Naïma, Suissesse de 24 ans, doit négocier ses sorties avec ses parents d’origine marocaine. Vijitha, dont les parents, immigrés du Sri Lanka, a eu de la peine à les convaincre de son choix de ne pas épouser un Tamoul. Vjona, 18 ans, ne se sent pas toujours comprise par ses parents qui l’élèvent comme une Albanaise. Astor, 17 ans et noir de peau, né à Bienne, aux parents venus d’Angola, raconte la crudité des surnoms qu’il utilise avec ses potes black et métis, sans une once de racisme. C’est la Suisse des « secondos », dite franchement et sans détour, celle de jeunes à la fois tiraillés et renforcés par leur double identité.
Bon à savoir:
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« Mes parents avaient très peur que je devienne Suisse, que je vive comme une Suissesse », nous raconte Vijitha. Elle est née à Bâle, mais ses parents, eux, sont venus du Sri Lanka avec leurs références, leurs modèles. Ils souhaitent qu’elle épouse un Tamoul et ne la comprennent pas quand elle décide de vivre avec un Suisse, sans être mariée de surcroit. « C’est un tiraillement que je ressens tous les jours », nous confie Naïma. A 24 ans, les sorties sont limitées, ses parents qui viennent du Maroc sont ancrés dans des traditions qui l’étouffent. Ils craignent de voir se dissoudre dans le bain helvétique leur culture d’origine. Un déchirement pour la jeune femme qui veut vivre ici selon ses choix.
« J’arrive à comprendre comme une personne noire peut penser et une blanche aussi, donc pour moi c’est un avantage », explique Astor. Il a 17 ans, il est né à Bienne, ses parents sont venus d’Angola. Il porte sur lui ses origines africaines alors que l’Afrique, il n’y a jamais été. Il raconte ce que c’est pour lui d’être un Suisse à la peau noire. Originaires du Kosovo, Vullnet et Migjen sont nés à Lausanne. Leur double appartenance, ils en ont fait un atout et passent d’une culture à l’autre avec légèreté malgré quelques contradictions. « Les règles de là-bas ça marche là-bas, alors il faut s’adapter aux règles d’ici », témoigne la mère de Vjona, 18 ans. Pourtant la jeune fille ne se sent pas comprise de ses parents et se sent élevée comme une albanaise ! Des portraits qui composent une ballade à travers l’Helvétie d’aujourd’hui et qui interrogent l’identité suisse.
Générique
Un reportage de Myriam Gazut et Sarah Perrig
Image : Patrice Cologne Son : Mathilda Angullo Montage : Maya Schmid
Pour aller plus loin sur ce sujet
"Le droit d’être Suisse"
De Brigitte Studer, Gérald Arlettat, Regula Argast
Édition Antipodes, Lausanne, 2013
"Joue-la comme Beckham"
De Gurinder Chadha