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Sécuriser le Tour, un défi de taille

Les coureurs vont rencontrer près de 700 obstacles tout au long du Tour. [Keystone - Jean-Christophe Bott]
Les coureurs vont rencontrer près de 700 obstacles tout au long du parcours. - [Keystone - Jean-Christophe Bott]
Sur le Tour de Romandie, la sécurité est au centre des préoccupations. Toute la semaine, plus de 170 motards, valaisans pour la plupart, sont chargés de sécuriser le parcours. Une tâche indispensable qui est devenue d’année en année un véritable marathon. Explications avec Philippe Rauch, chef de la sécurité.

Des chantiers qui reprennent la même semaine que le Tour, des îlots, carrefours, giratoires et passages à niveau qui prolifèrent à tout va et des routes suisses qui ne peuvent être fermées: chaque année, sécuriser le Tour relève de l’exploit. «Les dangers poussent plus vite que la mauvais herbe», image Philippe Rauch, chef de la sécurité. Travailleur de l’ombre, ce passionné s’occupe de cette problématique depuis plus de 10 ans. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne compte pas ses heures. «Pour l’édition 2015, on a commencé à la préparer il y a une année. Cela représente près de 7000 kilomètres parcourus. En ce moment, on planche déjà sur l’édition 2016.»

Photos et vidéos

Pour préparer le parcours avec précision, Philippe Rauch s’est équipé d’une caméra go-pro et d’un compteur kilométrique sur le tableau de bord de sa voiture. Avec son collègue Bernard Bärtschi, directeur technique, ils suivent le parcours de chaque étape et le filment pour ne rien rater. «Je visionne chacune des étapes puis je fais des captures d’écran de chaque obstacle. Cela en représente près de 700 à sécuriser.»

Et parfois, malgré tout le travail réalisé en amont, il arrive que des mauvaises surprises surviennent à quelques jours du départ. «En faisant la reconnaissance à Botterens, on a découvert neuf îlots sur 1 kilomètre! Comme il fait beau, les chantiers reprennent et on n’est pas toujours mis au courant de certains aménagements. On doit composer avec les changements de dernière minute.»

Lors de Paris-Roubaix, des coureurs ont ignoré les signaux. [EQ Images - Sirotti]

Parmi les obstacles, les passages à niveau sont le cauchemar des cyclistes. Certains n’hésitent pas, comme ce fut le cas le 12 avril dernier lors de Paris-Roubaix, à passer outre le signal. Une chose impensable pour le Valaisan. «Ils ont pris des risques inconsidérés. Sur le Tour de Romandie, un commissaire, un motard et un employé des trains seront à hauteur des passages à niveau afin de stopper les éventuels coureurs qui essaieraient de passer. Entre l’étape d’Apples et St-Imier, nous avions passablement de passages. Mais ils intervenaient dans les 50 premiers kilomètres. Assez tôt pour ne pas avoir d’incidence sur la course.»

Routes bloquées mais ouvertes!

Autre contrainte auquel doivent faire face les organisateurs, les routes suisses ne peuvent être fermées. «Au Tour de Romandie, on peut bloquer la course dix à douze minutes alors que le Tour de France a six heures. Pourtant, lorsque la Grande Boucle est passée en Suisse, les routes ont été fermées des heures. Mais comme on dit: nul n’est prophète en son pays.»

Côté finances, la sécurité coûte près de 500’000 francs pour l’ensemble de la course. Une somme certes considérable mais justifiée. «On ne peut pas économiser sur la sécurité. Nous avons plus de 170 motards bénévoles qui sécurisent le parcours. S’ils ne sont pas là, le Tour ne peut pas avoir lieu. Ou alors, il faudrait privatiser la course mais cela coûterait beaucoup plus cher», conclut le Sierrois de 68 ans.

Par Floriane Galaud - twitter: @FlorianeGalaud

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L’avis de Richard Chassot

«On est constamment en train de réfléchir à la manière d’améliorer la sécurité car c’est un défi qui augmente chaque année. On a tout un système de protection des obstacles avec notre partenaire Isover. On fait fabriquer des balles en laine de verre tout spécialement pour protéger les obstacles. Par jour, les bénévoles vont nous sécuriser 600 à 700 postes. C’est un gros travail et une grande préparation. » Pendant la course, les organisateurs doivent également gérer l’humeur des personnes motorisées. «Les automobilistes sont toujours plus impatients. Il y a ceux qui le prennent bien, qui sortent voir les coureurs et qui sont tout contents et il y a ceux qui deviennent fous (rires)».