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L'avalanche de blessures en ski alpin

L'Américaine Lindsey Vonn a encore chuté lors du super-G à Are. [Keystone - EPA/PONTUS LUNDAHL]
L'Américaine Lindsey Vonn a encore chuté lors du super-G à Are. - [Keystone - EPA/PONTUS LUNDAHL]
Face à la multitude de blessures en ski alpin, les infographies de RTS Sport analysent les absences des meilleurs skieurs en Coupe du monde. Les disciplines de vitesse sont en première ligne.

Les blessures rythment les Mondiaux de Are, en Suède. D'abord, par les absences qu'elles entraînent: l'équipe suisse est privée de Michelle Gisin, Mélanie Meillard, Marc Gisin ou encore Justin Murisier, tous au repos forcé.

Mais aussi pour avoir poussé le Norvégien Aksel Lund Svindal (36 ans) et l'Américaine Lindsey Vonn (34 ans) vers la retraite. Les deux champions, parmi les plus titrés de ces dernières années, ont été freinés par des problèmes récurrents aux genoux. Ils ont disputé à Are leurs dernières courses.

"Je vais avoir mal le reste de ma vie, mais je ne peux rien y faire. Je n'ai plus de cartilage, plus de ménisques, j'ai des plaques, des vis", expliquait Lindsey Vonn après sa chute lors du super-G. Un nouveau revers qui ne l'a pas empêchée de gagner dimanche la médaille de bronze en descente.

Maudit genou

Les blessures en ski alpin, ce n'est pas nouveau. Depuis 1959, douze skieurs de premier plan, dont onze descendeurs, ont même perdu la vie sur les pistes. Dernier décès en date: le Français David Poisson, à 35 ans, en novembre 2017 à la suite d'une chute à l'entraînement au Canada.

Soucieuse du problème, la fédération internationale de ski (FIS) a lancé en 2006 un système de surveillance des blessures. En douze saisons (2006-2018), un peu plus de 1000 cas ont ainsi été répertoriés en Coupe du monde. Soit entre 25 et 45 blessures pour 100 athlètes par saison.

Près d'une fois sur deux (47,4%), ce sont des ligaments qui sont touchés, loin devant les fractures (22,3%) et les muscles (11,4%). Les soucis des skieurs se focalisent sur une partie du corps: les genoux. A eux seuls, les traumatismes aux genoux sont à l'origine de près de deux tiers des absences de longue durée.

Sujet sensible

La blessure la plus fréquente, amplifiée depuis l'arrivée des skis carving, c'est donc la rupture des ligaments croisés du genou. Elle entraîne en général six mois d'arrêt. Parfois davantage. Or, la FIS publie toutes ces longues absences sous la catégorie "plus de 28 jours".

La FIS a refusé de transmettre les données détaillées de son système de surveillance. Même réponse de la fédération suisse, Swiss-ski. Le médecin chef de l'équipe a indiqué que chaque blessure était documentée, mais la fédération a également refusé de transmettre ces informations.

Peu de skieurs épargnés

A partir du calendrier des courses et des résultats en Coupe du monde, nous avons toutefois pu identifier les absences des skieurs. Même si cela ne représente pas l'ensemble des blessures, souvent soignées à l'intersaison, la recherche donne un aperçu de leurs conséquences sportives.

L'analyse a été réalisée pour les cinq meilleurs athlètes par discipline au cours de ces cinq dernières saisons, soit une soixantaine d'hommes et femmes. Les absences en Coupe du monde n'ont pas été prises en compte quand ils courraient encore dans d'autres catégories, comme la Coupe d'Europe.

Résultat: peu de skieurs sont épargnés par les blessures de longue durée. Et certains les accumulent, à l'image d'Aksel Lund Svindal. Le Norvégien a enchaîné des déchirures au talon d'Achille et aux ligaments des genoux qui l'ont handicapé durant trois saisons.

Les infographies ci-dessous, plus complètes sur ordinateur, montrent les courses manquées à cause de blessures de longue durée (en rouge), les absences ponctuelles (en orange) et les départs (en vert) en Coupe du monde, selon les spécialités.

L'exception Tina Maze

Parmi les rares exceptions figure Tina Maze. La Slovène, qui a pris sa retraite en 2015 à 32 ans, n'a raté que 2 courses sur 169 depuis 2010, toutes épreuves confondues. Autre fait rare, la polyvalente skieuse n'a pas quitté le circuit en évoquant des problèmes de santé, mais pour terminer ses études.

En vitesse, forfait une course sur cinq

Autre constat, la vitesse est davantage touchée que la technique. Sur l'échantillon de skieurs analysé, les spécialistes de descente et super-G ont raté, entre 2010 et 2019, en moyenne une course sur cinq (20% chez les femmes, 17% chez les hommes). Les absences se limitent à une compétition sur 10 chez les spécialistes de slalom et de géant (10% chez les hommes et les femmes).

Il faut remonter en février 2011 pour retrouver des forfaits de Marcel Hirscher, le grand dominateur des disciplines techniques. L'Autrichien avait dû faire l'impasse sur la fin de saison en raison d'une fracture au pied gauche.

Convalescences plus ou moins longues

Enfin, toutes les déchirures des ligaments ne se valent pas. Blessée le 12 décembre 2015 avant le slalom géant de Are, l'Américaine Mikaela Shiffrin a effectué son retour en février 2016, à peine trois mois plus tard. La Suédoise Sara Hector, touchée le même jour au genou, a elle dû patienter jusqu'en janvier 2017 avant de remettre un dossard.

Valentin Tombez

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