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Marco Schällibaum, l'Impact helvétique

Marco Schällibaum a parfaitement entamé sa mission à la tête de l'Impact de Montréal. Son club est invaincu en MLS. [Impact de Montréal]
Marco Schällibaum a parfaitement entamé sa mission à la tête de l'Impact de Montréal. Son club est invaincu en MLS. - [Impact de Montréal]
Ex-entraîneur de Bâle, Young Boys, Servette ou encore Sion, Marco Schällibaum dirige l'Impact de Montréal depuis le début de l'année, en Major League Soccer (MLS). Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le message du Zurichois passe à merveille à Nesta, Di Vaio et Cie: 4 matches et 4 victoires!
Schällibaum, entouré par son président Joey Saputo (à gauche) et son directeur sportif Nick De Santis (à droite). [Ryan Remiorz]

A Montréal, à l'ombre du Canadien de Rafael Diaz et Yannick Weber, le football se fait gentiment sa place. Et c'est un peu grâce à un autre Suisse, Marco Schällibaum (51 ans), nommé coach à la surprise générale en janvier, et qui a depuis conduit l'Impact au sommet de sa 2e saison de Major League Soccer (MLS): 4 victoires en 4 matches!

"Schälli" avait pourtant disparu des radars pendant deux ans, période pendant laquelle l'ex-coach de Bâle, YB, Servette ou Sion a oeuvré comme formateur FIFA d'entraîneurs en Corée du Sud, Mongolie et Qatar. Il a aujourd'hui retrouvé une lumière méritée au Canada.

Le Zurichois, ex-défenseur international, a évoqué son aventure nord-américaine par téléphone avec RTSsport.ch.

RTSsport.ch: Marco Schällibaum, comment avez vous atterri à l'Impact de Montréal?

MARCO SCHAELLIBAUM: Vous savez, le monde est grand, mais parfois petit aussi. En fait, tout a commencé grâce à Gaetano Giallanza (réd: ex-joueur de Bâle, Servette, Sion ou encore Norwich devenu agent), que je connaissais un peu, et qui entretient de bons rapports avec Nick De Santis, le directeur sportif de l'Impact. Le club cherchait un entraîneur européen et Giallanza m'a proposé. J'ai ensuite rencontré De Santis à Zurich à la mi-décembre, puis me suis rendu au Canada juste avant Noël, pour un entretien avec le président du club, Joey Saputo.

Nous avons tout de suite eu un bon feeling. Nous partagions également la même passion, la même philosophie de jeu. Après, je n'étais pas le seul car ils avaient reçu près de 150 dossiers. Mais c'est moi que le club a choisi, et j'ai signé un contrat d'un an avec option au mois de janvier dernier.

"Je n'aurais pas pu rêver de meilleurs débuts"

RTSsport.ch: Et vous n'avez pas manqué vos débuts, avec un tournoi de préparation remporté en Floride, et 4 victoires en 4 matches en ce début de saison de MLS!

MARCO SCHAELLIBAUM: Oui, effectivement je n'aurais pas pu rêver mieux! Mais je sais aussi que le chemin est encore long. L'Impact dispute sa deuxième saison en MLS, et lors de la première, il n'avait pas pu se qualifier pour les playoff...

Schällibaum (au fond, à gauche, en bleu) dirige l'entraînement. [Impact de Montréal]

RTSsport.ch:

On imagine qu'entre le football en Amérique du Nord et la Super League, il y a de sacrées différences, non?

MARCO SCHAELLIBAUM: C'est un football très physique ici, et même si la comparaison avec la Super League est difficile, je pense que le niveau se tient plus ou moins. Sinon, la grande différence, ce sont les voyages. Parfois, vous avez 4-5 heures de vol, du décalage horaire, etc. Heureusement que j'ai un staff qui connaît déjà bien cet univers et qui m'aide énormément.

RTSsport.ch: Et, comme pour les autres sports nord-américains, c'est la ligue, la MLS, qui gère quasiment tout, à commencer par le contingent...

MARCO SCHAELLIBAUM: Tout à fait, mais la base était là quand je suis arrivé, avec 20-22 joueurs sous contrat. Mais vous savez, le sport nord-américain est parfaitement organisé, et tout roule parfaitement.

"Je suis comme un enfant qui découvre de nouvelles choses"

RTSsport.ch: Mais on imagine que, malgré votre expérience d'entraîneur, vous découvrez de nouvelles choses et vivez surtout une sacrée expérience, non?

