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Yves Débonnaire, la passion au service des jeunes

Yves Débonnaire, "le foot, c'est de la joie et de la passion".
Yves Débonnaire, "le foot, c'est de la joie et de la passion".
Yves Débonnaire, entraîneur de la Suisse M16, met depuis plusieurs années ses compétences à disposition de la relève helvétique. Il suit également avec passion, parfois sur l'antenne de la TSR, les performances de la Nati.

Instituteur de formation et ancien joueur de Ligue nationale A,
Yves Débonnaire concilie aujourd'hui ses deux passions. Il s'occupe
désormais de l'équipe de Suisse des moins de 16 ans.



Un choix délibéré. "Après avoir vécu quelques expériences et
au vu de ce qu'est ma vie, je me sens plutôt enseignant
qu'entraîneur d'actifs"
, relève celui qui officie également
régulièrement comme consultant à la TSR.



Yves Débonnaire, pour qui un groupe de fans s'est créé sur
Facebook, est un passionné de football. Une passion qu'il vit avec
les jeunes, mais aussi avec l'équipe nationale. Interview.

Il faut un juste équilibre

On ne peut pas
empêcher un jeune de vivre sa passion, et d'en vivre après, mais on
doit aussi le mettre en garde

Yves
Débonnaire

tsrsport.ch:

-
Vous avez fait le choix de travailler avec des jeunes. Quelle
philosophie voulez-vous leur transmettre
?



YVES DEBONNAIRE:

La même chose que lorsque
j'enseignais. Il y a des moments ou l'on doit apprendre, d'autres
qu'on doit vivre avec passion. On doit "bouffer" la vie, on doit
"bouffer" le foot avec passion. C'est un jeu, c'est merveilleux,
c'est une chance extraordinaire et il faut essayer d'avancer et de
toujours apprendre quelque chose de plus. Les jeunes ont encore
beaucoup de demandes, beaucoup d'envie. Ils sont très partenaires
pour ce qu'on leur propose. En espérant qu'on ne se trompe pas trop
des fois.



tsrsport.ch:

: - Parfois les parents ne sont
pas prêts à laisser leur enfant s'engager dans le sport. Que leur
diriez-vous?




YVES DEBONNAIRE:

Il doit y avoir un partage
intelligent. On ne peut pas empêcher un jeune de vivre sa passion,
et d'en vivre après, mais on doit aussi le mettre en garde. Une
pratique du sport liée à une scolarité de qualité est quelque chose
d'essentiel pour l'équilibre. Ensuite, la période de
l'apprentissage et des études est plus délicate pour la pratique du
sport. Là, on doit trouver quelque chose, quitte à proposer un
"congé" et reprendre les études plus tard si c'est nécessaire. On
peut débuter une formation à 19 ans...



tsrsport.ch:

: - Quelle est la force du
système de formation en Suisse?




YVES DEBONNAIRE:

C'est d'abord qu'il est
structuré. C'est très helvétique! On a une structure et des
conditions de qualité. Maintenant, la Suisse a quand même d'abord
la fonction de sortir des sportifs individuels, comme Federer,
Cologna ou Défago. On a plus de peine au niveau des équipes parce
que la possibilité de contingent est moins grande. Mais là aussi,
on ne s'en sort pas mal. Maintenant, si on veut former des talents,
parce que les grandes équipes se nourissent de talents, on doit
peut-être réfléchir de manière différente en mettant moins en avant
le collectif que le joueur.

En route pour le Mondial

tsrsport.ch:

- Est-ce que le titre mondial des
M17 a un impact sur la formation
?



YVES DEBONNAIRE:

Oui, parce que c'est un
événement phénoménal qui met en avant la qualité de nos structures.
Maintenant, ce n'est pas non plus une garantie de succès pour
l'équipe A dans les 10 ans à venir. Ce sont les talents qui
s'intégreront au groupe qui permettront à la Nati d'être meilleure.
Mais le titre des M17 met aussi en avant un homme qui a travaillé
avec une équipe, et qui a su faire passer ses convictions. C'est
Dany Ryser.



tsrsport.ch:

- Vous travaillez avec les
jeunes. Mais est-ce que ça vous intéresserait d'entraîner un jour
l'équipe A
?



YVES DEBONNAIRE:

(rires) Ca peut intéresser
toujours tout le monde, parce que c'est quand même le sommet. Ca
doit être exceptionnel de préparer et de vivre un Suisse-Angleterre
ou un Suisse-Espagne. Tout entraîneur a envie de coacher au plus
haut niveau. Mais honnêtement, aujourd'hui, j'ai fait un choix de
formation et je ne me vois pas diriger une équipe d'actifs. Mais
comme il ne faut jamais dire jamais, d'ici trois ans je pourrais
avoir une vision différente. Diriger la Nati restera toutefois dans
le domaine du rêve. D'un beau rêve...



tsrsport.ch:

- L'équipe va commencer mercredi
sa campagne de préparation pour le Mondial. Quel est le travail à
accomplir
?



