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Chaud devant, froid derrière ?

Evolution des températures en altitude et précipitations prévues par le modèle américain GFS entre le 4 et le 19 janvier 2022 (Prévisions probabiliste). [GFS/Météociel - Danièle Bétrisey]
Evolution des températures en altitude et précipitations prévues par le modèle américain GFS entre le 4 et le 19 janvier 2022 (Prévision probabiliste). - [GFS/Météociel - Danièle Bétrisey]
La douceur des premiers jours de l’an devrait laisser place à un temps nettement plus froid cette semaine. Mercredi, la neige pourra même revenir jusqu’à basse altitude. Il ne s'agira cependant pas d'une vague d’air froid, au sens strict du mot. Voici pourquoi.

La présence des hautes pressions associée à un courant de Sud-ouest a permis aux températures d’atteindre des niveaux particulièrement élevés le premier janvier. Plusieurs records ont été battus en altitude, comme à Poschiavo (TI) avec 19.2°C, ou encore au Moléson (FR) et à Évolène (VS), avec respectivement 12.3°C et 12.8°C.

En y regardant cependant de plus près, ces événements se sont produits à l’avant d’une zone dépressionnaire centrée sur l’Atlantique Nord (voir cidessous). Or, cette dernière est en train de déplacer sur le Centre et l’Est de l’Europe, ce qui va nous amener de l’air plus humide ces prochains jours.

Répartition des pressions et températures à 850 hPa (1500 m) le 1er janvier 2022 [Archives GFS/Meteociel - Danièle Bétrisey]
Répartition des pressions et températures à 850 hPa (1500 m) le 1er janvier 2022 [Archives GFS/Meteociel - Danièle Bétrisey]

Une dorsale de hautes pressions va également se former entre mardi et mercredi sur les îles britanniques, ce qui va faire pivoter les courants au Nord et entraîner de l’air polaire vers les Alpes. Les dernières sorties de modèles montrent entre 10 et 15 cm de neige fraîche au-dessus de 1200 pendant la nuit de mardi à mercredi, ce seront les prémisses des changements à venir.

Baisse des températures dès mercredi et persistance d’un temps assez changeant.

Les thermomètres pourront encore afficher 8°C ou 9°C vers 1500 m pendant la journée de mardi mais avec l’arrivée d’air de plus en plus froid, les températures devraient chuter d’une quinzaine de degrés en l’espace de 24 heures. Les quantités de précipitations seront généralement faibles mercredi mais il ne fera plus que -6°C ou -7°C à 1500 m.  La neige va probablement refaire son apparition en plaine...

Evolution des températures à 850 hPa (1500 m) prévue par le modèle GFS entre le 4 et le 6 janvier 2022 [GFS/Meteociel - Danièle Bétrisey]
Evolution des températures à 850 hPa (1500 m) prévue par le modèle GFS entre le 4 et le 6 janvier 2022 [GFS/Meteociel - Danièle Bétrisey]

Par la suite, ces mêmes températures devraient connaître des hauts et des bas, oscillant entre 0°C et -6°C à 1500 m. D’autres vagues de précipitations devraient également passer sur la Suisse, ce qui laisse présager de nouveaux épisodes de neige à basse altitude. D’après les dernières sorties de modèles, les quantités de précipitations devraient rester faibles à modérées.

De leur côté, les hautes pressions pourront faire quelques intrusions sur la Suisse, par exemple jeudi, mais ces mêmes sorties ne montrent rien de durable. Le scénario d’un temps d’Ouest assez changeant et frais semble l’emporter. Ce qui serait assez conforme à la normale pour un mois de janvier.

De la neige en plaine mais de signal de grands froids

Les températures vont accuser une nette baisse cette semaine. La prévision probabiliste du modèle européen montre par exemple une fourchette entre -3°C et +3°C pour la ville de Neuchâtel entre le 5 et le 9 janvier. Mais, à moins de se trouver sur un vallon jurassien après une nuit claire et sans vent, les scénarios de grands froids (avec des températures ne dépassant par le 0°C dans la journée) n’ont pas de grandes chances de se réaliser.

Prévision probabiliste du modèle européen (ECMWF) du 3 au 13 janvier 2022 pour Neuchâtel [ECMWF - Danièle Bétrisey]
Prévision probabiliste du modèle européen (ECMWF) du 3 au 13 janvier 2022 pour Neuchâtel [ECMWF - Danièle Bétrisey]

Les situations de grands froids se produisent généralement lorsqu’un anticyclone centre sur la Scandinavie ou sur la Russie permet à de l’air sibérien de se diriger vers les Alpes, dans un courant d’Est à Nord-est. Il faut également que la circulation des courants en altitude soit favorable au phénomène, notamment au-dessus du pôle, au niveau de la stratosphère.

Le scénario s’est par exemple produit en février 2012. Dans certaines localités de Suisse, les températures moyennes journalières sont restées comprises entre -9 et -10 degrés du 1er au 14 février. Il a même fait -35°C à Samedan (GR), ce qui a constitué un record pour le mois.

Températures à 850 hPa (1500m) le 7 février 2012. [Archives/Wetterzentrale - Danièle Bétrisey]
Températures à 850 hPa (1500m) le 7 février 2012. [Archives/Wetterzentrale - Danièle Bétrisey]

On devrait cependant être du compte ces deux prochaines semaines : les modèles montrent par moments des rotations des courants au Nord, synonymes de descente d’air polaire mais pas de vagues d’air froid associée à un signal de hautes pressions sur la Russie ou sur la Scandinavie.

Pour la fin du mois en revanche, les paris sont ouverts !

Philippe Jeanneret avec le concours de Lionel Fontannaz de Météosuisse

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