MARCO SCHAELLIBAUM: Oh oui, j'apprends beaucoup, et tous les jours! Vous savez, je suis comme un enfant qui découvre de nouvelles choses. C'est passionnant. Reste que, je l'avoue, quand j'ai pris l'avion pour aller à Montréal, en janvier, c'était spécial. Je me sentais un peu "bizarre" (rires).

RTSsport.ch: Comment avez-vous été accueilli, vous l'entraîneur suisse?

Champion du monde 2006 avec l'Italie et vainqueur de la Champions League avec Milan, Alessandro Nesta évolue désormais à Montréal. [KEYSTONE - Paul Chiasson]

MARCO SCHAELLIBAUM:

Mais très bien! J'ai senti depuis le début une grande confiance de mes dirigeants. Après, c'est comme partout, il faut travailler dur pour atteindre ses buts. Moi, je suis venu avec mes idées, mais pas avec la conviction que j'avais inventé le football. Il faut savoir que la formation des entraîneurs en Suisse est bonne, et les diplômes sont reconnus. Et ça, mes dirigeants en étaient parfaitement conscients. Aujourd'hui, un certain respect s'installe ici, et notre travail sur le terrain est bien apprécié. Toutefois, il ne faut jamais oublier d'où on vient. Rien n'est jamais acquis!

RTSsport.ch: Et vous dirigez deux stars italiennes, Alessandro Nesta (ex-Milan) et Marco Di Vaio (ex-Juventus, Bologne,...).

MARCO SCHAELLIBAUM: Ce sont évidemment deux stars, mais en même temps deux personnages très simples, avec un gros volume, et pas seulement à cause de leur CV. Je me réjouis tous les matins de les voir et d'avoir la chance de travailler à leurs côtés!

Propos recueillis par Daniel Burkhalter

Ici le reportage consacré par SRF à Marco Schällibaum à Montréal (24 mars, en allemand)

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"On ne prendra jamais la place du Canadien"

RTSsport.ch: A Montréal, vous êtes en pays de hockey. Comment vous, les "footeux", êtes-vous accueillis par le public?
MARCO SCHAELLIBAUM: Vous savez, même si on compte 25'000-30'000 spectateurs à chaque match, on ne prendra jamais la place du Canadien. Ici, c'est une religion! Si le foot peut être no2 ou no3 à Montréal, c'est déjà bien.

RTSsport.ch: Vous n'êtes pas sans savoir que vous n'êtes pas le seul sportif suisse à Montréal. Les hockeyeurs Rafael Diaz et Yannick Weber évoluent, justement, au sein du Canadien...
MARCO SCHAELLIBAUM: Oui oui, je suis d'ailleurs déjà allé les voir jouer deux fois. J'ai le numéro de téléphone de Diaz, et je sais que lui aussi a émis le souhait de me rencontrer. Mais entre eux qui jouent tous les deux jours et nous qui sommes souvent loin aussi, ça n'a malheureusement pas encore pu se faire. Mais bientôt, j'espère.

RTSsport.ch: Justement, avec ces déplacements, votre tâche ne doit pas être aisée...
MARCO SCHAELLIBAUM: Suivant où nous jouons, et notamment à l'Ouest, nous voyageons deux jours avant le match. Histoire de se faire au décalage horaire. Sinon, quand le déplacement est "court", nous voyageons la veille. Après, il faut aussi préparer les rencontres, ce qui demande aussi une certaine adaptation puisque nous jouons parfois sur synthétique et d'autres fois sur gazon. D'ailleurs, même à domicile, nous avons joué nos premières parties en indoor au stade olympique à cause du froid et de la neige. Mais nous allons bientôt retrouver notre stade Saputo et son véritable gazon!

RTSsport.ch: Dernière question, comment est la vie à Montréal? Et le Québécois n'est il pas trop difficile à comprendre?

MARCO SCHAELLIBAUM: Je m'y sens parfaitement à l'aise, même si ma famille est restée en Suisse (réd: son épouse et sa fille lui rendent actuellement visite jusqu'à mercredi, puis reviendront 4 semaines cet été). J'ai mon petit appartement dans le Vieux-Montréal, et j'apprécie d'avoir mon "chez moi". En plus, on me reconnaît gentiment dans la rue, même si ce n'est pas quelque chose qui m'importe beaucoup. Pour ce qui est de la langue, ça demande une certaine adaptation par rapport au français. J'ai d'ailleurs appris qu'on ne dit pas "bonjour", mais "bon matin"! Mais c'est très sympa. Tout est très sympa!