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Jour 9, Zverev qui "clashe" l'ex-coach d'Agassi, l'incroyable Brady, le retour de Carreno et les maux de Djoko

Pablo Carreno Busta: sorti vainqueur d'un gros match, il atteint sa 2e demie à l'US Open. [AFP - Matthew Stockman]
Pablo Carreno Busta: sorti vainqueur d'un gros match, il atteint sa 2e demie à l'US Open. - [AFP - Matthew Stockman]
Qualifié pour les demies malgré un match décousu, Alexander Zverev en a eu marre des commentaires de Brad Gilbert et lui l'a fait savoir. Auparavant, Jennifer Brady avait prolongé son conte de fées. Alors que dans la nuit, Pablo Carreno Busta est sorti d'un thriller, 48 heures après avoir "éliminé" un Novak Djokovic qui ne s'en est pas encore remis, selon son ancien entraîneur. Récit.

OH BRADY, OH LA LA! inarrêtable Jennifer Brady (WTA 41), qui a très vite posé sa raquette dans le dernier carré en laminant Yulia Putintseva (6-3 6-2)! L'Américaine ne paie pas vraiment de mine, mais il faut se méfier des eaux qui dorment: elle pratique bien le meilleur de tennis de sa vie dans cette quinzaine, où ses adversaires tombent comme des mouches. Mardi, la Kazakhe n'a ainsi pas davantage fait le poids que les quatre joueuses qui avaient précédemment affronté la droitière de Pennsylvanie, laquelle s'est notamment offert Caroline Garcia et Angelique Kerber dans ce tournoi. Brady est en démonstration à New York, où elle aligne les sets secs: 6-3 6-2 6-1 6-2 6-3 6-3 6-1 6-4 6-3 6-2. Bref, la joueuse de 25 ans plane. "J'étais pourtant un peu nerveuse, car je n'avais jamais disputé de quart de finale en Grand Chelem", a-t-elle dit. A elle de résister encore à ses nerfs, jeudi contre Osaka.

LE VAINQUEUR DU JOUR: difficile de ne pas louer les qualités de cœur de Pablo Carreno Busta, lequel a su se sortir les tripes pour écarter de sa route Denis Shapovalov au bout d’un long et beau combat de plus de 4 h. Vainqueur 3-6 7-6 7-6 0-6 6-3, l’Espagnol atteint sa 2e demie à l’US Open, mais cette fois-ci dans un tableau sans le moindre membre du Big Four à l’horizon. Bien qu’il ne soit de loin pas l’outsider le plus reconnu du circuit, l’Ibère peut être rude avec ses adversaires. Shapovalov, qui avait été très solide aux tours précédents, a pu le constater au cours d’un bras de fer qui l’a certes vu remporter davantage de points que "PCB", mais durant lequel ce dernier s’est montré bien plus tranchant sur les points importants. Par expérience, sans doute, par malice peut-être aussi un peu, puisqu’il a eu recours à un temps-mort médical en plein 4e set. "Là, j’ai cru qu’il était cuit et je n’aurais pas pu imaginer qu’il puisse revenir aussi fort ensuite", n’a d’ailleurs pas manqué de s’étonner Shapovalov. A 29 ans, le 27e mondial dispose donc d’un plus gros bagage que le Canadien. Et visiblement de ressources que l’on ne soupçonnait pas vraiment. Pablo Carreno... Boosté.

SEUL COMPTE LE RÉSULTAT: on n’en voudra pas à un sportif de se contenter d’une victoire acquise sans y avoir apporté la moindre touche d’esthétisme, encore moins lorsque ledit succès le propulse pour la 1re fois de sa carrière en demi-finale de l’US Open. Alors oui, Alexander Zverev peut savourer le fait d’avoir éliminé Borna Coric (1-6 7-6 7-6 6-3), mais que ce quart de finale fut laid! Entre un Allemand fébrile comme jamais durant les 45 premières minutes, car tétanisé par l’enjeu, et un Croate qui n’a pas montré grand-chose ensuite en dépit de son avantage au tableau d’affichage (6-1 4-2), la plongée dans les méandres du musée des horreurs a fait mal aux amoureux du beau jeu et aux amateurs de belles empoignades. Gageons que ce n’est pas ce que l’on devra retenir de cette 2e semaine. 

