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Bruno Podalydès apporte un nouveau souffle au personnage de Bécassine

Michel Vuillermoz et Emeline Bayart dans le film de [UGC distribution - Anne-Françoise Brillot]
Le cinéaste Bruno Podalydès signe une comédie bucolique avec "Bécassine" / La Matinale / 1 min. / le 20 juin 2018
Le film de Bruno Podalydès qui sort ce mercredi, inspiré des albums de bande dessinée de "Bécassine", apporte un souffle nouveau à ce personnage à la fois célèbre et oublié.

D’elle, on se souvient de la coiffe et de la robe verte. Mais les albums de "Bécassine", personnage créé en 1905 par l’écrivaine Jacqueline Rivière et le dessinateur Émile-Joseph Pinchon, sont depuis longtemps tombés en désuétude. Contrairement à "Tintin", qui lui doit pourtant beaucoup, Bécassine n’est plus un must dans les bibliothèques d’enfants.

Bruno Podalydès, cinéaste féru de bande dessinée, n’a que peu lu les albums de Bécassine dans sa jeunesse. "C’est un personnage au statut étrange, explique-t-il. Il me restait le souvenir d’une Bécassine cocardière et anti-Boches. Et elle a cette réputation de plouc naïve et de paysanne mal dégrossie. Or, dans les albums, on ne la voit jamais travailler aux champs et elle ne porte jamais de sabots."

Comédie douce contre les clichés

Le film, donc, va contre les clichés qui collent aux basques du personnage. Et pour adapter les albums à l’écran, le cinéaste s’est surtout imprégné de la beauté des dessins de Pinchon, qui ont d’ailleurs beaucoup influencé Hergé "sans qu’il en fasse mention". "Les albums de Bécassine sont attirants pour leur côté pérenne, c’est un territoire d’enfance où on se sent protégé."

Et voilà Bécassine parachutée dans l’univers de Bruno Podalydès, celui de la comédie douce, burlesque et délicate. "Bécassine" – le film – raconte le destin d’un jeune fille de la campagne qui rêve de visiter Paris. La Tour Eiffel, pourtant, restera un mirage. A quelques pas de chez elle, elle est engagée comme nounou par la marquise de Grand-Air (Karin Viard) et son ami Monsieur Proey-Minans (Denis Podalydès, frère du cinéaste, qui joue dans tous ses films) pour tenir compagnie à la petite Loulotte (Maya Compagnie).

Liberté dans l'écriture des personnages

Bruno Podalydès a pris beaucoup de libertés dans l’écriture des personnages. "Bécassine a le bon sens pratique, la naïveté et l’émerveillement. Elle fait corps avec le vent dans les arbres, avec la nature autour d’elle, mais elle n’est pas tout à fait inscrite dans l’ordre des choses."

On est donc loin, dans son film, de la stupide boniche restée dans les esprits. Car jamais Bruno Podalydès ("Adieu Berthe", "Comme un avion") ne se moque de ses personnages. Sa Bécassine (Emeline Bayart, merveilleuse) a certes une lecture littérale du monde, mais elle est astucieuse, aimante et profondément généreuse.

Raphaele Bouchet/olhor

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Bécassine, symbole intouchable

Quelques indépendantistes bretons ont appelé au boycott de "Bécassine" – et ce sans avoir vu le film. Sans doute ne connaissent-ils pas la subtilité du cinéma de Bruno Podalydès, qui revendique des "films de paix, sans grand conflits, parce que, dans un scénario, l’adversité à tout prix a quelque chose de démagogique." Bruno Podalydès a même dû être escorté par deux policiers lors des avant-premières bretonnes. "Comme ils n’ont pas vu le film et refusent de le voir, le débat est impossible."

Le cinéaste explique le rejet du film: certains Bretons ont un "rapport équivoque à Bécassine", devenue tantôt la Bretonne résistante, tantôt un symbole touristique imprimé sur des mugs, tantôt la Bretonne humiliée, représentant ces 100'000 femmes qui ont dû quitter leur campagne pour aller travailler en ville. "Dans tous les cas, c’est un personnage auquel il ne faut pas toucher. Mais elle n’est pourtant qu’un personnage de papier! Parfois quand on m’en parle, j’ai l’impression qu’il s’agit de Jeanne d’Arc!"