En quelques années, la société russe a opéré un virage à 180 degrés. Le passage brutal du communisme au capitalisme a pris de court la majorité de la population. La journaliste Thérèse Obrecht a été longtemps correspondante de la TSR à Moscou. Dix ans après son retour en Suisse, elle revient dans ce pays en mutation pour voir comment les Russes qu'elle avait rencontrés pour ses reportages ont supporté cette véritable révolution.
Nous sommes à Moscou en 2004. Cela fait dix ans déjà que Thérèse Obrecht a quitté la Russie. Cette partie d'elle-même qu'elle a vu vivre et souffrir durant toutes ses années de correspondante et dont elle a conté les joies et les peines. Aujourd'hui Poutine a remplacé Eltsine et remis un semblant d'ordre. Après une décennie, comment se porte cette démocratie naissante ?
Pour le savoir, Thérèse Obrecht part à la rencontre de ces personnages, parfois devenus des amis, qui représentaient chacun à sa manière l'après perestroïka du début des années 90. Sacha, le journaliste engagé est devenu rédacteur en chef d'un magazine sur les automobiles de luxe. Lev, l'ingénieur dans l'aérospatiale, est gardien dans un centre sportif. Nina, sa professeur de russe de l'é poque, est jeune retraitée, mais continue à enseigner pour vivre. Valentina, après 40 années passées dans les usines de tricotage d'Etat, est devenue femme de ménage. Alexei, le lieutenant-colonel, a quitté l'armée. Jorg, l'embaumeur, est entré dans le privé et devenu directeur de pompes funèbres.
Toutes et tous illustrent et expliquent les grandes évolutions de leur patrie. Le déclin de la presse, le déclin scientifique de la grande Russie, faute de budgets, l'explosion du marché de l'a utomobile de luxe et de l'immobilier, la vision très optimiste des jeunes étudiants, les rares manifestations pro-communistes des anciens, le système militaire et la Tchétchénie, l'emprise des politiciens sur le développement économique du pays, la fracture sociale et, surtout, la corruption omniprésente.
Ce reportage de Temps Présent montre comment la Russie tente de refaire un siècle de retard.
Certains ont compris ces changements et ont adhéré à l'idée qu'il faut se battre pour réussir. Les autres se fondent dans une passivité politique et sociale et semblent s'accommoder de ce régime autoritaire.
Dans un pays où tout va très vite, les contradictions des temps nouveaux bousculent les certitudes du passé égalitaire. Et la démocratie est remise à plus tard.
Générique
Un reportage de Stéphane Goël et Thérèse Obrecht