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"Travailler à l’hôpital tous les jours m’a boostée"

Elise Chabbey espère bientôt reprendre la compétition. [Elise Chabbey]
Elise Chabbey espère bientôt reprendre la compétition. - [Elise Chabbey]
L’année 2020 aurait dû rimer avec JO pour Elise Chabbey. Son diplôme de médecin en poche, la Genevoise de 27 ans avait mis toutes les chances de son côté en prenant une année sabbatique pour se consacrer au cyclisme. Mais la pandémie de Covid-19 a bouleversé ses plans. En mars, la jeune femme a troqué son maillot de cycliste pour la blouse de médecin. RTSsport s’est entretenu par visioconférence avec Elise Chabbey.
Elise Chabbey, du vélo à l'hosto
Cyclisme: Elise Chabbey, du vélo à l'hosto / RTS Sport / 4 min. / le 13 mai 2020

Elise Chabbey devait retrouver en mars les routes toscanes pour y disputer les Strade Bianche. Mais en chemin, elle apprend l'annulation de l'épreuve. C'est la douche froide. "On a appris l’annulation deux jours avant la course. Au début, j’étais très triste, on ne comprenait pas ce qu’il se passait. Le fait que la saison s’arrête avant même qu’elle ne commence, c'était frustrant".

J'ai hésité car j'avais un peu peur de perdre ma condition physique

Elise Chabbey

De retour à Genève, Elise Chabbey reçoit un appel de son prof de masters. La situation aux urgences est tendue, il lui propose alors de rejoindre les rangs des HUG. "Au début, j’ai un peu hésité car j’avais un peu peur de perdre ma condition physique, avoue-t-elle. J’avais travaillé dur pour arriver à ce niveau. Je m’étais entraînée dur tout l’hiver, j’avais pris une diététicienne. J’étais en forme et je voulais vraiment essayer de faire cette saison avec de belles courses et de bons résultats. Mais après réflexion, je me suis rendue compte que ne rien faire ne me convenait pas. C'est dur de s’entraîner sans objectif et je me suis dit  que ça allait me faire du bien de me remettre dans le bain et d’aller travailler un peu".

Si Elise décide d’enfiler la blouse blanche pour aider les autres, elle ne délaisse pas pour autant l'activité physique. "Pendant mes journées de travail, étant donné mes horaires, j’allais courir. Et pendant mes deux jours de congé, j’en profitais pour faire des longues sorties. Travailler à l’hôpital tous les jours m’a boostée bien plus que si j’avais dû m’entraîner chez moi sur mon home trainer. La motivation est toujours là car on reste des compétiteurs et on ne perd pas cet esprit là."

Une compétition sans spectateur, c’est triste, je ne sais pas si ça en vaut la peine

Elise Chabbey

En revanche, pas toujours facile de rester compétitive lorsque l'on s'entraîne seule. "Heureusement, en vélo, on a un capteur de puissance avec des valeurs assez objectives. J’ai remarqué que j’ai perdu quelques watts mais c’est clairement récupérable j’ai deux mois devant moi. J’ai aussi pris un peu de poids car on fait le boulot un peu moins sérieusement mais si on s’y remet sérieusement, ça va revenir vite."

Il y a 10 jours, l’UCI a sorti un nouveau calendrier avec une reprise des courses prévues en août. Pour l'heure, les Mondiaux à Aigle-Matigny sont maintenus. "J’espère qu’ils auront lieu car je m’entraîne pour ça et cela reste mon objectif. Et si cela n’a pas lieu, j’espère que je le saurai au dernier moment pour ne pas perdre la motivation. J’imagine mal comment les organisateurs vont faire pour accueillir les cyclistes du monde entier. Mais une compétition sans spectateur, c’est triste. Je ne sais pas si ça en vaut la peine. J’ai envie d’y aller pour être chez moi, devant la famille et les amis."

Floriane Galaud - @FlorianeGalaud

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Le cyclisme féminin repart de zéro

La crise du Covid-19 touche les sportifs mais également les sponsors. Conséquence, certaines équipes se retrouvent avec moins d'argent. C'est le cas pour Bigla-Katusha, équipe d'Elise Chabbey. "Deux de nos sponsors principaux se sont retirés le mois dernier donc c’était très difficile, notamment pour payer le salaire de toutes les filles. Pour moi, ça va, j’ai un travail à coté mais mes coéquipières ne font que ça. On a écrit une lettre aux sponsors et à l’UCI, j’espère que cela aura un impact. Je pense que les filles ont besoin de cet argent. Ces dernières années, il y a eu beaucoup de progrès dans le cyclisme féminin et dans le sport féminin en général. Mais j’ai l’impression que la crise nous fait repartir à zéro et que l'on passe à la poubelle. Certaines équipes ont versé le salaire pour les hommes mais pas pour les femmes. Ce n’est pas mérité. Cela n’incite pas les femmes à faire du sport et à devenir professionnelles."