Publié

La Suisse court moins que ses adversaires

Comme contre la Turquie, la Squadra azzurra a été généreuse dans l'effort. [Claudio De Capitani]
Comme contre la Turquie, la Squadra azzurra a été généreuse dans l'effort. - [Claudio De Capitani]
Les Suisses mouillent-ils suffisamment le maillot? L'équipe de Vladimir Petkovic a moins couru que ses adversaires lors des deux premiers matches de l'Euro. Son manque d'abnégation a été relevé au sein même du groupe.

"Il faudra tout donner à l'équipe parce que ce soir tout le monde ne l'a pas fait." Cette phrase forte lâchée par Kevin Mbabu après la défaite contre l'Italie remet en question l'engagement des Suisses lors de ce début d'Euro. Même si le latéral de Wolfsburg n'a pas précisé à qui il faisait allusion, ses propos sont rares dans le football.

Une statistique vient corroborer les déclarations de l'international helvétique: les Suisses courent moins que leurs adversaires. C'était le cas mercredi soir contre l'Italie (6,5 kilomètres de moins), mais aussi contre le Pays de Galles samedi (3 kilomètres de moins).

Tous les secteurs concernés

La différence a été particulièrement marquée lors de la lourde défaite contre l'Italie. En moyenne, chaque Suisse a couru 600 mètres de moins que les Italiens.

Qu'il s'agisse des défenseurs, milieux ou attaquants, les joueurs suisses ont été moins mobiles dans tous les secteurs du jeu, comme le montre le graphique ci-dessous.

Le coup de gueule de Michel Pont

Après la petite prestation des Suisses, Michel Pont a lancé jeudi un coup de gueule sur le plateau du 12h45. "Il faut qu'il y ait une prise de conscience", a déclaré l'entraîneur assistant de la sélection helvétique de 2001 à 2014, soulignant "le manque d'agressivité et d'engagement".

"Il faut que l'équipe retrouve son âme", a insisté Michel Pont, qui avait envie de réveiller les joueurs. Comment? "Tu gueules, tu balances une bouteille à travers le vestiaire pour créer une réaction".

L'analyse de Michel Pont, ancien entraîneur adjoint de l'équipe de Suisse.
L'analyse de Michel Pont, ancien entraîneur adjoint de l'équipe de Suisse. / 12h45 / 5 min. / le 17 juin 2021

Equipe "poussive"

Le manque d'abnégation de l'équipe de Suisse avait déjà été relevé par Stéphane Henchoz avant la rencontre face à l'Italie. Interrogé par Forum, l'ancien international l'avait qualifiée de "poussive" contre le Pays de Galles, ajoutant "qu'elle n'a pas globalement tout donné".

A l'inverse, l'ancien défenseur de Liverpool louait l'énergie déployée par les Italiens lors de leur premier match. Un commentaire toujours d'actualité après la rencontre de mercredi soir: "Les gars, c'est des morts de faim. Ce sont des bons joueurs, d'accord, mais ce sont des bons joueurs qui sont morts de faim. On voit avant le match qu'ils sont prêts à tout donner et, sur le terrain, ils le montrent. Par contre, l'équipe suisse, elle est là, elle joue, elle ronronne."

>> Ecouter son interview :

Stéphane Henchoz: "Globalement, la Suisse n'a pas tout donné"
Stéphane Henchoz: "Globalement, la Suisse n'a pas tout donné" / RTS Sport / 4 min. / le 13 juin 2021

Valentin Tombez et Tybalt Félix

Publié

Michel Pont: "Il faut une sacrée mise au point dans le vestiaire"

L'ancien sélectionneur adjoint a accepté de répondre à nos questions, sur les propos de Kevin Mbabu mais aussi sur ces faibles distances parcourues par les joueurs suisses.

- Avez-vous été surpris par les propos de Kevin Mbabu après le match?

Non, il a été d’une franchise rare. La question qui se pose c’est: est-ce qu’il parle à chaud sous le coup de l’émotion ou s’il y a un malaise plus profond dans l’équipe. En tout cas, tout cela mérite une mise au point, cordiale ou pas du tout cordiale, au sein de l’équipe.

- Une équipe qui court peu, est-ce préoccupant?

Il y a toujours plusieurs raisons qui expliquent les différences de courses effectuées. Ce qui est plus important, c’est l’intensité des courses, comme lorsque Locatelli court 60 mètres à fond pour aller marquer un but. Ces courses-là  manquent à la Suisse. Mais la statistique globale des courses confirme en l’occurrence l’impression générale: l’engagement des Suisses est totalement insuffisant.

- Les joueurs suisses peuvent-ils relever la tête?

Leur passivité pose beaucoup de questions. Ont-ils été tétanisés, submergés par le sentiment qu’ils ne pouvaient rien faire contre cette Italie très impressionnante? Il faudra voir dimanche si les joueurs ont la personnalité, la capacité d’y voir clair sur ce qu’ils veulent accomplir. On saura si quelque chose est cassé dans ce groupe ou s’il a eu un jour "sans", qui peut aussi arriver.