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Meuwly: "Les filles voudront une revanche"

Laurent Meuwly ne sait pas encore de quoi son avenir sera fait. [Jean-Christophe Bott]
Laurent Meuwly ne sait pas de quoi son avenir sera fait. - [Jean-Christophe Bott]
Peuvent-elles déjà rebondir? Onze jours après leur cruelle désillusion des Championnats d'Europe, les relayeuses suisses du 4 x 100 retrouveront le Letzigrund jeudi pour le Weltklasse. Les blessures sont loin d'être cicatrisées, et l'avenir du projet s'accompagne de points d'interrogation, comme le confie l'entraîneur Laurent Meuwly.

SPORTINFORMATION: La déconvenue (élimination en finale après que Mujinga Kambundji a perdu le témoin au départ) est-elle plus ou moins digérée?

LAURENT MEUWLY: On n'oublie pas du jour au lendemain. Cela reste ma plus grande désillusion en tant que coach. Le déroulement de cette finale a montré que nous avions le niveau pour la médaille. Je n'arrête pas de me demander ce que nous aurions pu faire autrement. Je ne peux pas être responsable de tout. Il reste plein de questions ouvertes. Cette perte de bâton était-elle due à la fatigue, à la pression, à la malchance? Cela me paraît un peu réducteur de penser qu'elle n'a tenu qu'à la malchance.

Mujinga Kambudji a-t-elle digéré sa déconvenue? [EQ Images - Melanie Duchene]
Mujinga Kambudji a-t-elle digéré sa déconvenue? [EQ Images - Melanie Duchene]

SPORTINFORMATION: Vous pensez que Mujinga Kambundji avait subi une pression supplémentaire, peut-être "fatale", en raison de toutes ses courses de la semaine (trois tours à chaque fois sur 100 et 200 m)?

LAURENT MEUWLY: Elle était très motivée. Elle voulait prouver à toute l'équipe qu'elle était capable de la mettre sur orbite malgré ses courses précédentes. Peut-être a-t-elle voulu trop bien faire. Il y avait certainement un peu de fatigue, de l'émotion après toutes ses sollicitations de la semaine. Ou alors... rien de tout ça, et il s'est peut-être juste agi d'un bâton qui heurte la cuisse et s'échappe. Il subsistera toujours un doute, on n'aura jamais la réponse.

SPORTINFORMATION: L'équipe peut-elle se remobiliser pour le Weltklasse?

LAURENT MEUWLY: Les filles auront à coeur de montrer ce qu'elles valent, qu'elles peuvent battre le record de Suisse (42''94). Elles voudront une revanche sur le sort même si fondamentalement, ça ne va rien changer. Pour elles, ce sera peut-être plus facile que pour moi de prendre une revanche.

SPORTINFORMATION: Quelque chose est-il cassé chez les relayeuses, chez vous-même?

LAURENT MEUWLY: J'ai l'impression qu'elles veulent continuer. Mais la motivation et la dynamique seront-elles les mêmes? Pour l'instant, chacun doit faire le deuil, et le Weltklasse arrive un peu tôt, du moins pour moi.

Les quatre filles veulent prendre leur revanche à Zurich. [Pascal Muller]
Les quatre filles veulent prendre leur revanche à Zurich. [Pascal Muller]

SPORTINFORMATION: Continuerez-vous comme responsable du relais?

LAURENT MEUWLY: Il faudra s'asseoir autour d'une table avec la fédération. A priori, les partenaires du projet (Athletissima et le Weltklasse notamment) ainsi que Swiss Athletics ont envie de poursuivre jusqu'aux Jeux 2016 à Rio. En ce qui me concerne, j'aimerais certaines garanties de la fédération. Je n'accepterai plus de travailler comme lors des derniers mois. Il faut que la priorité soit clairement accordée au relais, noir sur blanc, dans les concepts de sélection, à moins que les perspectives individuelles des athlètes apparaissent plus favorables. Là, parce que ces Championnats d'Europe se déroulaient à domicile, j'ai eu l'impression que d'autres enjeux et intérêts s'en sont mêlés. On a perdu la concentration sur l'objectif. Il faut savoir quelles clés on veut donner à l'entraîneur.

SPORTINFORMATION: Vous avez évoqué la fin d'un cycle...

LAURENT MEUWLY: Oui, à la fois pour certaines athlètes et pour l'ensemble du projet. Pour une sprinteuse comme Marisa (Lavanchy), tout est clair, le relais constitue sa grande chance. Pour d'autres, ça l'est moins. Lea (Sprunger) reste plus motivée que jamais mais songe aussi à se réorienter vers le 400 m haies. Avec Ellen (Sprunger), j'ai dû beaucoup m'organiser à cause de son heptathlon. L'année prochaine se profilent les Mondiaux (à Pékin), puis les JO en 2016. Trois des filles devront progresser si l'on veut viser la finale. Il reste beaucoup de chemin à faire.

si/fg

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