L'une est une jeune femme pétillante capable de mettre autant de passion au bout de son pinceau de restauratrice d'art que sur la pointe de sa chaussure de rugby. L'autre est un homme bien décidé à faire revivre la dernière layetterie du Haut-Jura français, dans laquelle il fabrique ces anciens petits meubles à tiroirs destinés autrefois à ranger les vêtements de bébé. Quant aux présentations au fil du Rhône, nous voici enfin parvenus au bout du parcours, treize émissions plus tard, là où le fleuve se jette dans la Méditerranée, du côté de Port-Saint-Louis-du-Rhône.
Au-dessus de la mêlée
Stéphanie Galloni est le genre de fille capable de mettre autant de passion et de précision au bout de son pinceau de restauratrice d’art que sur la pointe de sa chaussure de rugby. Ensorcelée par Léonard de Vinci dès son enfance, nourrie aux contes et légendes par son papa, la jeune Valaisanne de 23 ans a très vite trouvé le moyen de marier son amour des grandes épopées avec celui des grands espaces.
Sa maturité en poche, elle entre à l’école de restauration d’art à Berne et pour parfaire son suisse allemand s’inscrit au club féminin de rugby de sa ville d’adoption.
Seule romande à ses débuts, la voilà 4 ans plus tard un des piliers d’une équipe bilingue qui ne ménage pas ses efforts pour faire vivre un championnat où les femmes ne font pas légion. Mais la vraie passion de Stéphanie, ce sont les moutons. Durant l’été 2014, elle vivra 4 mois durant dans une ferme, dans les Highlands écossaises. A l’occasion de ce reportage, cette polyglotte occupée à restaurer l’aile gauche du palais fédéral, va s’offrir quelques jours de congé à Glasgow histoire d’assister à la rencontre de football mythique entre les Rangers et le Celtic. Quand l'indépendante forcenée rencontre les indépendantistes, la bière coule à flot!
Un reportage de Manuella Maury
En plus...
L'hiver au bois
Bruno n’est pas du genre à faire les choses à moitié, il n’a pas hésité à changer radicalement de vie pour reprendre le dernier atelier de layetterie du Haut-Jura français à Lajoux. La layette? Un vêtement pour bébé? Non, un meuble à tiroirs très ancien qui a donné son nom aux petits habits rangés à l’intérieur. Sensible, enthousiaste, chaleureux, Bruno va passer son premier hiver dans l’atelier et faire revivre cet artisanat du XIXème siècle, une époque où l’activité manufacturière servait de complément hivernal à la vie agricole.
Baigné par l’histoire artisanale et industrielle du Jura français et suisse, Bruno travaille le bois depuis son enfance. Établit à Grenoble avec son cabinet d’architecture et sa famille, il craque littéralement lorsqu’il apprend que le dernier atelier de layette est à reprendre depuis plus de cinq ans et qu’il risque de disparaître définitivement! Fini les gros chantiers, les ordinateurs et les plans 3D!
Depuis août 2014, Bruno tente de retrouver les gestes et techniques d’autrefois pour construire en épicéa local ce meuble destiné depuis les années 1800 aux ateliers d’horlogerie ou de lunetterie dans le monde entier! "Par rapport à passer sa vie dans une voiture ou devant un ordinateur ça change… j’ai plus mal au dos!" Seul pendant la semaine, sans confort ni eau chaude, il dort dans cet atelier où la température descend régulièrement à zéro degré! C’est une vie plus simple mais pleine de sens pour Bruno, qui songe déjà au jour où il transmettra cet atelier, pour que l’histoire du pays se poursuive.
Un reportage de Jérôme Porte