L’âge moyen de la puberté ne cesse de s’abaisser. Mais depuis deux décennies, nouveau phénomène préoccupant : les fillettes sont de plus en plus nombreuses avec des signes pubertaires avant 8 ans. On parle de puberté précoce. Les perturbateurs endocriniens pointés du doigt.
"Quand elle avait 7 ans et demi, j’ai vu des changements au niveau de ses mamelons, les odeurs corporelles qui commençaient à arriver et puis les petits poils qui poussaient". Après consultation, le diagnostic est clair: puberté précoce. Des fillettes qui deviennent pubères. Le phénomène est aujourd’hui de plus en plus fréquent. En Suisse, les endocrinologues le constatent, mais impossible de communiquer des chiffres, il n’y a pas de registre national. Notre équipe s’est rendue à Copenhague pour rencontrer le professeur Anders Juul, un des grands spécialistes de la question. Endocrinologue, il est à la tête du Centre de recherche sur la perturbation endocrinienne chez l’adulte et l’enfant. Ces 15 dernières années le nombre de fillettes reçues en consultation au RIGSHOSPITALET est passé de 50 par année à 300. Soit 6 fois plus. Il parle de boom des pubertés précoces. Une réalité très inquiétante.
La faute à quoi ? Les perturbateurs endocriniens présents dans notre environnement sont pointés du doigt. Avec des études édifiantes à la clé. "100% des écoliers de Copenhague avaient des phtalates dans leur urine. Et une forte concentration de phtalate était bien associée à une croissance prématurée de la poitrine et bien plus tard l’apparition de poils pubiens." Et les pubertés très précoces si elles sont plus rares, sont aussi en augmentation. Dans notre reportage, une maman témoigne. Sa fillette avait 4 ans et demi quand les premiers signes pubertaires sont apparus, elle était encore à la crèche. Un traitement hormonal douloureux s’est imposé pour stopper sa puberté. Sans ce traitement, elle aurait été réglée à 6 ans ou 6 ans et demi. Impossible à imaginer : "c’est une enfant qui joue au playmobil et qui a ses règles, il y a un problème, c’est pas possible, une enfant ne peut pas gérer tout ça".
Une enquête d’Olga Baillif et Myriam Gazut pour 36,9°.