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Carnet 8 - Tsitsi passe la seconde, les craquages de Medvedev, la révolte des dames et l'enchaînement de Zverev

Stefanos Tsitsipas: la rage de vaincre. [Keystone - Ian Langsdon]
Stefanos Tsitsipas: la rage de vaincre. - [Keystone - Ian Langsdon]
Stefanos Tsitsipas a raccourci l'affiche de mardi en dominant un Daniil Medvedev pas toujours lucide. Une journée qui a confirmé la révolte de joueuses aux dents longues et d'un Alexander Zverev qui aspire à faire plus fort que jamais. Le tout alors que Nadal et Djokovic seront sur scène aujourd'hui.

TSITSIPAS AVEC LA MANIÈRE… Stefanos Tsitsipas a presque réussi à faire en sorte que son choc avec Daniil Medvedev fasse "pschitt". Meilleur que son adversaire, car bien plus inspiré et bien plus complet, le Grec s’est montré qui plus est bien trop clinique pour le Russe, lequel disait pourtant la veille qu’il allait falloir être "très très fort pour me battre". Certes, "Tsitsi" a correctement livré la marchandise, notamment sur les points importants, mais le no 2 mondial, cantonné dans son style si classique et son jeu à plat, ne contenait simplement pas la solution dans sa besace. Tout juste a-t-il quelque peu entretenu le suspense au coeur du 2e set, puis dans le 3e. Le revers slicé de l’Apollon l’a aussi particulièrement dérangé en entame de rencontre. Toujours très à l’aise sur terre battue, Stefanos Tsitsipas doit maintenant confirmer. D’abord face à Alexander Zverev, puis éventuellement dimanche dans un choc dont l’affiche sera de toute manière immense. A lui de faire en sorte qu’elle fasse "pschitt", toujours dans son sens.

SEULEMENT LE 3E... Le Grec devient ainsi le 3e joueur, non-membre du "Big Four", à enchaîner 3 demi-finales de Grand Chelem de suite. Les autres? David Ferrer (entre 2012 et 2013) et un certain... Stan Wawrinka (entre 2016 et 2017).

LE CRAQUAGE DE MEDVEDEV... En plus d’avoir fini par dégoupiller en fin de match, avec notamment ce délicieux combo "d’antilucidité" service à la cuillère/montée au filet sur balle de match, Daniil Medvedev a tenté de régler quelques comptes en conférence de presse. Avec notamment cette salve envers Amazon, qui détient les droits uniques pour les sessions de nuit: "A Roland-Garros, c’est comme en F1, "cash is king" (ndlr: l’argent est roi). Notre match l'affiche de la journée, mais le tournoi a préféré Amazon au public. C'est aussi simple que ça..." Si la réflexion du Russe n’est pas insensée, une question demeure: qu'est-ce qui lui a permis d'être millionnaire à 25 ans? Les sponsors, non?

L’OBSESSION DE DANIIL... A le croire, ce service à la cuillère titillait Daniil Medvedev depuis le début de son quart de finale. "Je pensais pendant tout le match à le faire sur un point important, a-t-il dit en conférence de presse. Je trouvais que Stefanos était assez loin au retour, mais je n'avais pas vu l'opportunité se présenter avant. Je voulais le surprendre. Je le fais parfois à l'entraînement et ça fonctionne pas mal. Bon, là, ça n'a pas du tout fonctionné... Mais ce n'était pas une erreur, c'était tactique, c'est quelque chose que j'ai eu le courage de tenter."

ET UNE AUTRE SALVE POUR FINIR... Avant de lâcher pour de bon le micro dans cette quinzaine, Medvedev, interrogé sur sa rivalité avec Tsitsipas, a fini par envoyer une ultime salve, à destination des grands hommes de son sport. "Oui, elle pourrait devenir une grande rivalité, mais à cause du Big 3 surtout, ce sport est considéré comme ultra-conservateur et très intelligent. Donc nous, les jeunes, devons suivre cette voie-là, sinon on se fait défoncer par les médias et le public. Dans d'autres sports, on peut voir ces rivalités où les gens se chauffent. Parfois ils ne se détestent même pas, mais ils se disent des choses pendant le match. Mais le tennis n'est pas comme ça donc je ne pense pas qu'il y aura de clash entre nous deux. C'est dommage, car ça pourrait être beaucoup plus marrant. »

UNE "NASTIA" XXL… Elle nous semble là depuis des dizaines d’années, mais Anastasia "Nastia" Pavlyuchenkova n'a même pas encore soufflé ses 30 bougies! Et puisqu'il n’y a pas d'âge pour s’offrir sa première demi-finale en Grand Chelem, la Russe profite de son rayonnant printemps pour décrocher ce magnifique cadeau, qu’elle ne doit d'ailleurs qu’à elle et à sa formidable ténacité. Vainqueur en 3 sets accrochés d’Aryna Sabalenka et de Victoria Azarenka - tout sauf des manches - la native de Samara a sorti de sa poche une performance XXL pour faire descendre sa... partenaire de double Elena Rybakina du quart, au bout d’un match époustouflant (6-7 6-2 9-7). Que du bonheur pour elle qui avait vécu son seul quart de finale parisien en… 2011.

