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Jour 8, fessée russe, nerfs d'acier, relève belge et menaces hallucinantes

Daniil Medvedev, finaliste en 2019 et toujours en grande forme douze mois plus tard. [AFP - Matthew Stockman]
Daniil Medvedev, finaliste en 2019 et toujours en grande forme douze mois plus tard. - [AFP - Matthew Stockman]
Daniil Medvedev en démonstration contre Frances Tiafoe, Dominic Thiem qui tient bon et livre un autre récital, des femmes qui régalent à l'image d'Elise Mertens et de tristes menaces sur les réseaux sociaux; l'US Open se poursuit, avec du très bon et du très mauvais.

LA FESSÉE DU JOUR: c’est Daniil Medvedev qui l’a violemment infligée à Frances Tiafoe, dans une démonstration de justesse et de puissance. Impressionnant, le Russe a croqué avec gourmandise son adversaire américain, balayé 6-4 6-1 6-0 en à peine 1 h 40. Dominateur en revers, tactiquement parfaitement au point, le finaliste de l’édition 2019 a lancé un signal fort à l’adversité. Oui, il faudra être très fort pour lui marcher dessus dans cet US Open. On peut imaginer qu’une éventuelle demie contre Dominic Thiem serait en quelque sorte la finale avant la lettre de cette fin d’été.

LA PETITE SURPRISE DU JOUR: elle est l’œuvre d’Elise Mertens, la tenace Belge qui s’est offert le scalp de Sofia Kenin, lauréate de l’Open d’Australie en janvier dernier et qui faisait partie des sérieuses prétendantes dans son jardin américain. Pas royale, Kenin n’y a vu que du jeu contre la droitière de Louvain (3-6 3-6), en grande forme depuis la reprise de la saison. Demi-finaliste à Melbourne en 2018, Mertens, pas encore âgée de 25 ans, est assurément en pleine confiance dans cet US Open où elle n'a pas perdu le moindre set. Et si elle continue ainsi, il faudra bien que les organisateurs imaginent devoir serrer la main d’Elise...

063 1271244219 [AFP - MATTHEW STOCKMAN]

VIKA TIENT BON: alors que son dernier quart de finale en Grand Chelem remontait à janvier 2016, Victoria Azarenka replonge avec appétit dans le "grand 8" d’un Majeur. Elle aussi très convaincante ces dernières semaines, comme en témoigne son titre à Cincinnati, l’ancienne No 1 mondiale s’est accrochée pour renverser la situation face à Karolina Muchova (5-7 6-1 6-4) et s’offrir une nouvelle opportunité, mercredi contre Mertens. Pour elle qui est devenue maman voici quatre ans et a connu tant de problèmes personnels, notamment avec le père de son enfant, Flushing apparaît comme une vraie bulle... d’air. Et pour être honnête, on aimerait bien la voir aller au bout de la quinzaine.



LES NERFS DU JOUR:
ce sont ceux de Dominic Thiem, qui tiennent très bien le coup. Considéré comme l’un des favoris du tournoi derrière Novak Djokovic, l’Autrichien est subitement devenu le "chassé" après la disqualification logique du Serbe. Pas de quoi le faire vaciller apparemment, puisque d’un 8e de finale a priori compliqué sur le papier contre Félix Auger-Aliassime, l’homme aux trois finales de Grand Chelem s’est sorti sans encombre (7-6 6-1 6-1), prouvant que son tennis est parfaitement en place et que son mental et ses nerfs n’ont pas peur d’aller chercher une éventuelle couronne new-yorkaise. "Les 2e et 3e sets sont les meilleurs que j’ai joués dans ce tournoi", a avoué Thiem après concassage de son adversaire canadien. Donc oui, "Domi" a les moyens de faire sien son 1er titre majeur. Mais avant de s’imaginer en finale, il aura un quart contre De Minaur (facile vainqueur de Pospisil) et une potentielle demie contre Medvedev ou Rublev à jouer. Dur, très dur. Reste qu'il rêve déjà d’une finale contre Alexander Zverev…

