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André Marty, de l’or au bout des doigts

Andre Marty prend la pose dans son atelier à Cheyres. [Floriane Galaud]
Andre Marty prend la pose dans son atelier à Cheyres. - [Floriane Galaud]
Dans son atelier à Cheyres, André Marty s’attelle à transformer les casques des athlètes en véritables œuvres d’art. Depuis bientôt 40 ans, l’artiste croque leur personnalité afin d’aller chercher au cœur de leur intimité leurs rêves les plus fous. RTSsport est allé à la rencontre du Fribourgeois aux mains d’or.
André Marty, l’artiste qui donne vie aux casques de ski
André Marty, l’artiste qui donne vie aux casques de ski / RTS Sport / 3 min. / le 23 octobre 2019

Sur les murs, ils sont là. Accrochés tels des trophées. Certains sont devenus aussi célèbres que les têtes qui les ont portés. A leur côté, des posters et photos accompagnés de petits mots de remerciement témoignent de la renommée de l’artiste. Les plus grands ont confié leur casque aux mains expertes d’André Marty.  A commencer par les skieurs suisses. Des anciennes gloires à la génération actuelle. "’Jai eu William Besse, Didier Cuche, Didier Défago, Vreni Schneider, les Kostelic...". La liste est encore longue.

Le casque est pour ainsi dire le prolongement de l’identité

André Marty

"Et actuellement, toute la famille Gisin, les Yule, Aerni, Murisier, Loic et Mélanie Meillard, Lara Gut. Pas mal de Français, des Italiens. Je ne les compte plus", se marre l’artiste. "Le mot juste pour désigner mon métier est designer d’identité", rectifie-t-il. "L’athlète ou monsieur tout le monde qui enfile un casque n’est plus reconnaissable. Le casque est le prolongement de l’identité. Notre métier est d’aller chercher au fond de lui ce qu’il a pour faire ressortir sa personnalité".

Certains peignent sur des toiles. D’autres sur du bois. André Marty, lui, a choisi d’exprimer son art sur les casques. Surprenant ? Pas tant que cela à en croire le bonhomme. "Le casque est un excellent support", justifie-t-il. "Le tableau, il reste chez toi. Alors que le casque voyage avec la personne. L’objet est visible pour tout le monde".

Aujourd’hui encore, son carnet de commandes ne désemplit pas avec pas moins de 180 athlètes pratiquant les sports d’hiver. Notamment le ski. C’est d’ailleurs avec un certain William Besse que son histoire d’amour avec la discipline est née. "Un jour, William Besse a débarqué. Un monument du ski à l’époque. On lui avait fait un casque avec un loup. Il avait défrayé la chronique et suite à cela, d’autres skieurs sont venus nous voire".

J’écouterai toujours l’athlète

André Marty

Mais parfois, la créativité de l’athlète est confrontée à la frilosité des sponsors. André Marty doit alors contenter chacune des parties. "Le sponsor de tête, tout comme la marque du casque, veulent être visibles. Nous devons parfois trouver des compromis pour satisfaire tout le monde. Mais tant que la demande respecte les règles de sécurité, j’écouterai toujours l’athlète". Malgré tout, il arrive que le sponsor mette son veto. Cela a été le cas pour Wendy Holdener qui s’est vu refuser son projet. "Wendy souhaitait que je réalise une radiographie de son cerveau. Artistiquement, l’idée était très sympa. Mais son sponsor n’a pas voulu ".

Au fil des ans, André Marty s’est forgé une solide réputation dans le milieu. Pour son talent bien sûr, mais pas seulement. Le Fribourgeois est aussi une oreille attentive. "Les gens viennent me voir pour que je réalise quelque chose qui leur ressemble. Pour ce faire, il faut échanger. On ne peut pas demander à l’athlète de s’ouvrir face à un mur. Alors je m’ouvre également et on évoque nos vies. Bien sûr, elles sont magnifiques d’un côté, plus sombres de l’autre côté. Ça crée des liens très forts qui perdurent."

Pour preuve, le sms reçu le matin même du reportage de la skieuse italienne Francesca Marsaglia. "Elle m’a demandé de lui envoyer une photo de son casque. Je lui en ai envoyé une toute floue car j’ai envie qu’elle le découvre quand elle le recevra. C’est ce plaisir-là qui coule dans nos veines."

Cheyres, Floriane Galaud - @FlorianeGalaud

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Visite surprise de Madonna!

Si les sportifs sont nombreux à pousser la porte de son atelier, les artistes ne sont pas en reste. A commencer par Madonna, qui a poussé les portes de son atelier pour se faire personnaliser une bombe d'équitation. Un souvenir qui fait toujours sourire André Marty. "A l’époque, j’étais installé à Yvonand. Quand elle a débarqué, je ne l’ai pas reconnue. Elle portait des lunettes de soleil. Comme je ne reçois que sur rendez-vous et que j’étais occupé avec un client, je lui ai demandé d’aller boire un café au village et de revenir 45 minutes plus tard. Et elle est revenue", sourit-il, pas peu fier de son coup.