Jean-Kévin Augustin: "Plus jeune, je me reposais trop sur mes acquis"

Ses années au centre de formation du PSG, son passage en Bundesliga, un titre de champion d'Europe M19, les blessures, sa signature au FC Bâle. Jean-Kévin Augustin fait un tour d'horizon pour RTSsport.ch.

RTSsport.ch: Vous avez rejoint le FC Bâle en début de saison. Quel regard portez-vous sur vos premiers mois?

JEAN-KEVIN AUGUSTIN: On ne se voyait pas vraiment à cette place. De nouveaux joueurs sont arrivés en début de saison, il faut toujours un laps de temps pour avoir des automatismes sur le terrain. Personnellement, je suis arrivé et j'ai été blessé durant 2 mois, donc cela m'a forcément ralenti dans ma préparation, j'ai pris du retard par rapport aux autres joueurs. Au niveau de mon intégration dans l'équipe, tout s'est très bien passé.

RTSsport.ch: Vous avez joué en France, en Allemagne et en Angleterre. Comment s'est passée votre adaptation en Suisse?

JEAN-KEVIN AUGUSTIN: J'ai beaucoup voyagé, j'ai joué dans quelques pays dont l'Allemagne, donc je parle l'allemand et il n'y a pas de problème de ce côté-là. C'est un environnement familial, on est souvent ensemble. Mais de toute manière je sais m'adapter partout.

"Je voulais juste jouer au football"

RTSsport.ch: Vous avez percé très tôt avec, notamment un titre de champion d’Europe M19 avec la France et un titre de meilleur joueur et buteur du tournoi. Comment avez-vous vécu ce succès précoce?

JEAN-KEVIN AUGUSTIN: J'étais dedans donc je n'y ai pas vraiment porté d'attention. Tout ce que je voulais, c'était jouer au football. Au quotidien, j'étais avec de très grands joueurs au PSG comme Zlatan Ibrahimovic et Thiago Silva. Pour moi, c'était quelque chose d'extraordinaire d'être avec eux. Je n'avais qu'une envie, c'était de tout donner.

RTSsport.ch: Comment s'est passée la cohabitation avec les Ibrahimovic, Cavani, Silva, etc?

JEAN-KEVIN AUGUSTIN: Au début, je n'allais pas trop vers eux car j'étais timide et impressionné. Mais quand j'ai commencé à être vraiment intégré au groupe professionnel du PSG, ils m'aidaient, me donnaient des conseils ou alors j'allais vers eux pour savoir comment faire ci ou ça pour pouvoir l'appliquer quand je jouais avec la CFA ou l'équipe de France. Je pense que cela m'a beaucoup aidé.

"Le football, c'est une continuité"

RTSsport.ch: Au final, on constate qu’il est très difficile de s’imposer en tant que jeune joueur dans un club comme le PSG. Que faut-il pour franchir ce palier?

JEAN-KEVIN AUGUSTIN: C'est très compliqué car il y a beaucoup de top-joueurs devant. Les jeunes doivent s'inspirer et apprendre des joueurs qui sont avec eux au quotidien pour que le jour où ils auront leur chance, au PSG ou ailleurs, ils puissent mettre en pratique ce qu'ils ont appris. Le chemin est très long, le football ce n'est pas un an ou deux. C'est une continuité, il faut travailler et être régulier. Plus jeune, je me reposais trop sur mes acquis et j'avais un peu la flemme de bosser. Quand on arrête de travailler, on se fait dépasser par les autres.

RTSsport.ch: En 2017, vous êtes parti du PSG pour Leipzig. Cela a-t-il été une grosse déception de quitter votre club formateur?

JEAN-KEVIN AUGUSTIN: Cela ne m'a pas fait de peine car je me sentais prêt à partir pour aller jouer ailleurs pour montrer ce que j'étais capable de faire. Je pense que j'avais beaucoup appris auprès de grands joueurs et que c'était le moment de me lancer car le temps passait. Si on voit qu'on joue très peu, il est temps de partir.

RTSsport.ch: Vous avez connu votre meilleure période d’un point de vue comptable avec Leipzig (réd: 20 buts en 67 matches). La Bundesliga est-elle le championnat qui vous correspond le mieux?

JEAN-KEVIN AUGUSTIN: Oui, ça s'est bien passé surtout la première saison lorsque Ralph Hasenhüttl était l'entraîneur. En arrivant, j'étais tout de suite prêt à jouer. Après, il a fallu que j'apprenne l'allemand car l'équipe parlait l'allemand. Mais j'avais quelques Français avec moi et un traducteur, donc ça s'est bien passé. Vous savez, le football ce n'est qu'un seul langage (rires). La Bundesliga est un championnat idéal pour les jeunes joueurs car c'est ouvert, les équipes essaient de jouer, il y a des espaces, etc.

"Plus jeune, j'étais 'foufou'"

RTSsport.ch: Votre carrière a également été marquée par des soucis de comportement, notamment avec Leipzig et l’équipe de France espoirs. Etait-ce dû à un manque de maturité, à un manque d'expérience?

JEAN-KEVIN AUGUSTIN: A cette époque, j'essayais de faire à ma manière dès que je n'étais pas content. Aujourd'hui, quand je suis énervé, je vais prendre du recul, je vais réfléchir avant d'agir. Quand j'étais plus jeune, je ne pensais pas de la même manière, je voulais aller directement affronter la personne avec laquelle j'étais en conflit. Mais ce n'est pas la solution. Il faut discuter pour essayer d'arranger les choses. Plus jeune, j'étais "foufou", je ne réfléchissais pas.

RTSsport.ch: Vous n’avez que 25 ans, mais vous avez déjà acquis beaucoup d'expérience. Comment voyez-vous les prochaines années?

JEAN-KEVIN AUGUSTIN: Aujourd'hui, j'ai des objectifs collectifs et personnels avec le FC Bâle mais je ne me mets pas de pression. J'ai signé un contrat de 3 ans, je ne suis pas pressé. Je veux revenir à mon meilleur niveau et ça passera par le travail, par mes performances. Quand on arrête de jouer pendant une longue période, le corps perd le rythme. Il faut avancer petit à petit.

RTSsport.ch: Vous vous êtes fixé des objectifs personnels cette saison. S'agit-il de retrouver vos sensations, ou de marquer un certain nombre de buts?

JEAN-KEVIN AUGUSTIN: Dans ma tête, je me suis fixé un nombre de buts. Mais je le garde pour moi (sourire). Mais je veux surtout rejouer régulièrement.

Propos recueillis à Bâle par Axel David