C'est à Saint-Gall que les premières lignes de la légende "Ivan le Terrible" se sont écrites. Prêté par Bologne qui ne l'estime pas prêt pour la Serie A, Ivan Zamorano débarque à l'Espenmoos durant l'été 1988. Agé de 21 ans, le Chilien est encore un inconnu. Avant de rejoindre l'Europe, il n'a évolué que dans son pays natal, à Cobresal. Mais l'attaquant ne va pas tarder à se faire remarquer...
Après des débuts compliqués, Zamorano explose lors de la saison 1989-1990. L'avant-centre forme alors un duo hors-pair avec son compatriote Hugo Rubio, qui ravit le public del'Espenmoos.
Lors de la 10e journée du championnat, St-Gall affronte Neuchâtel Xamax à la Maladière. Face aux champions en titre, Zamorano s'offre un quadruplé et mène les Brodeurs à la victoire (4-3). Présent dans les rangs xamaxiens, Claude Ryf se rappelle: "Ce n'est pas un très bon souvenir (rires)! Il avait commencé par un hattrick. A chaque ballon de contre-attaque, il nous avait crucifiés!"
Quelques jours plus tard, Zamorano inscrit un triplé contre Young Boys, tandis que son compatriote Rubio réalise un doublé. Un véritable feu d'artifice chilien, comme l'écrivent les médias de l'époque. Véritable poison pour les défenses adverses, Zamorano mérite bien son surnom d'"Ivan le Terrible".
"Pour nous, il était terrible, car il allait dans les duels, renchérit Ryf. Il était agressif par le geste, par le tacle, par la voix. Il y avait souvent des mini-bagarres contre lui. Il se mettait dans le match comme cela. A cette époque, les attaquants devaient se protéger."
Quand on affrontait Zamorano à l'époque, on se disait déjà qu'il allait finir dans un club plus huppé que le FC St-Gall.
Champion d'hiver, St-Gall ne gagne finalement pas le titre cette saison-là. Zamorano, avec ses 23 réalisations, termine toutefois meilleur buteur et marque les esprits."Il était aussi agressif qu'un défenseur en étant attaquant, reprend Ryf. Il était extrêmement rapide. C'était le vrai buteur. Il n'avait qu'une idée en tête, c'était d'être efficace dans les seize mètres." Quant à son jeu aérien, il lui vaut le surnom d'"hélicoptère" car il donne l'impression "de rester une seconde de plus dans les airs que les autres."
Auteur de 37 buts en 61 matches avec les Brodeurs, Zamorano attire les convoitises. En octobre 1990, il signe à Séville, où il continue d'empiler les buts. Deux ans plus tard, il entre dans une nouvelle dimension en rejoignant le Real Madrid. Avec les Merengue, le Chilien décroche un titre de champion d'Espagne et devient meilleur buteur de la Liga en 1995 (27 buts). En quatre saisons, "l'hélicoptère" inscrit 101 buts avec le Real, dont un triplé lors d'un clasico d'anthologie remporté 5-0 contre Barcelone à Santiago Bernabeu.
Zamorano poursuit sa carrière à l'Inter, où il remporte la Coupe de l'UEFA en 1998 aux côtés notamment de Ronaldo. La même année, il mène le Chili en 8es de finale de la Coupe du monde avec son coéquipier Marcelo Salas. Après un détour par le Mexique, il met un point final à sa carrière dans son pays natal en 2003.
Malgré son immense carrière, le Chilien n'oublie pas ce qu'il doit au FC St-Gall. "Je serai toujours reconnaissant envers le FC St-Gall, confiait-il dans une interview au "St-Galler Tagblatt" en janvier 2017. C'était le tremplin pour ma carrière internationale et j'en suis très fier".