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Nicole Petignat est notre invitée du lundi

Teaser invité du lundi
Nicole Petignat arbitre au plus haut niveau suisse depuis 99.
Nicole Petignat a dû garder son sifflet en poche durant l'Euro 2008, mais elle n'a pas raté un seul une-deux. La Jurassienne de 42 ans évoque sa passion "footeuse".

"Vous avez vu le match?" Nicole Petignat (42) s'enflamme. Le
hors-jeu, trop peu pour elle. Depuis ses débuts en Super League en
1999 (NE Xamax - Bâle) à sa prochaine participation aux Jeux
olympiques de Pékin -elle arbitrera le tournoi féminin-, la
"masseuse" de Delémont a dirigé la finale de Coupe du monde
féminine 1999 à Los Angeles, ainsi que les Jeux de Sydney, en 2000.
Elle est également devenue, en 2003, la première femme arbitre à
diriger une rencontre masculine chapeautée par l'UEFA (AIK
Stockholm-Falkir en tour préliminaire de la Coupe UEFA).



Si elle avoue profiter parfois de sa jumelle Dominique dans sa vie
de tous les jours -"quand je ne veux pas parler d'arbitrage!",
Nicole Petignat évoque sa passion, sans jamais botter en touche. La
preuve!



TXT: - L'Euro 2008 s'est donc terminé
dimanche. Qu'en avez-vous pensé?




NICOLE PETIGNAT: Une véritable réussite, très
sympa et une bonne organisation. Je pense notamment aux fanzones,
où l'ambiance était formidable, notamment en raison de la présence
en Suisse des Hollandais et des Portugais. Quand je pense au monde
qu'il y avait à Bâle pour le quart de finale entre les Pays-Bas et
la Russie. J'ai même eu droit à une escorte de police pour me
rendre au stade avec ma voiture!



- Belle réussite aussi au niveau du football présenté par les
équipes, non?




NICOLE PETIGNAT: Par rapport à 2004, il n'y a
aucune comparaison possible. Moi je signe tout de suite pour un
Euro de la même qualité footballistique dans 4 ans. J'ai notamment
trouvé les Turcs formidables. Quel esprit d'équipe! Pour moi, c'est
ça le sport. Qui aurait pensé une seule seconde qu'ils pourraient
tenir pareillement tête à l'Allemagne avec 14 joueurs?



- Avec un entraîneur, Fatih Terim, qui ne doit pas être facile
à gérer pour un arbitre...




NICOLE PETIGNAT: C'est vrai qu'il dégage une
énergie impressionnante. Il vit chaque match intensément, en
communion étroite avec ses joueurs. Mais il est vrai aussi qu'avec
ses nombreux gestes, il surfe parfois sur la limite.

"Lorsqu'un arbite fait une erreur, je suis triste pour
lui."

- Justement, y-a-t-il une "tactique" spéciale pour un
arbitre envers un personnage de la trempe de Terim?




NICOLE PETIGNAT: C'est le rôle du 4e arbitre de
le surveiller. L'arbitre principal, lui, doit essayer de l'ignorer,
se concentrer sur son match. Car une remarque est parfois signe de
provocation... Avant le match, il a sûrement été demandé de l'avoir
à l'oeil.



- De manière générale, cet Euro a quand même été marqué par
son fair-play




NICOLE PETIGNAT: Les joueurs, qui se retrouvent
en club, se respectent davantage, grâce aussi à une plus grande
sensibilisation. Ce qui facilite évidemment le travail des
arbitres.



- Quand vous regardez un match, c'est avec l'oeil de l'arbitre
ou celui d'un simple spectateur?




NICOLE PETIGNAT: Plutôt avec celui d'un joueur,
car le spectateur a encore une autre vision des choses.
L'arbitrage, j'essaie d'en faire abstraction, même si je suis un
peu triste pour l'arbitre si celui-ci fait une erreur. Je me mets
alors à sa place et suis mal à l'aise.



- Pendant cet Euro, vous avez servi de "filtre" dans les
stades concernant les images diffusées sur les écrans géants. Une
sorte de censure?




NICOLE PETIGNAT: Le but est d'offrir de belles
images, pas de provoquer. C'est quand même la fête du football. A
quoi cela sert-il de montrer des situations chaudes et d'exciter
les spectateurs? L'objectif est de créer une ambiance harmonieuse
entre les deux camps, pour que cela soit la fête. C'était une idée
de Michel Platini.

Contre un arbitrage à cinq

- Qu'avez-vous pensé de
l'arbitrage pendant cet Euro? Certaines décisions ont alimenté bien
des discussions..
.



