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Les conditions de détention à Champ-Dollon ne respectent pas les standards minimaux de la Convention européenne des droits de l'homme. Une situation d'entassement qui, à n’en pas douter, a contribué aux violences de la semaine dernière dans les geôles genevoises. Un comble pour Genève, siège du CICR. Et la réponse politique à cette situation n'est pas digne d'un canton qui se veut capitale des droits de l'homme. Séparation des pouvoirs oblige, le conseiller d’Etat Pierre Maudet a certes pris acte du jugement du Tribunal fédéral. Mais il ne s’est pas arrêté là. L'homme qui se plaît à incarner un certain sens de l'Etat n'a pas hésité à verser dans le populisme crasse en estimant que c'était le monde à l'envers. Que l'on prenait des prisonniers pour des victimes. Que ces criminels avaient souvent infligé eux-mêmes des "traitements dégradants et inhumains" à leurs victimes - sous-entendu les "vraies" victimes. Sauf que les prisonniers de Champ-Dollon y sont, en principe, à titre préventif. Et, jusqu'à jugement du contraire, ils devraient être présumés innocents. Et même s’ils étaient déjà reconnus coupables, l’Autorité ne peut se permettre de galvauder la sécurité des prisonniers. Le détenu est privé de sa liberté par la société. Son intégrité physique et psychique doit donc être garantie par l'Etat. Sous d’autres cieux, les mauvais traitements infligés en prison relèvent de la torture. Tenter de justifier les conditions qui règnent à Champ-Dollon plutôt que de tenter d’y remédier, c’est en prendre le chemin. Dans ce sens, il est particulièrement indécent d'invoquer la souffrance des victimes pour justifier celle des prisonniers. Car justice n'est pas vengeance. Le discours de Pierre Maudet conforte hélas ceux qui refusent de voir cette différence. Jordan Davis
Jordan Davis: un homme d'Etat doit allier fermeté et dignité