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La Suisse, terre d'asile pour les personnes persécutées. Mais pour combien de temps encore? Les mesures urgentes, adoptées par le Parlement, prennent le passé à contre-pied. En 1956, 14'000 Hongrois fuyant la répression communiste sont accueillis en Suisse. Douze ans plus tard, ce sont 11’000 Tchécoslovaques. Il y a eu ensuite les Vietnamiens, les Tamouls, les Chiliens. A chaque fois, la Suisse faisait preuve d'humanité et marquait son indépendance à l’égard de pays qui piétinaient les droits humains. Aujourd'hui, les victimes des régimes autoritaires viennent aussi d'Afrique. De l’Erythrée notamment, pays qui torture ses objecteurs de conscience. En biffant la désertion comme motif d'asile, gouvernement et Parlement veulent en fait réduire le nombre de réfugiés érythréens en Suisse. Comme s'ils n'étaient pas dignes d’être protégés. Et en supprimant les demandes d'asile dans ses ambassades, la Suisse ferme ses portes aux plus vulnérables. Cette possibilité a pourtant permis de sauver plus de 2500 victimes de persécution depuis 1980. Une réforme injuste, car elle pénalise des personnes incapables de faire le voyage de la Suisse, au détriment de celles qui auront franchi illégalement les frontières. Souvent au péril de leur vie. Chaque année, plusieurs centaines de migrants disparaissent en mer, sur le chemin de l'Europe. Loin de raccourcir les procédures, cette nouvelle révision de la loi sur l'asile porte atteinte à des principes fondamentaux. Elle détériore l'image d'une Suisse protectrice et porte un coup à sa tradition humanitaire. Stéphane Deleury
Asile: la fin de la tradition humanitaire