EMPOIGNADE DE GRANDES DAMES: c’est une affiche de mamans, mais aussi et surtout de deux grandes dames, qui va se disputer mercredi à l’US Open: Tsvetana Pironkova contre Serena Williams! L’une a fait valoir ses nerfs d’acier pour ne pas s’écrouler contre une Alizé Cornet qui avait effacé une balle de match dans la 2e manche, puis finalement s’imposer au bout de 3 sets (6-4 6-7 6-3). L’autre a fait valoir son expérience et sa force de caractère pour éviter de trébucher sur Maria Sakkari (6-3 6-7 6-3). Et au final, ces deux qui ne savaient pas où elles en étaient à la veille du tournoi ne veulent plus rien s’interdire. Surtout pas l’idée d’aller jusqu’au bout, maintenant qu’elles ont parcouru tout ce chemin. Alors oui, l’histoire serait belle pour Serena, qui chasse depuis tant de mois une 24e couronne en Grand Chelem. Mais la bonne humeur, l’insouciance et le parcours de Pironkova mériteraient d’être récompensés.

LES REGRETS DU JOUR: ils sont pour Matteo Berrettini, lequel a cédé contre Andrey Rublev, alors qu’il n’avait perdu qu’une fois en quatre rencontres face au Russe. L’Italien qui, comme toujours depuis le début de cet US Open, a été encouragé par l’un de ses fans calés en dehors du stade, n’a pas su s’appuyer sur sa bonne 1re manche et sur ce soutien original (6-4 3-6 3-6 3-6). La puissance et l’intelligence du Russe ont fait la différence. Rublev, bien que discret dans ce tournoi, avance le torse bombé, en toute confiance. Son quart contre Medvedev s’annonce chaud.

L’ENSEIGNEMENT DU JOUR: la bêtise humaine est bien incrustée parmi nous et si on peut la mesurer encore un peu plus chaque jour, notamment depuis l’entame de cette année 2020, la disqualification de Novak Djokovic l’a encore davantage renforcée, semble-t-il. En témoignent les menaces et insultes reçues par la juge de ligne que le "sniper" n’a pas ratée dimanche soir. Sur les réseaux sociaux, sans toutefois que l’on sache comment ils ont découvert son compte Instagram, les fans du No 1 mondial n’ont pas manqué de déverser leur fiel et leurs menaces envers la victime. D’autres, tout aussi bêtes, ont aussi écrit que la dame en question avait fait une "Neymar" en simulant sa blessure. Pathétique. On conseille à ces bas de plafond de voir comment ils réagiront s’ils se prennent une balle de tennis en pleine gorge…

WILANDER PAS TENDRE: chroniqueur pour L’Equipe, l’ancien No 1 mondial Mats Wilander, coutumier du retournement de veste, livre des chroniques dans lesquelles il y a à boire et à manger. Il se montre toutefois peu tendre ce matin avec Novak Djokovic. "Sa disqualification montre qu’il avait déjà un problème de concentration avant l’incident, y écrit-il. Pourquoi être si frustré, si énervé, de ne pas gagner un 1er set contre un joueur qui ne l’a jamais battu? Il a perdu deux jeux sans aucune explication rationnelle. C’est bien la preuve que quelque chose de nouveau est entré en lui. Un sentiment lié à une situation extérieure. Tout ce que l’on fait en dehors du court a des implications sur notre comportement sur le terrain. Dimanche, quelque chose a échappé à Djokovic. Il a perdu le contrôle. C’est un signal d’alarme…"

A SUIVRE: ce mardi, un quart de finale intéressant se jouera dans la touffeur américaine, entre Alexander Zverev et Borna Coric, deux hommes qui n’ont pas toujours tenu la distance mentalement et se retrouvent donc cernés par de grosses attentes maintenant que leur tableau s’est ouvert. Grand favori de ce duel, l’Allemand rêve d’une finale contre Dominic Thiem. Mais Coric, revenu par deux fois de loin dans ce tournoi, n’est pas l’os le plus facile à ronger.

L’AUTRE INFO DU JOUR: pas de Roland-Garros pour Ashleigh Barty! Déjà forfait à l’US Open, la No 1 mondial a décidé de ne pas rallier Paris dans deux semaines et demie. Les raisons? Le Covid et son manque de préparation. Le tournoi parisien, qui s’annonce sans âme, ne pourra donc pas compter sur sa tenante du titre.

Arnaud Cerutti, @arnaud_cerutti

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