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Sur le bout des langues: L’énigme des expressions identiques

Sur le bout des langues - L’énigme des expressions identiques
Sur le bout des langues - L’énigme des expressions identiques / RTSculture / 3 min. / le 3 décembre 2018
"Les chiens ne font pas des chats", c’est ce que l’on dit en français quand un enfant ressemble à ses parents. A l’autre bout du monde il existe la même expression, avec quelques variations. Qui a copié qui? Décryptage avec la chronique linguistique animée d'Anna Lietti.

Les similitudes entre langues proches, c’est quelque chose qui nous est familier. En italien on dit "le fils du chat attrape des souris", en roumain "le hibou ne couve pas de rossignol" en espagnol "les parents chats font des minets", et en arabe "le fils du canard est bon nageur".

Même comparaison avec les animaux, même structure logique de la phrase: cette ressemblance nous rappelle combien les langues d’Europe et du bassin méditerranéen sont liées par une histoire entremêlée quand elles ne sont pas carrément de la même famille.

Par contagion

Dans le livre "Les expressions du monde" de Jean-Pierre Bregnard (Ed. l'Age d'Homme) on découvre  des similitudes avec des langues nettement plus exotiques.En chinois on dit "le père tigre n’aura pas de fils chien" et en vietnamien "les dragons naissent des œufs de dragon".

Comment ces dictons sont-ils passés d’une culture à l’autre? De quelle manière ont-il voyagé par-delà les océans? Jean-Pierre Bregnard pense qu’ils n’ont pas voyagé du tout.

Il y a bien sûr, dit-il, des expressions qui se ressemblent par contagion, comme entre langues européennes.

Mais il y a aussi celles qui sont nées, aux quatre coins du monde, indépendamment les unes des autres, par génération spontanée: simplement parce qu’elles traduisent une expérience humaine fondamentale. Ainsi, dans tous les pays où s’est développée une agriculture, la langue a généré une expression du type "a la racine de…".

Observer la nature

De fait, quand on observe les tournures identiques entre langues très éloignées, on s’aperçoit qu’elles ont le plus souvent à voir avec les animaux et les plantes. Et on comprend ce qu’il y a d’universel dans la naissance d’une expression: en tous temps, en tous lieux, l’homme a observé la nature et s’en est inspiré pour trouver le mot-image qui concrétise ses pensées.

Voilà pourquoi, entre ici et tout là-bas, certaines manières de dire se ressemblent comme deux gouttes d’eau.

Anna Lietti/mcc

>> Un nouvel épisode disponible chaque lundi, jusqu'au 17 décembre sur le site de Bon pour la tête et RTS Culture.

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