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Le Geneva Open a dribblé les obstacles pour devenir incontournable

Grigor Dimitrov, qui sera présent en finale ce samedi, est assailli par les chasseurs d'autographes, de plus en plus nombreux au fil des ans au Geneva Open. [Keystone - Jean-Christophe Bott]
Grigor Dimitrov, qui sera présent en finale ce samedi, est assailli par les chasseurs d'autographes, de plus en plus nombreux au fil des ans au Geneva Open. - [Keystone - Jean-Christophe Bott]
Revenu au calendrier de l'ATP en 2015, le Geneva Open a su s'ancrer dans l'agenda des joueurs et du public pour devenir une référence des tournois ATP 250. Il y a 8 ans pourtant, d'aucuns ne donnaient pas cher de son existence.

Lorsqu'il contemple le central du Geneva Open et les tribunes qui l'entourent, Thierry Grin peut sourire à pleines dents. Le directeur du tournoi et ses acolytes – Ion Tiriac, Gérard Tsobanian et Rainer Schüttler – ont gagné leur pari. Oui, huit ans après qu'il a repris sa place dans le calendrier de l’ATP, leur "bébé" y est bien installé. Les grands joueurs le contemplent avec pas mal d'admiration et le public – pas que genevois – vient chaque année plus nombreux y prendre son pied.

Preuve que le scepticisme qui avait accompagné la première édition, en 2015, est oublié. La pluie, le froid et l'élimination prématurée de Stan Wawrinka (quarts de finale) avaient à l'époque donné du grain à moudre à ceux qui ne voulaient pas croire en l'épreuve genevoise. Ces esprits chagrins en mangent leur chapeau aujourd'hui en entendant les compliments qui… pleuvent sur celle-ci et voient les tribunes pleines le dimanche de… fin des qualifications. "Les joueurs demandent à venir ou à revenir, la billetterie tourne à plein régime, toutes les loges sont réservées, ce sont des signes qui ne trompent pas, relève Grin. Je peux le dire: le Gonet Geneva Open est arrivé à maturité."

Les joueurs demandent à venir ou à revenir, la billetterie tourne à plein régime, toutes les loges sont réservées, ce sont des signes qui ne trompent pas. Je peux le dire: le Gonet Geneva Open est arrivé à maturité.

Thierry Grin, directeur du Gonet Geneva Open.

On ne l'écrira jamais assez: l'une des forces du tournoi genevois est d'avoir pu dribbler les écueils depuis son retour sur le devant de la scène. Il y a eu les sceptiques, d'abord, qui ont été renvoyés au vestiaire par des éditions 2016 et 2017 rendues d'autant plus exceptionnelles que Stan Wawrinka, doublement titré, y avait livré un tennis de feu. Mais ensuite, le Covid - intervenu au moment du changement de sponsor-titre - aurait pu tout plomber. Le millésime 2021 est d'ailleurs resté dans les mémoires pour avoir été d’une incroyable tristesse, que même Roger Federer – déjà en bout de course, malheureusement – n'avait pu éclairer de sa magie. Son élimination d'emblée et les journées limitées à 100 personnes dans l'enceinte (restrictions obligent) auraient pu démoraliser tout le monde. Pourtant, deux ans plus tard, les tribunes (presque) pleines, les gros combats sur les courts, les sourires des bénévoles et la joyeuse ambiance ont balayé ce mauvais souvenir. Vive la vie!

"Notre sponsor titre, la Banque Gonet, a toujours été présent à nos côtés et nous a permis de poursuivre notre travail dans les meilleures conditions", souligne Thierry Grin. Surtout, les Genevois ont adopté le Geneva Open et le considèrent désormais comme un passage obligé de leur calendrier. Il fallait en effet lui laisser le temps pour convaincre et faire son trou. "On sait que les gens, ici, ont besoin de vrais événements pour se déplacer et ce tournoi en est un, qui leur permet de se rassembler, se félicite Marie Barbey-Chappuis, la Maire de Genève (Centre, anciennement PDC). Au Parc des Eaux-Vives, les spectateurs trouvent un cadre idéal et un tournoi de qualité, car les propriétaires de l'épreuve disposent d'un fabuleux carnet d'adresses. Après les rencontres de Coupe Davis et la Laver Cup, on a la confirmation que Genève est un vrai canton de tennis." Puis l’édile - qui a profité de l'événement "Feu Ô Lac" pour installer un "village du tennis" au pied du Jet d’eau - de reprendre: "La réussite du Geneva Open peut susciter des vocations et nous ne pouvons que nous en réjouir pour notre canton."

