Le Dopage. [Fotolia - Focus Pocus LTD]

Signature : les dopés et les hypocrites

Ça devait arriver et cʹest arrivé. Dans les premiers jours des Jeux Olympiques de Pyongcheang, un patineur japonais a été exclu des jeux pour avoir pris un produit diurétique considéré comme masquant. Deuxième épisode peu après… un joueur de hockey sur glace slovène fut contrôlé positif à un broncho-dilatateur. Au début de cette semaine… un Russe cette fois, joueur de curling (ne riez pas) aurait pris une substance qui accroît la vascularisation du cœur. Mais comment ça? Un Russe ? Lui dont le pays a été officiellement banni des Jeux après les révélations de Sotchi sur un dopage dʹétat ? Et qui évoluait donc sous la bannière des athlètes olympiques de Russie, celle des bons élèves certifiés ? Mais quel scandale mon bon monsieur ! Quel scandale…
Ce furent, schématiquement résumés, les commentaires que lʹon a pu lire et entendre ces derniers jours dans les médias et au bistrot du coin.
Et si le scandale nʹétait pas là ? Mais plutôt dans lʹhypocrisie coupable dont les spectateurs et organisateurs de sport continuent de faire preuve ? Pardon, mais un athlète dʹélite convaincu de dopage est un parfait non-événement. Non pas quʹils soient tous dopés, certains choisissent de ne pas le faire, mais le biais de lʹaugmentation artificielle des performances est consubstantiel à lʹesprit de compétition. Prétendre le contraire est au mieux un vœu pieu, au pire une volonté marketing ou politique dʹinjecter de la vertu là où elle ne peut pas être. Regardez ! Nous attrapons les tricheurs, nous faisons passer un message positif… balivernes… car combien de ces tricheurs entre guillemets nʹont-ils pas été attrapés ou protégés par les fédérations ?
Il faut une fois pour toutes en finir avec ce système type miroir aux alouettes, qui nous donne à voir un flicage permanent des sportifs, des contrôles pas toujours fiables et des excuses bidon. La limite ne devrait pas être celle - très arbitraire - de la loi antidopage, mais celle de la santé. Contrôlons très précisément les produits qui mettent en danger les athlètes, surveillons les doses, les provenances, le mode dʹinjection… quitte, oui, à interdire certaines substances. Mais arrêtons de punir celles et ceux qui participent à ces jeux du cirque dont nous sommes les spectateurs complices.
Ou alors… autre piste… partons vivre dans cette petite région isolée du nord de la Malaisie, où des chercheurs suédois ont récemment découvert une nouvelle tribu dans laquelle la violence entre personnes est bannie, et ou les parents encouragent leurs enfants à ne pas faire de compétition. Leur langage, jamais entendu jusque-là ne comporte pas de mots pour loi, tribunal, voler, acheter et vendre.
On peut rêver ?
Par Simon Matthey-Doret
Signature : les dopés et les hypocrites