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Futur retraité, Didier Cuche se livre

Cuche3 [JEAN-CHRISTOPHE BOTT]
Didier Cuche, personnalité suisse de 2011 et futur retraité du Cirque blanc. - [JEAN-CHRISTOPHE BOTT]
Quelques heures après l'annonce de sa retraite sportive, le Neuchâtelois revient sur sa carrière, ses meilleurs souvenirs et les mois à venir. Rencontre avec un champion d'exception.

Le temps est maussade sur Kitzbuehel. Un manteau de brouillard enrobe les sommets voisins et le ciel déverse un faible crachin dans la région de cette Streif qui espère désespérement voir un skieur ces prochains jours. Bref, c'est un peu "bonjour tristesse" au Tyrol. Et ce n'est pas l'annonce de Didier Cuche qui fera revenir le soleil sur les 72es épreuves du Hahnenkamm.

Le Neuchâtelois de 37 ans tirera le rideau, en fin d'hiver, sur une brillante carrière Si l'annonce de ce retrait peut surprendre - à 2 jours de "sa" descente, sur sa piste fétiche -, elle est aussi compréhensible. Avec 5 succès (dont un en SG), Kitzbuehel constitue le théâtre idéal pour tirer sa révérence.

Une décision longtemps ruminée

"C'est là que toute l'histoire a commencé", s'est justifié le skieur neuchâtelois. "C'est ici aussi que j'ai remporté, en 1998, ma 1ère victoire après une grosse blessure (réd: double fracture tibia-péroné), et ce à mon 2e départ sur cette piste. Il était important que ça se fasse ici".

Le tout frais "Suisse de l'année 2011" rumine sa décision depuis le printemps dernier, "dès le moment où j'ai annoncé que je continuais", dit-il. "Elle a grandi en moi ces derniers mois, et ne vient donc pas suite à Wengen". Didier Cuche est "persuadé que c'est le meilleur moment" d'annoncer sa retraite. "Je suis en forme et je suis capable de lutter pour la victoire".

L'envie d'aller jusqu'à 60 ans

"Si ça ne tenait qu'à l'envie, je skierais jusqu'à 60 ans, mais à un moment le coeur te dit que c'est le moment d'arrêter", confie l'homme aux 62 podiums Coupe du monde (18 victoires) et 6 Globes de cristal (4 en descente, 1 en géant et 1 en super-g), 4 médailles "mondiales" (or en super-G) et une "argent" aux Jeux olympiques. Et c'est justement sur le chemin de Kitzbuehel que c'est arrivé.

"C'est effectivement sur la route que j'ai pris conscience que je me rapprochais de cette décision", raconte Didier Cuche. "Je me suis toujours demandé quel serait le meilleur moment pour annoncer ma retraite. Mais aujourd'hui c'est là, dans mon estomac, je le sens", explique le skieur du Val-de-Ruz.

"Je me sens désormais plus léger"

Et maintenant que "la boule" est sortie, Cuche se sent "soulagé". "L'émotion est là, c'est certain. Mais la réflexion dure depuis si longtemps que je suis désormais soulagé. Ces derniers temps, je n'avais pas l'impression d'être libéré sur mes skis. Mais je ne sais pas si cela a eu une influence sur mes derniers résultats", lâche-t-il.

"Là, je me sens mieux. Est-ce parce que nous sommes à nouveau à Kitzbuehel? Que j'ai fait mon annonce? Je ne sais pas, mais je me sens désormais plus léger". De quoi, c'est certain, rêver à un 5e succès en descente sur cette Streif "toujours aussi folle" mais qu'il affectionne depuis ses débuts ici, il y a déjà 16 belles et riches années.

"Le record, ce serait bien"

Justement, n'allez pas imaginer que le "Sportif suisse de l'année " 2009/2011 va considérer la fin de la saison, de sa carrière, comme une "vulgaire" tournée d'adieux. Ce record de 5 succès à Kitzbuehel lui fait plus que de l'oeil. "Je n'ai aujourd'hui pas l'impression que je dois gagner une nouvelle fois", lance Cuche. "Je sais que je peux encore gagner. Le record, ce serait bien. Mais si je reste à 4, je serai malgré tout très fier de ce que j'ai fait".

Et, avec une pointe d'humour, d'annoncer qu'il attendra "aux côtés de Franz Klammer que quelqu'un dépasse nos quatre victoires sur cette piste. Et dire qu'à sa "première" ici, il aurait "préféré redescendre en cabine"...

3 victoires qui resteront gravées

Après avoir notamment remercié ses parents et son frère Alain - présents dans la salle -, Florian Lorimier, son préparateur physique, Chris Krause, son serviceman, ou encore ses physios, entraîneurs et sponsors, Cuche s'est aussi laissé aller à quelques souvenirs.

"Trois victoires me resteront toujours en mémoire", raconte-t-il. "L'or en super-G aux Mondiaux de Val d'Isère, Adelboden, où je gagne en 2002 avec une grosse avance et où mon histoire d'amour avec les fans suisses débute, et mon 1er succès ici, à Kitzbuehel". "Je ne suis jamais tombé ici, et il faut que ça continue de la sorte. J'ai toujours beaucoup de confiance quand j'arrive ici", précise le Vaudruzien.

"C'est l'histoire, c'est comme ça"

L'avenir, pour Didier Cuche, ce ne sera donc pas avec l'or olympique qu'il aurait tant souhaité. "La route est si longue jusqu'à Sotchi, et après tu n'as que 2' pour aller chercher l'or...", lâche-t-il. "Finalement, ça m'est égal de ne pas l'avoir. C'est l'histoire, il faut simplement composer avec".

Et s'il n'en sait pas encore trop par rapport à son après-carrière - "je vais travailler avec certains sponsors, mais le reste du puzzle va se mettre gentiment en place", Cuche veut profiter de ses dernières courses sur le Circuit. Et, outre Kitzbuehel, le Cirque blanc fera encore étape à Garmisch, Chamonix et Kvitfjell. Soit autant de pistes où le palmarès de Cuche pourrait s'étoffer.

De Kitzbühel, Daniel Burkhalter

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