NICOLE PETIGNAT:

Si un arbitre ne fait aucune
erreur en 90', je le félicite. L'erreur est humaine, non? Pour ce
qui est du fameux "hors-jeu" lors d'Italie - Pays-Bas, je n'aurais
pas sifflé non plus car l'Italien n'était pas blessé. C'est une
règle connue. Si Panucci avait levé la main, ça aurait été
différent.



- On parle quand même d'une prochaine révolution au niveau de
l'arbitrage. Sepp Blatter, le patron de la FIFA, évoque même un
système à cinq arbitres..
.



NICOLE PETIGNAT:

Ca ne peut pas marcher! Qui
prendra la décision. L'un sifflerait un truc d'un côté, alors que
l'autre non. Ce serait trop aléatoire. Et il ne faut pas oublier
que les footballeurs sont très sensibles au sifflet de l'arbitre!
Aujourd'hui, le foot va tellement vite que c'est simplement l'oeil
humain qui ne suit plus!



- Quelle est donc votre solution?



NICOLE PETIGNAT:

Le challenge, comme au tennis.
Chaque équipe n'aurait droit qu'à une possibilité par match. Mais
pour que cela soit crédible, il faut pouvoir compter sur 30
caméras, et pas seulement 3 comme en Suisse! N'oublions pas que la
distance joue un très grand rôle, de même que la vitesse du jeu.
Imaginez un peu avec les Russes, qui jouent à une touche...



TXT/Propos recueillis par Daniel Burkhalter

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Nicole Petignat express

La première chose que vous faites le matin: je me brosse les dents.

Votre plat préféré: le riz. Par rapport aux pâtes, il convient mieux à mon groupe sanguin. En saison, je dois faire attention à ce que je mange.

Votre boisson préférée: l'eau plate.

Votre destination de vacances favorite: Chez moi car je n'y suis pas souvent!

Votre principale qualité: la volonté.

Votre principal défaut: l'impatience.

Pour vous, l'arbitrage, c'est: ça ne représente pas autant que le foot, mais c'est quand même 50% de ma vie.

Si vous n'aviez pas été arbitre: je voulais être joueuse. Mais arbitre, ça me permet de voyager et de rencontrer beaucoup de monde autour du foot.

Votre meilleur souvenir: la finale de Coupe de Suisse Bâle-Lucerne que j'ai arbitrée la saison passée.

Votre pire souvenir: un YB-GC d'il y a 7-8 ans, avec 10 "jaunes" et 3 "rouges". J'avais envie de me cacher dans un trou

Votre salaire: en ASL, c'est 1000 fr. par match. Ca ne suffit pas pour vivre, avec 1-2 parties par mois. En Allemagne, c'est 5000 euros par rencontre...

"Le meilleur match, ce n'est jamais la finale!"

- Pensez-vous qu'une femme arbitrera un jour un Euro ou un Mondial?
NICOLE PETIGNAT: Non, jamais! Non seulement à cause de la pression et aussi du fait que les gens n'ont pas l'habitude de voir une femme siffler.

- Pourtant, vous arbitrez en Suisse!
NICOLE PETIGNAT: J'ai de la chance, car les Suisses sont plus tolérants... En Allemagne, il y a une femme qui arbitre en 2e Bundesliga. Mais je ne pense pas qu'elle accédera à l'élite un jour. N'oublions pas non plus que les tests physiques deviennent toujours plus difficiles. Quand j'étais avec Urs (ndlr: Meier), je me souviens que lui n'avait pas grand-chose à faire, alors que moi je devais vraiment forcer...

- Massimo Busacca n'a pas arbitré la finale. Un scandale selon vous?
NICOLE PETIGNAT: Mais le meilleur match, ce n'est jamais la finale! Souvenez-vous du Mondial 2006, avec ce 1-1 à mourir entre l'Italie et la France. La finale, c'est juste un titre. Pour moi, c'est le football qui prime.

- Vous parlez beaucoup aux joueurs, un peu comme une mère avec ses enfants. Un style Petignat ou style féminin?
NICOLE PETIGNAT: C'est mon style. Quand c'est "chaud", j'aime montrer que je suis là. Et je préfère parler avec les joueurs que donner des cartons! Souvent, quand un joueur me critique, je réponds que je ne critique pas leur travail non plus. Mais il m'arrive de m'excuser après une erreur. J'accepte quand je suis "à côté".

- Des joueurs vous draguent parfois?
NICOLE PETIGNAT: Certains ont essayé au début, mais je n'aime pas ça. On me prend désormais pour un arbitre, pas pour une femme. On me respecte.