Quel petit garçon n’a pas entendu son père lui dire «soit un homme mon fils»? Si les femmes, depuis une cinquantaine d’années, ont changé leur condition à force de lutte pour l’égalité, les hommes et leurs fils ont parfois bien du mal à se situer. On reproche souvent tout et son contraire à un homme aujourd’hui : trop macho, pas assez viril, trop dirigiste, trop mou, pas assez connecté à ses émotions, etc. Bref, de quoi rendre l’homme du nouveau millénaire un peu paumé face à un modèle viril éculé. Les scientifiques se sont beaucoup intéressés à la femme, mais voilà qu’ils se penchent au chevet des hommes. La masculinité est en crise? Réponse à cette question grâce à de nombreux spécialistes, psychiatres et sociologues, et des témoignages émouvants.
La virilité: une norme
Les hommes se mentent à eux-mêmes, ils ont un «logiciel» de la virilité inatteignable. Mais qu’est-ce qui les éloigne de leur être profond? Et pourquoi rechignent-t-ils à le connaître? La question est posée par le philosophe Vincent Cespedes et le sociologue Michael Kimmel.
Virilité et masculinité, est-ce la même chose?
La masculinité est un fait : on naît homme. La virilité exprime plutôt des valeurs morales, comme le courage. Ce qui pourrait signifier que la virilité n’est pas l’apanage des hommes, mais celle des femmes aussi, comme l’avance le philosophe Thierry Hoquet. Eh non… masculin n’est pas forcément synonyme de force. Vincent Cespedes analyse quelques expressions courantes comme «avoir des couilles» qui signifie avoir du cran, alors que cette partie de l’anatomie masculine est la plus fragile!
Les signes extérieurs de la masculinité
Un sport viril? Le rugby pardi! Les robustes joueurs du Nyon Rugby Club, champions de Suisse, en témoignent. Nuque large, mâchoires carrées, il suffit de regarder leur visage pour déceler leur caractère masculin. Cette perception instantanée induit aussi un caractère de dominance. Carlota Batres, chercheuse à l’Université de St Andrew en Ecosse a mené une étude pour prouver à quel point cette évaluation rapide peut avoir des répercussions dans notre quotidien.
Les caractéristiques masculines s'esquissent in utero
Les hormones influencent le développement du cerveau, la testostérone, l’hormone masculine, en l’occurrence. Comment un être qui pourrait devenir un homme, finit par le devenir? Les hommes sont-ils vraiment le sexe fort? Ces questions sont au centre des travaux du biologiste et chercheur en neurologie Gerald Hüther qui prouvent aussi que l’embryon mâle est plus fragile que ses consœurs.
Les petits garçons ont une devise: il n'y que mâle qui m'aille!
Dès l’enfance, les petites filles et les petits garçons s’approprient les rôles spécifiques liés à leur sexe. Dans cette délicate phase de construction du soi, adopter un comportement généralement associé à l’autre sexe est, du coup, compliqué à assumer. A ce sujet, les filles et les garçons ne sont pas logés à la même enseigne comme l’explique, expérience à l’appui, la psychologue Evelyne Thommen.
Que se passe-t-il si l'on fait douter un homme de sa masculinité?
Pour le savoir, nous avons recréé une expérience menée en 2015 à l’Université de Washington à Seattle. Tout a l’air vraiment vrai et fort sérieux, mais tout est bidonné, ce que nous avouerons plus tard à nos spécimens. Pour cela le psychologue Pascal Wagner utilise une méthode comique fréquemment utilisée en psychologie sociale : le faux «feed-back».
Le fiasco du masculin
Ne pas savoir gérer sa masculinité, refuser sa part féminine, cacher sa fragilité, peut mener à faire mal à autrui et à soi-même. Les psychiatres Alexis Burger et Serge Hefez expliquent ce phénomène parfois dramatique.
Père et fils
Malgré une présence parfois intermittente, les pères restent le premier modèle de la masculinité de leurs fils. Une identité qui se façonne lentement, de son essence biologique aux influences familiales et sociales. Elle se construit brique par brique, comme une maison. C’est ce que Mathieu, un papa genevois, a fait avec ses deux fils, au sens propre et figuré.
En quête de la masculinité
Comprendre le petit garçon pour comprendre l’homme, ce n’est pas évident. Les normes sociales ayant beaucoup évolué, la jeune génération mâle semble être mieux dans ses baskets. Ce qui n’est pas le cas de beaucoup de leurs aînés. Pour accompagner ces hommes dans la quête de leur masculinité, le psychiatre Alexis Burger propose depuis 12 ans, des ateliers itinérants dans le désert.
L'image masculine change
Pour vérifier si les stéréotypes genrés survivent à ce maelström, nous avons proposé à nos spécimens mâles de classer spontanément une série d’images représentant des activités dans trois colonnes : féminin, neutre, masculin. Là où l’on vérifie les différences entre générations.
L'homme qui fait un métier de femme
Stefano : un homme qui a suivi son instinct plutôt que les normes sociales. Il a été architecte durant 15 ans, métier largement masculin. Puis un beau jour, il décide de tout laisser tomber pour se consacrer à une profession autrefois exclusivement féminine. Stefano est devenu éducateur de la petite enfance.
Les lignes bougent
Le monde au masculin est en mutation. La société fait enfin une juste place aux hommes que l’on qualifie de «nouveaux». Mais bien sûr, le changement, ce n’est pas toujours facile, comme l’expliquent les psychiatres Serge Hefez et Alexis Burger. La star des études genre américaines Michael Kimmel conclut : «vous devez éduquer les garçons à savoir que l’inégalité, c’est faux!»