ZVEREV SUR UN FIL: qualifié pour sa première demie à Flushing Meadows, sa 2e en Grand Chelem après Melbourne au mois de janvier dernier, Zverev a fait sauter un premier plafond cette année. Mais - parce qu’il y a un mais - avec cette fâcheuse impression de ne pas vraiment convaincre, cette fâcheuse tendance à évoluer sur un fil, comme si tout pouvait exploser à tout moment, à commencer par son mental. Hier, sa chance est d’être tombé sur un Coric qui, de toute évidence, avait encore plus peur de gagner que lui. Et sa chance, maintenant, est de trouver sur sa route un autre joueur qu’en Australie (Thiem) à ce stade du tournoi, à savoir un Pablo Carreno Busta sans doute quelque peu éreinté par son marathon contre Denis Shapovalov. A "Sascha", donc, de la saisir, ce qu’il ne pourra faire qu’à deux conditions: élever son niveau de jeu et cesser d’entamer des matches comme si tout le poids du monde était rivé sur ses épaules. Car question mental, il semble bien que "PCB" ait une longueur d’avance.

UN PRÉTENDANT HONNÊTE: au moins ne pourrons-nous pas accuser Zverev de malhonnêteté. L’Allemand, premier joueur de son pays à entrer dans le dernier carré de Flushing Meadows depuis 25 ans, a en effet reconnu que la disparition de Djokovic dans le tableau a complètement changé la donne et l’esprit des joueurs encore en lice. "Évidemment que nous voyons désormais tous cela comme une opportunité, mais nous devons maintenant faire profil bas, continuer à bosser et nous concentrer sur nous-mêmes», a-t-il glissé. Soyons également honnête derrière notre clavier: avec la pression que ces gars-là ont, c’est forcément plus facile à dire qu’à faire.

"TAIS-TOI!" C'est, en termes mieux choisis, ce qu'a demandé Alexander Zverev à Brad Gilbert en plein durant son quart de finale contre Borna Coric, au moment où le quinquagénaire analysait la piètre qualité de 2e balle de l'Allemand. Parce que le stade new-yorkais est vide, "Sascha" s'est plaint de trop entendre l'ancien joueur (également ex-coach d'Andre Agassi notamment), désormais consultant pour ESPN et présent au bord du court pour livrer ses analyses. "Tu parles trop fort, mec, a lancé le tombeur de Coric. Je peux entendre chaque mot que tu dis depuis le début du match..."

LA PHRASE: "Je sais qu’il est triste et qu’il souffre depuis cet incident. C’est d’autant plus difficile pour lui que nous savons à quel point Novak tient à devenir le joueur ayant remporté le plus de titres du Grand Chelem. Je crois qu’il pensait, qu’il sentait comme tout le monde, que ce tournoi était pour lui. Mais malgré tout, à la fin de sa carrière, il pourra être le plus grand." Des propos signés Radek Stepanek, ancien coach de Novak Djokovic, sur CNN.

L'AUTRE PHRASE: "C'est un tournoi du Grand Chelem qui peut être gagné par n'importe qui. C'est bien sûr très excitant pour le tennis, mais cela engendre beaucoup de matches nerveux. Avant de jouer, j'ai vu Borna (ndlr: Coric) jouer contre Zverev; il y avait beaucoup de nervosité. Je crois que la suite du tournoi va être comme ça." On ne remercie pas Denis Shapovalov pour son analyse, pas fausse certes, mais qui laisse craindre le pire question niveau de jeu pour la suite de cette édition 2020.

SHapo

OSAKA EN TOUTE DISCRÉTION: on a beaucoup parlé d’elle dans les semaines qui ont précédé ce tournoi; Naomi Osaka faisait clairement partie des favorites, deux ans après sa première quête en Grand Chelem sur ce même ciment new-yorkais. Puis sont intervenus ses soucis d’ischio-jambiers, son forfait pour la finale de Cincinnati, ainsi que des 1er et 3e tours compliqués dans cet US Open. Mais voilà que la Japonaise a les deux pieds dans le dernier carré après avoir balayé Shelby Rogers (6-3 6-4) et, désormais, une rencontre tout à fait sa portée inscrite à son agenda. Soleil levant.

Arnaud Cerutti, @arnaud_cerutti

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