"Petite pluie abat grand vent" : le vrai et le faux

L’expression « petite pluie abat grand vent » est assez ancienne. On la trouve par exemple avec d’autres locutions proverbiales dans un ouvrage de Jean de la Véprie, prieur à Clairvaux en 1495. Le Cardinal de Retz (1613-1679) y fait également allusion dans ses mémoires. On peut la considérer comme une métaphore.

L'affirmation est scientifiquement correcte dans les situations où l’arrivée des précipitations s’accompagne d’une baisse des températures, le phénomène jouant un rôle « stabilisateur » dans les basses couches de l’atmosphère.

Exemple parmi d'autres (ci-dessus), le vent moyen passe de 25 km/h à 5 km/h à Changins (VD) alors que la répartition des pressions au sol ne subit pas de modification particulière, pendant l’épisode pluvieux qui dure du 14 au 15 avril 2012.

Sitôt les pluies terminées, le vent reprend de la vigueur. Il atteint son maximum d’intensité le 16, bénéficiant d’un gradient de pressions plus serré au sol mais également d’un meilleur ensoleillement.

Autres facteurs météorologiques prépondérants

En y regardant cependant de plus près, d’autres facteurs peuvent influencer le vent, comme la répartition des pressions au sol, les variations de températures ou l’instabilité. Malgré la pluie ce dernier a par exemple tendance à se renforcer dans les situations orageuses ou au passage d’un grain. De ce point de vue l'adage « petite pluie abat grand » est une appréciation erronée !

En réalité, ce n'est pas la pluie qui "arrête" le vent mais plutôt le contraire, ce dernier favorisant l'évaporation. Grâce à l’agitation due au vent, les gouttes de pluie on en effet tendance à revenir à l’état de vapeur avant de toucher le sol. Si l'on reçoit de la petite pluie cela signifie donc souvent – mais pas toujours - que le vent fort est tombé.

On précisera enfin que l’adage est essentiellement valable pour les régions de plaine: il ne s’applique pas aux régions de montagne, le vent d’altitude étant moins sensible aux phénomènes évoqués plus haut

Philippe Jeanneret avec le concours d’André-Charles Letestu et de Dean Gill de Météosuisse