "Mondes (im)parfaits. Autour des Cités obscures de Schuiten et Peeters" qui s’ouvre dimanche pour une année dans le musée yverdonnois de la science-fiction, de l'utopie et des voyages extraordinaires.

"Le projet est né d'un désir de Marc Attalah d'organiser, de structurer le monde des Cités obscures entre utopie et dystopie", explique François Schuiten. On y verra des planches originales, qui dialoguent avec les oeuvres de trois artistes suisses et avec des dispositifs technologiques imaginés par la Haute école d'ingénierie et de gestion (HEIG) du canton de Vaud.

"Secouer les images" pour voir ce qu'elles ont à dire

"Il y a un travail sonore, des images qui se transforment. C'est l'image dans tous ses états. On a essayé de tirer, de secouer les images pour voir ce qu'elles avaient en elles", illustre le dessinateur. "C'est un vrai plaisir de partir en voyage avec des regards nouveaux, avec des jeunes qui ont des techniques, des outils différents et qui dialoguent avec vous".

On est des raconteurs d'histoire, on a besoin de choses plus sombres pour donner de la lumière

François Schuiten

L'exposition met l'accent sur le couple utopie (monde futur idéal) - dystopie (futur sombre) qui traverse l'univers de la série. "Cette dimension est en nous. Le monde des Cités obscures est vraiment un monde de contrastes, toujours avec une dimension très onirique et une dimension plus noire. On est des raconteurs d'histoire, on a besoin de choses plus sombres pour donner de la lumière", révèle son auteur.

"Une société hantée par une dimension de fin du monde"

"Ce rapport utopie-dystopie est vraiment très intéressant aujourd'hui", poursuit François Schuiten. "On est dans une société un peu hantée par une dimension 'fin du monde'. C'est intéressant de resituer ces visions apocalyptiques ou paradisiaques. On est traversés par elles depuis si longtemps! Aujourd'hui, on est un peu plus dans la version noire, mais on reviendra très vite, j'espère, à un regard et une vision plus positive de notre monde", ose-t-il croire.

C'est avant tout le long terme qui l'intéresse dans l'utopie. "C'est ce qui permet de révéler où nous en sommes dans notre capacité à nous projeter. Quel est le monde que nous voulons, comment on l'imagine? Ce qui me frappe aujourd'hui, c'est à quel point les choses vont vite. On est rattrapés. On perd le temps de se rêver et de rêver notre monde. C'est cette dimension là qu'il faudrait élargir".

Pas envie qu'on copie son style

Après avoir dessiné une aventure de Blake & Mortimer parue en juin 2019, François Schuiten a annoncé qu'il arrêtait la BD, même s'il n'exclut pas totalement d'y replonger un jour. "Le monde change. Il faut savoir ce qu'on a encore à dire d'important pour couper des arbres et remplir des librairies! Je me suis demandé si je ne commençais pas à travailler un peu mécaniquement. Il faut que je me nettoie, que j'aille sur d'autres territoires, que je me perde, que je réapprenne pour peut-être revenir à la BD".

Le monde change. Il faut savoir ce qu'on a encore à dire d'important pour couper des arbres et remplir des librairies!

François Schuiten
Le premier tome des Cités obscures [Casterman - DR]
Le premier tome des Cités obscures [Casterman - DR]

Au contraire de Zep, qui avait révélé sur le même plateau qu'il ne souhaitait pas qu'un autre auteur poursuive les aventures de Titeuf, le dessinateur des Cités obscures n'est pas opposé à ce que la série continue après sa mort. "Mais je n'aurais pas envie qu'on copie mon style", prévient celui qui s'est affranchi des codes graphiques d'Edgar P. Jacobs et de ses normes scénaristiques dans son tome de Blake & Mortimer, qui se déroule à une époque bien plus tardive que celle dans laquelle évoluaient jusqu'ici les protagonistes.

>> Lire à ce sujet : "Après ma mort, personne d'autre que moi ne dessinera Titeuf", confie Zep

"J'ai trouvé que je lui rendais peut-être plus hommage si je gardais mon 'écriture'. Pour citer Batman, ce qui est magnifique, c'est que les auteurs des reprises ont réinventé, toujours en confrontant le personnage au monde d'aujourd'hui, aux difficultés et aux angoisses de notre époque".

Propos recueillis par Xavier Alonso
Adaptation web: Vincent Cherpillod

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