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1500 logements construits aux Vernets au cœur de Genève: le projet défendu par François Longchamp ne peut que susciter l’enthousiasme dans une ville qui manque cruellement de logements, et en particulier de logements sociaux. Ce satisfecit immédiat ne doit pourtant pas occulter le revers de la médaille de cette décision: la construction de ces logements se fera au détriment d’un projet autrement visionnaire, celui d’un centre qui aurait accueilli les grands noms de la recherche genevoise, des scientifiques exceptionnels, des nobélisables, et qui aurait pu faire de Genève un des centres mondiaux de la physique. A 60 kilomètres de là, à Lausanne, l’EPFL bénéficie d’un soutien sans faille du politique. L’habileté de communication du patron de l’école polytechnique y est sans doute pour beaucoup. Le campus lausannois et son Learning Center ont de quoi faire pâlir de jalousie les occupants des bâtiments vétustes de la Faculté des sciences genevoise. Mais de ce côté-ci du lac, l’Université peine à faire reconnaître le niveau indiscutable de sa communauté scientifique. Bien sûr la construction de logements bon marché est politiquement plus rentable qu’un centre pour chercheurs à la poursuite d’exoplanètes, de la plus petite particule de la matière ou de la téléportation quantique. Mais la pénurie de logements ne saurait être l'unique étalon auquel mesurer tout projet à Genève. Gouverner c'est certes répondre aux besoins criants de la population, mais gouverner c’est aussi prévoir et on peut, parfois, rêver d’un état visionnaire. Sylvie Lambelet