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Henri Salvador a fait ses adieux à la scène

Henri Salvador laisse derrière lui une carrière de 75 ans
H.Salvador a chanté ses classiques dans la bonne humeur
"Faut rigoler", comme il l'a chanté tant de fois. C'est dans de grands éclats de rire que Henri Salvador, âgé de 90 ans, a fait ses adieux à la scène vendredi soir devant 3000 spectateurs au Palais des Congrès de Paris

Le vieux monsieur a conclu son dernier concert par son
célébrissime sketch du gin, qu'il faisait "déjà avant Jésus
Christ". Oubliés les 90 ans: un enthousiasme de gamin l'animait
lorsqu'il a mimé l'ivresse, faisant s'esclaffer les quelque 3000
spectateurs.

Pas de larmes cette fois

"C'est une déchirure que de vous quitter", a-t-il tout de même
lancé avant que le rideau se referme et que, d'un geste, il fasse
comprendre qu'il était trop fatigué pour de longs rappels, malgré
l'ovation debout.



Son avant-dernier concert, le 26 octobre salle Pleyel, s'était
achevé sur des sanglots d'émotion. Celui de vendredi était au
contraire placé sous le signe de l'humour mordant dont il a souvent
joué durant ses 60 ans de carrière.

Carla et Sarko moqués

En évoquant un mot d'encouragement "que (lui) a envoyé +Sarko+",
il met sa main à cinquante centimètres du sol et lâche, devant un
public hilare: "Il est allé chercher Carla Bruni qui fait trois
mètres! Il ne peut lui embrasser que les genoux".



Il donne aussi dans l'autodérision. Gêné par un chat dans la gorge
durant "Le loup, la biche et le chevalier" (le vrai titre d'"Une
chanson douce"), il glisse des "Il est temps que j'arrête" et
autres "Il est cuit, Salvador". "Je vois pas ce truc", rigole-t-il
alors qu'il a du mal à distinguer le prompteur devant lui.

Une série de classiques

Avant "Le lion est mort ce soir", il explique: "En américain, ça
s'appelle de la money music! J'en ai fait une tonne". Et une fois
le célèbre refrain terminé, il s'exclame: "+Owim Bowé+, tu parles
d'une connerie!" "Ca, ça fait manger!", avoue-t-il après avoir
enchaîné avec "Le travail c'est la santé" et "Zorro est
arrivé".



D'autres classiques défilent, comme "Dans mon île", qui avait
contribué à la naissance de la bossa nova au Brésil à la fin des
années 50, "Syracuse", ou "Avec le temps" de Léo Ferré.



Ils sont précédés de chansons de son dernier album, "Révérence"
(allusion à ses adieux à la scène), dont "La vie c'est la vie" qui,
dans sa bouche, sonne comme un défi au temps: "La vie, faut la
vivre jusqu'à en crever!"



afp/tac

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Une voix de crooner jazzy

Henri Salvador est aussi un crooner fou de jazz. Même si elle n'a plus son lustre d'antan et malgré les outrages des ans, sa voix reste suave et connaît un net regain de vigueur sur les morceaux jazzy les plus dynamiques, comme ce "Blouse du dentiste" écrit avec Boris Vian dans les années 50.

Son sens du swing est toujours là. Elégant dans un ensemble blanc et un blazer bleu, il est accompagné par neuf musiciens (piano, cuivres, batterie, guitares...).

A portée de main trône un verre de bordeaux ("Un p'tit vin qui pète pas plus haut que son cru!") qui l'aide à chasser ses chats dans la gorge.

Humour noir

Henri Salvador a aussi rappelé qu'il était le plus âgé des chanteurs français: "Aznavour a 83 ans, Chevalier est mort à 84, Trenet à 86 ou 88. Il n'y a que Jeanne Calment qui m'ait battu, mais elle chantait comme une enclume!"

Signe de son goût pour l'humour noir, il avait demandé à Laurent Baffie de dire quelques mots d'introduction au début de la soirée. Avant le lever de rideau, Baffie a conseillé aux spectateurs de "laisser leur portable allumé pendant le concert pour appeler le Samu" en cas de malaise du nonagénaire, ce qui a sans doute dû bien faire rire ce dernier avant qu'il ne tire son ultime "Révérence".