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Chappatte rassemble les caricaturistes libanais

Chappatte a déjà lancé des projets similaires en Serbie et en Côte d'Ivoire.
Chappatte a déjà lancé des projets similaires en Serbie et en Côte d'Ivoire.
A l'initiative du caricaturiste Patrick Chappatte, les plus grands journaux libanais ont publié cette semaine et pour la première fois une série commune de dessins politiques. Berne a soutenu cette action, qui donnera lieu à une exposition en juin lors du festival Morges-sous-Rire.

"L'humour permet de traiter des thèmes sérieux sans qu'ils ne
paraissent trop sérieux", a indiqué Patrick Chappatte à Beyrouth
lors du vernissage de l'exposition qui rassemble les oeuvres de
huit caricaturistes libanais.

Une opération de trois jours

Durant trois jours, des journaux libanais de toutes affiliations
ont publié pour certains une page entière de caricatures. Les
dessins portaient notamment sur la polémique récurrente entre la
majorité gouvernementale et l'opposition, le mariage civil qui
n'existe toujours pas au Liban, le règne des clans ou les
contraintes confessionnelles.



Le caricaturiste de mère libanaise, qui publie notamment ses
dessins dans Le Temps, voulait sortir ses collègues libanais de
leur quotidien afin qu'ils portent un autre regard sur leur pays.
Ainsi, l'exposition est aussi accessible à un public étranger et
sera montrée en juin lors du festival d'humour
Morges-sous-Rire.

Quelques difficultés aussi

Chappatte a déjà lancé des
projets similaires en Serbie et en Côte d'Ivoire. Le Département
fédéral des affaires étrangères (DFAE) en a eu vent et a décidé
d'approfondir la collaboration avec le caricaturiste
quadragénaire.



L'ambassade de Suisse à Beyrouth a été la première à faire part de
son intérêt pour un tel projet. Il n'a pas toujours été facile de
convaincre les journaux libanais de sa faisabilité, a déclaré
l'ambassadeur François Barras dans son discours lors du vernissage
de l'exposition.



Ce qui a compté en priorité pour lui: la première collaboration
officielle entre des caricaturistes libanais et la célébration de
la liberté de la presse. A cet égard, le Liban est une exception au
Proche-Orient.

Un bilan plutôt positif

Certains thèmes sont tabous et certaines lignes rouges ne
doivent pas être franchies. Mais au Liban, il est parfois difficile
de voir où elles se trouvent, estime Chappatte, qui dessine aussi
pour l'hebdomadaire zurichois NZZ am Sonntag et le quotidien
britannique International Herald Tribune.



Le caricaturiste suisse tire toutefois un bilan positif du projet.
"Les résultats et les échos au sein de la population ont montré que
nous avons atteint notre objectif de présenter avec des dessins
politiques des thèmes d'une manière dont il n'est habituellement
pas possible de le faire", conclut-il.



ats/cer

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Caricaturiste, un métier difficile

Comme la majorité des médias est contrôlée par des partis politiques, les journalistes libanais sont souvent soumis à des pressions.

Il n'est par rare que les politiciens ou les rédacteurs en chef interviennent auprès des caricaturistes.

Stavro Jabra, qui travaille pour les journaux Al Balad et Daily Star, dit avoir déjà changé six fois d'emploi car les rédacteurs en chef et les propriétaires des journaux voulaient influencer son travail.

Il a aussi été malmené parce qu'il était le seul à dessiner régulièrement le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah.