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Jour 7, une disqualification logique, une énorme pression et deux anciennes reines débordées

Novak Djokovic a fait tomber la juge de ligne avec une balle violente. Il s'excuse, mais c'est trop tard; le mal est fait. [EPA - JASON SZENES]
Novak Djokovic a fait tomber la juge de ligne avec une balle violente. Il s'excuse, mais c'est trop tard; le mal est fait. - [EPA - JASON SZENES]
La disqualification de Novak Djokovic a secoué New York, mais celle-ci a été quasi unanimement saluée tant elle est logique. Elle met cependant sous pression 12 joueurs qui n'ont encore jamais remporté le moindre titre majeur et rend passionnante la 2e semaine de cet US Open. Où deux anciennes lauréates de Grand Chelem ne pourront pas défendre leurs chances.

LE FAIT DU JOUR: c’est bien sûr la disqualification de Novak Djokovic, éjecté du tournoi pour avoir, dans un geste d’humeur, tiré une balle en direction du visage d’une juge de ligne. Une décision on ne peut plus logique prise par le juge-arbitre, qui n’a fait qu’appliquer un règlement connu de tous, ce qui doit faire rire sous cape Roger Federer et Rafael Nadal. Cette disqualification a logiquement été considérée comme sensée par les plus grands noms du tennis. Mais les réseaux sociaux se sont trouvés de nouveaux experts - du genre ceux qui ne regardent ce sport qu'une fois tous les 36 du mois - pour crier au scandale. Histoire peut-être de nous rappeler qu’avec l’annulation de l’Euro de foot, nous avions cet été échappé à d’autres professeurs (en ballon rond), qui ne sortent au grand jour que tous les 2 ou 4 ans...

Pour en revenir à ladite disqualification, le vrai scandale aurait été que le No 1 mondial échappe à la sanction, alors qu’il est écrit noir sur blanc que toute atteinte de ce genre entraîne une exclusion du tournoi. Nous aurions réagi la même chose s’il s’était agi de Roger Federer, de Stan Wawrinka ou d’un autre joueur... Le Serbe a toutefois bien tenté d’inverser la décision avec une argumentation presque menaçante: "La juge ne va pas aller à l’hôpital pour ça, a-t-il prétexté. Mais vous allez me disqualifier, moi, ma carrière, là, sur le court central, dans un Grand Chelem?" Eh oui, Monsieur Djokovic, il arrive souvent que l’on ne prête qu’aux riches. Mais pas toujours.

IL ÉTAIT NERVEUX: alors bien sûr, il convient de souligner que "Nole" n’a pas visé intentionnellement la juge, mais cet incident est intervenu à la fin d’un 1er set où Djokovic était en train de perdre gentiment mais sûrement les pédales. Dégoûté d’avoir égaré trois balles de manche, notamment grâce à la qualité de l’opposition (Pablo Carreno Busta), et d’avoir été breaké, il venait qui plus est de se faire mal à l’épaule. Sa tête et son cerveau étaient alors en ébullition. Et l’intéressé a fini par craquer. Une disqualification aurait pu lui arriver déjà plusieurs fois dans sa carrière, notamment lors de Roland-Garros 2016, mais il n’avait par le passé jamais aussi bien visé. Heureusement pour lui!

LA PRÉDICTION DU JOUR: "Dans peu de temps, nous aurons certainement droit à un joli communiqué de presse de Novak Djokovic, soigneusement écrit par son équipe de comm", annonçait Mike Dickson, célèbre plume tennistique du Daily Mail. Deux heures plus tard, patatras, tombaient les excuses du fautif.

DEUX NOUVELLES: on commence par la bonne: les adversaires habituels de Novak Djokovic peuvent se frotter les mains, la disqualification du Serbe ouvrant la porte à tout dans ce tournoi. Ensuite, la mauvaise, toujours pour les joueurs de l’ATP Tour: au vu de comment les choses se sont passées à New York et au su du niveau d’irritation post-disqualification de Djokovic, ses rivaux doivent s’attendre à le voir revenir fort, très fort, très, très fort même, à Roland-Garros. Gare au retour de manivelle!

LE COMMENTAIRE DU JOUR: "Il se demande pourquoi il n'est pas aussi populaire que Rafa et Roger. Il les dépassera peut-être un jour en nombre de titres du Grand Chelem, mais en termes d'amour et d'affection, il n'évolue pas dans la même Ligue qu'eux..." Un commentaire violent de Simon Reed, commentateur pour Eurosport Angleterre, évoquant Novak Djokovic, lequel n'a pas eu le courage de se présenter en conférence de presse après l'incident.

DOUZE HOMMES SOUS PRESSION: ils sont donc 12, ce matin, à pouvoir encore espérer gagner cet US Open de tous les possibles. Et évidemment, aucun d’entre eux n’a déjà triomphé en Grand Chelem. Ces 12 joueurs se retrouvent donc sous une immense pression et le contexte n’est pas sans nous rappeler celui du printemps 2009, lorsqu’un certain Roger Federer, à la poursuite d’un Roland-Garros qui lui avait tant de fois échappé, se retrouva débarrassé de Rafael Nadal dans son tableau. A l’époque, malgré une alerte immense contre Tommy Haas en 8e de finale, le Bâlois avait remarquablement tenu son rang. Jusqu'au bout. Onze ans et quelques mois plus tard, lequel des 12 hommes saisira la chance d’une vie en tenant le coup mentalement et physiquement tout en maintenant un haut niveau de tennis face à la pression? Vous pouvez déjà faire vos jeux, mais la balance de l’expérience penche en faveur de Dominic Thiem. Reste que ce soir, l’Autrichien aura déjà du pain sur la planche face à l’excellent Félix Auger-Aliassime. Comme dirait l’autre, c’est pas gagné!

CINQ PAYS POUR L’HISTOIRE: des joueurs peuvent donc écrire leur propre histoire, mais des pays aussi, dans ce tennis masculin. Ainsi, l’Italie (Berrettini) pourrait mettre fin à 44 ans d’attente en Grand Chelem, les Allemands (Zverev) à 24, les États-Unis (Tiafoe) à 17, les Russes (Medvedev, Rublev) à 15 et les Australiens (De Minaur) à 18... Quant aux Canadiens, qui ont encore 3 représentants en lice dont un déjà en quart de finale (Shapovalov), ils pourraient "tout simplement" remporter leur 1er titre du Grand Chelem. Une chose est sûre: outre le fait qu'un 1er vainqueur de GC sera sacré, il est acquis que pour la 1re fois un joueur né dans les années 1990 (ou 2000) sera sacré.

LA QUESTION DU JOUR:

"et si c’est moi qui avais fait ce que vient de faire Novak, combien d’années de suspension aurais-je dû purger?" Elle est lancée sur Twitter par Nick Kyrgios lui-même, lequel a proposé à ses suiveurs de voter, avec 3 réponses à choix: 5 ans? 10 ans? 20 ans? On ne détient pas la vérité mais on peut être certain que dans un tel cas, l’Australien n’aurait pas vu débarquer des soutiens sur les réseaux sociaux.

LA PHRASE DU JOUR: "Dès l’entame de notre relation, elle a commencé à me pousser pour devenir un meilleur joueur, pour changer mentalement, mais aussi pour évoluer dans mon comportement sur le court." C’est signé Denis Shapovalov, tout frais quart-de-finaliste, évoquant sa compagne, la peu connue joueuse suédoise Mirjam Björklund, qui lui a permis d’évoluer. Derrière chaque homme se cache une grande femme (parfois même une juge de ligne...).

LA DÉFAILLANCE DU JOUR: hélas pour elle, c’est bien Petra Kvitova qui a explosé sur le ciment new-yorkais. Elle qui semblait en forme et partie pour une belle quinzaine s’est pris le mur nommé Shelby Rogers (6-7 6-3 6-7), 93e WTA, non sans avoir eu 4 balles de match! Un revers douloureux pour l’ancienne double lauréate de Wimbledon. Laquelle n’est pas l’unique ex-vainqueur de Grand Chelem à s’être encoublée dimanche à Flushing: tombée sous les coups de Jennifer Brady, Angelique Kerber, peut, elle aussi, rentrer en Europe.

LA GRANDE BRADY: lauréate de son 1er titre WTA il y a moins d'un mois à Lexington (en battant Jil Teichmann en finale), Jennifer Brady a donc signé l'une de ses plus belles victoires dimanche en dominant Angelique Kerber (6-1 6-4). L'Américaine - 25 ans déjà - a été clairement au-dessus du lot face à l'ancienne No 1 WTA, qui a manqué de mordant. 8e de finaliste de son 1er tournoi du Grand Chelem en 2017 en Australie, Brady n'a jamais confirmé lors des trois années qui ont suivi. Cet US Open post-confinement peut être un nouveau tremplin pour elle qui a, semble-t-il, choisi de ne plus se poser de questions. Sur le court en tout cas, l'actuelle 41e WTA fait feu de tout bois. N'a-t-elle pas balayé toutes ses adversaires (Blinkova 6-3 6-2; CC Bellis 6-1 6-2; Garcia 6-3 6-2 et enfin Kerber)? Avec un quart de finale contre Putintseva, la joueuse de Pennsylvanie peut rêver très fort de s'inviter dans le dernier carré.

L’OPTIMISME DE "NANARD": président de la Fédération française de tennis, Bernard Giudicelli n’en démord pas: Roland-Garros se tiendra coûte que coûte dans trois semaines, et ce dans les meilleures conditions possibles en ces temps de crise sanitaire. Il l’a affirmé et réaffirmé hier encore à nos confrères français: "Tout reste à valider, mais dans ma tête le huis clos est exclu. On a besoin d’un peu de vie, il faut que l’on ramène un peu de vie, ne serait-ce que pour montrer qu’on se bat contre le Covid." Puis d’ajouter: "C’est la rentrée, les enfants! On va faire du sport, on va dans les clubs, et la vie continue. Un jour le Covid va disparaître et nous on sera toujours là!"

Arnaud Cerutti, @arnaud_cerutti

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"Et la balle est partie vers son visage"

Chanson du jour, sur l'air de "Belinda" de Claude François.

Et la balle est partie vers son visage
La juge s’est écroulée tout est ma faute
Je m’suis énervé, j’ai fini par craquer

Et dire que je jouais contre Busta
C’est pas non plus Zorro, le Carreno

Ce geste je l’refais 10 x il ne s’passe rien
Mais là j’étais en chaleur, je n’contrôlais plus rien
Je m’suis énervé, j’ai fini par craquer

Et dire que je jouais contre Busta
C’est pas non plus Zorro, le Carreno

J’ai repris une sale habitude
Cet Open est ouvert à tous les vents
Mais je n’ai vraiment aucune excuse
Je m’défends mais l’règlement c’est l’règlement

Des autres j’ai fini par faire l’bonheur
Ce qui est à peu près tout mon malheur

Mais oui, mon bon Roger, le record je te l’ai laissé

Et là tu ri-goles avec Rafa
Oh oui que vous trouvez ça bon

Et là tu ri-goles avec Rafa
Oh oui que vous trouvez ça bon

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