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La gauche est condamnée à être plus vertueuse que tout autre, que ça lui plaise ou non. Et son cadre légal, c’est la morale, et non la loi. Une loi bien moins contraignante que les principes qu’elle s’est elle-même fixée en matière de possession et d’acquisition. Les affaires Kiener-Nellen sur l’optimisation fiscale et Leutenegger sur les résidences secondaires viennent de le rappeler fort à propos au Parti socialiste. Car, par principe, on doit faire ce qu’on dit. D’autant qu’une grande partie de son discours se fonde sur un socle moral que ses représentants aimeraient justement transformer en normes légales. Faute de réunir une majorité, la gauche est toutefois condamnée à lutter avec des principes plutôt qu’avec des règles. Cette posture éthique est d’ailleurs pour la gauche, un très bon fonds de commerce, qu’elle aurait tort de brader. C’est même en actionnant la veine moralisatrice que le PS a boosté son discours ces dernières années. Avec des combats toujours gagnants en termes d’électeurs reconquis. Notamment sur le secret bancaire ou les forfaits fiscaux. Mais attention, la gauche ne doit surtout pas oublier que la morale c’est d’abord une question de comportement. Elle devrait donc arrêter de critiquer ceux parmi les siens qui jouissent de richesses. Elle pourrait même les mettre en avant. Pour autant bien sûr que ceux-ci fassent un usage réellement vertueux de leur fortune. Car en réalité, quoi de plus exigeant et moral que de lutter contre ses propres intérêts et ses réflexes de classe? Laetitia Guinand
Laetitia Guinand: la gauche a mal à sa morale