Après avoir accueilli plusieurs rencontres de Coupe Davis et la Laver Cup, on a la confirmation que Genève est un vrai canton de tennis

Marie Barbey-Chappuis, Maire de Genève.

Bien qu'il y ait toujours des choses à améliorer, des détails à peaufiner, l'ATP est elle aussi consciente de disposer d'un site merveilleux sur les bords du Léman. Rares sont en effet les épreuves estampillées ATP 250 à pouvoir se targuer d'offrir pareil plateau au public et pareils "facilités" et cadre de vie aux joueurs. "Plusieurs de mes homologues m'avaient conseillé de venir ici, alors je n'ai pas hésité et je ne le regrette pas", témoignait ainsi en début de semaine le demi-finaliste Taylor Fritz, 9e mondial. Les acteurs du tableau principal affirment en chœur avoir apprécié leur séjour genevois, que nombreux d'entre eux passent même en famille, à l'image de Nicolas Jarry ou d'Alexander Zverev. Louer la qualité des lieux n'est pas une posture prise pour plaire à la presse, puisqu'ils insistent en effet tous pour dire du bien du Geneva Open.

Même Daniel Vallverdu, entraîneur de Grigor Dimitrov et qui a déjà passé plus de 12 ans sur les plus grandes épreuves du Circuit, a tenu mardi à nous en parler sans même qu'on le lance sur le sujet. "Les joueurs et leurs staff ont droit à des conditions de rêve, lance le Vénézuélien. Les gens sont aux petits soins, les courts - qui sont à 5 minutes de l'hôtel - sont parfaits et l'environnement est tellement serein... A quel autre endroit pourrions-nous être autant au calme entre les matches qu'ici?" Même la date dans le calendrier, longtemps contestée, ne semble plus poser problème, comme on l'a vu avec les joueurs qui n'hésitent plus à s'aligner à la veille d'un Grand Chelem. "Et il faut dire qu'avec tous les arguments qu'il a pour lui, le Geneva Open peut même donner une véritable raison à tout un chacun de jouer juste avant Roland-Garros", ajoute Vallverdu dans un sourire.

Huit ans après avoir repris la licence de Düsseldorf, Genève se sent donc comme un poisson dans l'eau au cœur du calendrier de l’ATP. Il a clairement plusieurs longueurs d'avance sur Lyon, autre ATP 250 qui se dispute dans la même semaine. Est-ce à dire que le "GO" aimerait voir plus grand et lorgner à terme la catégorie des ATP 500, comme certains le suggèrent? "A quelques petits ajustements près, il en a en tout cas toutes les qualités", répond Grigor Dimitrov.

Les joueurs et leurs staff ont droit à des conditions de rêve. Les gens sont aux petits soins, les courts sont parfaits et l'environnement est tellement serein... A quel autre endroit pourrions-nous être autant au calme entre les matches qu'ici?

Daniel Vallverdu, entraîneur de Grigor Dimitrov

L'idée serait toutefois saugrenue, primo car elle ne garantirait pas nécessairement de meilleurs plateaux et deuxio, car elle engendrerait davantage encore de coûts et d'exigences. Pour le moment d'ailleurs, cela n'est dans les plans de personne. En outre, il faudrait déplacer les dates de l'épreuve pour qu'une telle chose puisse un jour se concrétiser. Donc non, le Geneva Open ferait mieux de jouir de ses propres qualités, de les renforcer encore, plutôt que de vouloir se voir plus gros que le bœuf. "C'est un tournoi qui figure à mon sens parmi le haut du tableau des ATP 250 et c'est déjà exceptionnel, estime Taylor Fritz. Mais je pense que malgré tous ses atouts, il ferait face à un vrai inconvénient pour évoluer plus haut: le vestiaire et la salle de fitness ne sont pas à la hauteur d'un 500."

Le reste, lui, fait semble-t-il l'unanimité, ce qui tend à faire croire (et espérer) que le "rendez-vous des Genevois" a de beaux jours devant lui, soutenu qu'il est par un sponsor-titre engagé jusqu'en 2025 avec option pour les saisons 2026 et 2027. Voilà qui promet! "On a la chance d’avoir des privés qui soutiennent ce tournoi et nous, à la Ville, garantissons le soutien financier et infrastructurel", tient à rappeler Marie Barbey-Chappuis, dont tout le monde connaît l'engagement pour le sport, dicastère dont elle restera à la tête en dépit du passage de témoin à venir à la tête de la Mairie à compter du 31 mai. Est-ce donc à dire que Genève restera une terre de tennis, au point peut-être de revivre un jour la Laver Cup?

Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti

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