Anastasia Pavlyuchenkova en grande réussite. Une belle histoire. [Keystone - Caroline Blumberg]
Anastasia Pavlyuchenkova en grande réussite. Une belle histoire. [Keystone - Caroline Blumberg]

LA 7E EST LA BONNE… Pavlyuchenkova en était à sa 7e tentative de se hisser dans le dernier carré d’un Grand Chelem. Celle-ci aura donc été la bonne après celles avortées en 2011 (Roland-Garros et US Open), 2016 (Wimbledon), 2017, 2019 et 2020 (les trois fois à Melbourne). "Je crois que j'avais toujours eu le tennis pour y parvenir, mais désormais je suis un peu plus intelligente et plus solide mentalement", a-t-elle relevé.

L’INCROYABLE ZIDANSEK… Âgée de 23 ans, Tamara Zidansek débarque presque de nulle part dans ce Roland-Garros 2021 dont elle est clairement la révélation. Même si elle a par le passé remporté 2 fois le tournoi de Bol - sans coup de pot -, la Slovène était inattendue à la fête des demi-finales. Sa force de caractère lui a pourtant permis de faire tomber Paula Badosa Gibert au bout, là aussi, d’un très beau quart de finale. Une sacrée histoire et un sacré parcours pour celle qui avait frisé le code au 1er tour contre Bianca Andreescu et qui, surtout, n'avait jamais remporté plus de 2 matches dans un tournoi majeur.

COMME UN FOOTEUX… Appelée à expliquer sa méthode pour signer une telle quinzaine, Tamara Zidansek a eu une explication digne d'une sortie de terrain de foot. "Je prends match après match". C’est finalement tellement simple, la vie… Surtout que la révélation ajoute: "Je vais continuer comme ça". Dommage que la Slovénie ne soit pas qualifiée pour l'Euro...

BADOSA S’Y PERD… Paula Badosa Gibert est pour sa part apparue très touchée par sa défaite en quarts de finale. L'Espagnole sait qu'elle est passée à côté de quelque chose de grand. "Je suis triste, car c'était mon plus mauvais match de la saison, a-t-elle été obligée de reconnaître. Je n'ai pas réussi à être moi-même. J'étais nerveuse, je n’ai pas su contrôler mes nerfs. Je me suis mis trop de pression…" Espérons pour elle qu’elle saura surmonter tout cela si le train des quarts se présente à nouveau à sa fenêtre.

CA CONTINUE... 6 des 8 dames présentes en quarts de finale n'avaient jamais vécu cela en Grand Chelem. Une stat' qui confirme que Roland-Garros est le "majeur" des surprises. Et ce même encore plus loin, puisque ces dernières années, les demi-finalistes "surprises" n'ont pas manqué: Bouchard (2014), Bacsinszky (2015), Bertens (2016), Ostapenko (2017), Stephens (2018), Anisimova, Konta et Vondrousova (2019), ainsi que Swiatek et Podoroska (2020). Il y en aura d'autres ce printemps...

ZVEREV EN PROMENADE... Alexander Zverev a passé une fin de journée très tranquille tant son quart de finale contre Alejandro Davidovich Fokina a ressemblé à une promenade. Hormis en début de rencontre, quand il s'est énervé à la suite d'une décision arbitrale pourtant justifiée, l'Allemand était trois kilomètres au-dessus de son adversaire, trop vite "cuit" et frustré (6-4 6-1 6-1). Depuis son alerte au 1er tour, où il était mené 2 manches à rien, Zverev bouscule tout sur son passage (il reste sur 15 sets gagnés de suite) et s'apprête à vivre sa 1re demie à Roland-Garros. Reste maintenant à savoir si c'est parce qu'il a réellement franchi un cap ou si c'est uniquement car il vient d'affronter 2 joueurs totalement "carbos" (Kei Nishikori et Fokina)? Réponse au(x) prochain(s) épisode(s).

LA BONNE NOUVELLE DU JOUR… Elle ne nous vient pas de Paris, mais d'Argentine, où Juan Martin Del Potro, écarté des courts depuis plus de 2 ans, a fait son retour à l’entraînement. Le lauréat de l’US Open 2009 (cela ne nous rajeunit pas…) a traversé quantité d’épreuves et surtout d'opérations et sa tentative de "comeback", qui semble presque inespérée, a des airs de "coups de comm". Mais on a envie d’y croire, tant le personnage est attachant et tant son tennis est admirable. Vamos DelPo!

LA PHRASE... "A Monte-Carlo et à Barcelone, j'avais eu quelques problèmes avec mon geste au service et il avait fallu corriger cela. Mais là, c'est différent. Je n'ai pas l'impression d'avoir un problème. Je ne crois pas que le service soit une préoccupation. Mes jeux de service perdus sont davantage liés à une baisse d'intensité qu'à un problème de service." Des propos signés Rafael Nadal, lequel se veut rassurant avant d'affronter Diego Schwartzman cet après-midi.

CRUEL RAPPEL... La Gazzetta dello Sport rappelait hier soir, en préambule au match de tout à l'heure entre Novak Djokovic et Matteo Berrettini, que ce sera ce soir la 14e fois qu'un joueur italien affronte un no 1 mondial à Roland-Garros. Les chiffres sont cruels puisqu'ils montrent que les Transalpins ont connu 12 fois la défaite sur 13. Seule exception: Adriano Panatta avait, en 1976, battu Björn Borg avant de... remporter l'épreuve. Alors soit Berrettini imite nombre de ses compatriotes, soit il réalise un coup exceptionnel et se devra probablement, pour suivre Panatta, de s'offrir Rafael Nadal vendredi. Faites vos jeux!

Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti

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