YVES DEBONNAIRE:

En général, pour l'entraîneur,
c'est d'abord de faire un tour de son contingent, de voir la forme
des joueurs. Il doit aussi essayer de modifier ce qui n'a pas
fonctionné durant les qualifications. Un entraîneur est un
perfectionniste. Il va donc essayer de voir, de ressentir les
joueurs. Il va être inquiet parce que Frei ne jouera pas durant 8 à
10 semaines ou parce que Senderos a des problèmes de dos. Il va
essayer de trouver des solutions de rechange. Il va aussi
progressivement créer son contingent, puis le "11" pour les matches
contre l'Espagne, le Chili et le Honduras. Quand il y a un
rassemblement comme la semaine prochaine pour le match contre
l'Uruguay, l'entraîneur va aussi travailler des aspects précis du
jeu. C'est compliqué, sélectionneur national. Vous n'avez pas les
joueurs du lundi au samedi. Il faut mettre des priorités et des
objectifs. Actuellement, ce sont les hommes.

Le secteur offensif ne se limite pas au nombre
d'attaquants

On rêve tous de
jouer comme l'Espagne ou le Brésil

Yves
Débonnaire

tsrsport.ch:

-
Quel but a réellement un match amical comme celui contre
l'Uruguay
?



YVES DEBONNAIRE:

Même s'ils les rencontrent peu,
les entraîneurs ont beaucoup d'informations sur leurs joueurs. Mais
la préparation permet de parler avec eux, de voir où ils en sont,
comment ça se passe pour eux dans leur club. Ca permet un relation
proche qui est trop rare pour les sélectionneurs. Et puis, c'est
profiter du terrain pour travailler, mettre en place 2-3 choses,
avancer progressivement et faire quelques essais. Un match comme
celui contre l'Uruguay permet de voir l'état de forme des joueurs,
de mettre en place certaines choses face à une équipe qui est dans
la ligne de celles qu'on va rencontrer au Mondial.



tsrsport.ch:

- Qu'est-ce qui a changé entre
l'ère Kuhn et l'ère Hitzfeld
?



YVES DEBONNAIRE:

Je pense que ce sont les gens
qui ont collaboré avec les deux entraîneurs, qui ont vécu les deux
époques, qui peuvent le mieux en parler. De l'extérieur, c'est
difficile. Avec Hitzfeld, je dirais que l'équipe suisse a été très
très bien organisée, qu'elle a très bien vécu les moments
importants. Quant il a fallu faire 0-0 contre Israël, elle l'a
fait. Un coaching supplémentaire en fin de match a permis un succès
contre la Grèce. Mais avec Kuhn, on a aussi vu ça. La seule chose
qu'on peut dire, c'est qu'après la défaite contre le Luxembourg, le
coach national a dû être très fort pour faire croire aux joueurs
que tout était encore possible. Je ne sais pas si ça aurait été
possible avant...

Le résultat avant la manière

tsrsport.ch:

- Le
public se plaint parfois du jeu présenté. Que lui
répondez-vous
?



YVES DEBONNAIRE:

Est-ce que la Suisse a souvent
montré un jeu spectaculaire? On rêverait tous de jouer comme
l'Espagne ou le Brésil. Simplement, on n'en a pas les moyens. On
peut simplement s'en inspirer et s'adapter. Avec l'équipe de
Suisse, il y a une réalité. Il faut essayer de se qualifier. Donc
lorsque vous jouez contre Israël et qu'un point suffit, l'essentiel
est de l'obtenir. Bien sûr, le public veut un spectacle, le sport
doit être un spectacle, mais le résultat est plus important. La
Suisse peut faire des progrès dans le jeu, mais doit garder ses
propres qualités.



tsrsport.ch:

- A l'Euro 2008 en Suisse, les
attaquants faisaient défaut. Aujourd'hui c'est la défense qui pose
problème
?



YVES DEBONNAIRE:

Le sport, c'est amusant, on le
sait. On était très solide en 2006 à la Coupe du monde avec
Senderos-Müller. Mais avec tous les problèmes qu'il y a eu ensuite,
la Suisse a malgré tout conservé une stabilité défensive. Elle a
été solide quand elle le devait. En attaque, on est pourvu
actuellement. Mais le jeu offensif ne se limite pas au nombre
d'attaquants. Il faut pouvoir leur faire parvenir le ballon. C'est
peut-être dans cette phase finale qu'il y a une adaptation à faire.
Mais c'est plus difficile.



Propos recueillis par Aline Gagnebin

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Yves Débonnaire express

La première chose que vous faites le matin: je vais à la douche

Principale qualité: la passion.

Principal défaut: je suis parfois trop pressé. Je veux tout, tout de suite.

Meilleur souvenir: côté sportif, c'est la Coupe de Suisse gagnée avec Sion. Côté personnel, ce sont mes 3 garçons.

Pire souvenir: le décès de ma mère.

Boisson préférée: le coca-cola, mais il ne faut pas trop le dire...

Plat préféré: les filets de perche.

Le dopage: c'est une horreur, de la bêtise, de l'escroquerie.

Le foot: de la joie et de la passion, simplement ça.

Si vous n'aviez pas été dans le foot: j'aurais été enseignant. Pas professeur, mais instituteur.

Votre devise: Rire souvent, mériter le respect des intelligents et l'affection des enfants.

Personnalité préférée: ma femme.