Signature : Roger, ce faux modeste

Sacré Roger. Il vient à nouveau de surprendre son monde. Lʹair de rien. Il a annoncé pudiquement quʹil participerait au tournoi de Rotterdam. Il lʹaime bien, dit-il, ce tournoi ou il a de bons souvenirs. Et il se réjouit de participer aux célébrations du 45ème anniversaire du tournoi. Sympa Roger. Presque touchant. On lʹaime tellement quʹon est prêt à y croire.
Mais bon, je sais bien quʹil est intouchable Roger. Moi aussi je lʹadmire et jʹen suis fier. Cʹest le plus beau joyau de lʹHelvétie. Mais bon, nous ne sommes pas obligés dʹêtre naïf et béat en permanence. Si le Maître participe au petit tournoi de Rotterdam, cʹest uniquement par calcul. Parce quʹil a une chance unique de redevenir numéro 1 mondial. Il suffit dʹarriver en demi-finale pour cela. Il a donc toutes les chances dʹêtre au top dans 15 jours !
Il a beau dire depuis des mois que redevenir numéro 1 ne fait pas partie de son plan de carrière, quʹil cherche à se faire plaisir et à gagner encore quelques grands chelems. Mine de rien, il en crève dʹenvie. Et même sʹi ne le dit pas, cʹest bien cela qui le motive en ce moment. Et lʹopportunité se présentant avec la blessure de Nadal, il va le faire. Il a beau dire que cʹest pour les 45 ans du tournoi, ce nʹest pas vrai. Federer va à Rotterdam pour écrire encore une fois lʹhistoire : devenir le plus vieux no1 de lʹhistoire du tennis. Tant quʹà faire, il nʹa plus beaucoup de possibilités de réussir des coups. Il a tout gagné, battu tous les records. Alors, préparons-nous à célébrer un nouvel exploit de notre Roger national. Dont on louera encore sur tous les tons, le génie et la modestie. Pour le génie, cʹest incontestable. Pour la modestie, cʹest une imposture. Federer a le talent de le paraître, modeste, ce qui nʹest pas la même chose. Et au fond, on le lui pardonne. Roger se veut modeste. Lʹami de tous. Federer lui est ambitieux et calculateur. Et cʹest la conjonction des deux qui fait de notre idole un extraterrestre. Un numéro 1. Le Maître quoi.
Par Jean-Marc Béguin
Chaque semaine, un regard pertinent ou impertinent sur notre société et son actualité.